Loyer du Vélodrome : la victoire en trompe-l’œil de la mairie de Marseille
Benoît Payan défendra vendredi en conseil municipal le résultat de ses négociations avec l'OM. Mais la promesse d'atteindre neuf millions d'euros annuels grâce à un bonus Ligue des champions paraît illusoire. Reste une hausse, certaine, mais limitée lorsque l'on gratte le vernis.
Le stade Vélodrome en 2017. (Photo : Nicolas Georges)
“Quand on veut, on peut !” La semaine dernière, le maire de Marseille se félicitait des négociations “réussies” sur le loyer versé par l’OM pour jouer au Vélodrome cette saison. Comme Benoît Payan le rappelle à La Provence, qui a eu la primeur de l’annonce, faire payer le juste prix au club était “un de [ses] premiers combats dans l’opposition”. Une fois encaissé le loyer, environ 10 millions d’euros par an restent à la charge de la Ville pour rembourser la rénovation du stade et son entretien. Soumise au conseil municipal ce vendredi, la nouvelle convention prévoit un montant de base de 6,5 millions d’euros annuels.
Par rapport au précédent bail, conclu en 2017, l’augmentation est substantielle : 1,5 million d’euros, soit +30 %. Avec cette nouvelle version, la majorité municipale sécurise ainsi un nouveau jalon dans la remise à niveau progressive du loyer, qui n’était encore que de trois millions d’euros en 2015. Cet accord est conclu pour une seule saison : suivront de nouvelles négociations qui devraient couvrir trois à cinq saisons sportives.
Entre inflation et ristourne, la hausse fond
Cette hausse apparente doit toutefois être relativisée par l’indexation automatique sur l’inflation observée au cours des cinq dernières années : pour la saison précédente, le loyer était en réalité de 5,2 millions d’euros. Selon nos calculs, si les conditions avaient été reconduites à l’identique, l’OM aurait dû payer 5,5 millions pour 2022/2023.
La Ville va financer des travaux à hauteur d’un million d’euros, soit exactement la hausse du loyer obtenue grâce aux négociations.
Le supplément arraché à l’OM est donc en réalité d’un million d’euros. Et un autre élément négocié dans la convention, que Marsactu a pu consulter, l’amène potentiellement à zéro. Il est prévu que “l’Olympique de Marseille s’engage à réaliser des travaux de mise en sécurité du parcage visiteur visant à se conformer aux obligations réglementaires et sportives en la matière, notamment au regard de l’organisation des rencontres européennes”. Ces travaux, qui amélioreront le patrimoine de la Ville, seront intégralement pris en charge par cette dernière, dans une limite d’un million d’euros.
L’espoir d’un bonus pour atteindre le but
Mais la faiblesse principale dans ce tour victorieux du stade entamé par Benoît Payan, avec à sa suite son adjoint aux finances Joël Canicave, est ailleurs. À plusieurs reprises depuis 2013, la chambre régionale des comptes a estimé que le loyer devrait être fixé à un minimum de huit millions d’euros. Autrement dit, le compte n’y est toujours pas. Le maire de Marseille le sait bien, lui qui, alors dans l’opposition, prévenait sans gants le propriétaire du club Frank McCourt : “Tu vas payer le loyer que tu dois payer, c’est-à-dire les huit millions et pas les quatre payés jusqu’à présent.”
Pour combler l’écart restant, la majorité municipale mise sur la part variable, qui dépend des recettes engrangées par le club à l’occasion des matches. Part fixe et part variable, “ces deux composantes pourraient globalement atteindre jusqu’à neuf millions d’euros”, assure la délibération soumise vendredi aux élus. Comment ? Le court document ne le dit pas. Pas plus qu’il ne détaille comment le tout nouveau mode d’emploi de l’État pour déterminer le montant d’un loyer a été appliqué. Interrogé ce mardi lors de la présentation de l’ordre du jour de la séance, Joël Canicave assure que cette clause variable était auparavant “assez mal négociée. Pour la déclencher, il fallait vraiment faire un stade comble toute l’année. Nous l’avons donc renégociée et cette année, on est quasi certains qu’elle sera activée, à une hauteur de trois millions d’euros.”
Un palmarès vide
Vérification faite, cette partie du projet de convention est pourtant en tout point identique à celle de 2017. Le montant global de neuf millions d’euros y est même explicitement fixé comme un plafond. Relancé par téléphone sur cette contradiction avec sa réponse, l’adjoint aux finances n’a pas répondu à nos sollicitations.
En cinq ans, le seuil nécessaire pour activer le bonus n’a jamais été atteint, même lors de la finale de la Ligue Europa.
La question du réalisme de l’estimation reste donc intacte. En cinq ans, le seuil nécessaire à l’application du bonus (40 millions d’euros de chiffre d’affaires billetterie, loges et panneaux publicitaires), n’a jamais été atteint. L’élément principal qui permet cette fois-ci d’espérer un bonus est la participation de l’OM à la Ligue des champions. C’est la première fois que le club jouera cette compétition au Vélodrome dans un stade agrandi, rénové, et non amputé par les restrictions liées à la crise sanitaire. Les recettes, tant en billetterie qu’en publicités affichées sur les panneaux au bord du terrain, s’annoncent ainsi boostées.
Suffisamment pour atteindre le montant brigué par la Ville ? À l’heure où nous écrivons ces lignes, cela paraît aussi probable qu’une qualification pour les huitièmes de finale, après deux défaites en deux matches de poule. Selon le mode de calcul de la part variable, l’OM doit réaliser 80 millions de chiffres d’affaires pour devoir 2,5 millions d’euros de bonus à la Ville.
Si l’on en croit les estimations transmises par l’OM à la Ville lors de la convention précédente, ce n’est pas impossible. Le chiffre d’affaires d’une saison avec participation à la Ligue des champions était évalué entre 60 et 90 millions d’euros. Mais ces montants ne paraissent pas très sérieux, vu l’historique des dernières saisons. Selon cette même estimation du club, une participation à la Ligue Europa devait en effet amener 45 à 60 millions d’euros de recettes. La Ville aurait donc touché donc entre 125 000 et 750 000 euros de bonus. Las, en 2017/2018, même l’arrivée en finale de la Ligue Europa, assortie d’une quatrième place en championnat de France, d’un quart de finale de coupe de France et d’un huitième de finale de coupe de la Ligue, n’a pas permis d’atteindre le plancher de 40 millions d’euros…
Un conflit à plusieurs millions sur la période Covid
Sollicité pour connaître les chiffres d’affaires déclarés à la Ville lors des dernières saisons, l’OM n’a pas donné suite. Le club ne publiant plus ses comptes depuis plusieurs années, la seule source d’informations est donc le bilan annuel de la Ligue de football professionnel. Selon ces documents, l’OM a engrangé, hors droits de diffusion, entre 55 et 70 millions d’euros par saison entre 2017 et 2021. Mais ce total comprend des recettes non liées au stade Vélodrome (vente de maillots, sponsoring global…) qui ne sont pas prises en compte dans le calcul de la part variable du loyer.
Le club reste aussi muet sur le contentieux qu’il a initié au sujet des loyers des deux saisons amputées par la crise du Covid-19 (annulations de matches ou nombre de spectateurs limité, voire nul). “Nous sommes au tribunal administratif”, nous a simplement indiqué Joël Canicave. En début d’année, une médiation était pourtant annoncée pour transiger sur ce conflit à plusieurs millions d’euros, suspendant le recours de l’OM. Alors que la nouvelle convention est présentée comme un signe d’apaisement des relations Ville-OM, le jugement du tribunal pourrait tendre les relations, quel que soit son sens.
Commentaires
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Est ce qu’il est tenu compte du clos total annoncé par la fifa pour le match contre le sporting du portugal suite aux incidents contre Eintract francfort ? Le huit clos partiel pour le match contre Totenham bref un sacré manque à gagner dans les prochains jours
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Plus facile d’être dans l’opposition et de crier au loup que d’être aux manettes. C’est vieux comme le monde, Rubirola s’en doutait en prenant le large, Payan fait ce qu’il peut mais c’est dur, il rame : le boulet du stade, le boulet de FO … plus quelques autres !!
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Cette affaire est mal engagée depuis le début quand la Ville n’a pas associé l’OM au financement du stade, ni pris la peine de négocier le loyer avant l’entrée de son locataire. Nous sommes dans la main de l’OM, d’ailleurs seul locataire possible, ce qui n’aide pas à la négociation. Aujourd’hui gestionnaire du stade en lieu et place d’Arema, l’entretien et les mises à jour incombent entièrement à l’Om, d’où le tout de passe passe à 1 million qui permet à l’Om de ne rien débourser et à la Ville de crier victoire. Mais Marsactu n’est pas dupe… et plutôt sympa de ne pas rappeler que le Printemps Marseillais promettait de vendre le stade pour qu’il ne pèse plus sur les finances de la ville. Autre promesse non tenue et impossible à tenir…
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J’avoue que parmi les coups de génie des super gestionnaires qu’étaient Gaudin et son gang, il y a celui-là : “oublier” de négocier le loyer avec le seul locataire possible *avant* de boucler le financement de la reconstruction du stade (deux fois en quinze ans !). Une petite opération à quelques centaines de millions d’euros seulement. Mais il est vrai que l’argent du contribuable est gratuit et facile à récolter. Et on va traîner ce boulet encore pendant un paquet d’années.
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On est tous d’accord que le clan Gaudin n’a rien oublié du tout, et que c’était purement un cadeau aux copains et affidés du business, de l’OM et du BTP, n’est-ce pas ?
Le clan Gaudin-Vassal a vendu cette ville à la découpe.
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Très clairement, depuis avant même l’audit de la chambre régionale des comptes en 2013, chaque année c’est au moins 1 à 3 millions d’euros qui manquent dans le reversement de l’OM à la mairie pour l’utilisation du stade et de ces 62 000 places payantes.
Sur la période 1990 – 2020, selon les diverses estimations, selon les experts-comptables, notre municipalité aurait été flouée de 16 à 93 millions d’euros !!!
Quand on sait aussi que, parallèlement, chaque année, c’est ce sont des dizaines de millions d’euros que le budget de l’OM consacre à l’achat de nouveaux footballeurs professionnels (parfois 30 millions pour un seul !!! parfois d’ailleurs étrangement surcoté !!! ), on commence déjà à comprendre où se dilapide l’argent qui devrait revenir aux finances municipales.
On peut le déplorer d’autant plus quand on connaît l’opacité de certains de ces transferts/achats de joueurs avec d’incroyables commissions occultes aux imprésarios de ces joueurs (au minimum, des centaines de milliers d’euros à chaque transfert) ainsi qu’aux proches (dont gardes du corps) de ces joueurs (des centaines d’autres milliers d’euros ) venant d’être achetés par l’OM.
Cette opacité perdure depuis des dizaines d’années.
Enfin,
le contrat de partenariat public-privé (PPP) pour reconstruire le stade avant l’Euro 2016 ne stipulait-il pas que le prestataire privé Arema (filiale de Bouygues Construction) s’engagerait à entretenir l’enceinte et à la maintenir aux normes jusqu’en 2045 ? Cela parce que la ville de Marseille lui verse 16 millions d’euros par an (contrat signé par J-C Gaudin en 2010 ) !!!
Donc, le million d’euros de travaux pour le parcage visiteur devrait être payé par Arema et non pas par la municipalité (véritable “vache à lait” de ces mic-macs financiers)
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bref, non seulement ils sont quasiment nuls et en plus ils nous coutent un bras
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Je me pose toujours,sans doute à mauvais titre dans ce genre d’opérations ,la question des rétro commissions.
Un fantasme ?,une possibilité, une réalité ?
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Au moins ça donnerait un sens à tout ça, autre que celui de la nullité crasse.
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Pourquoi ne pas privatiser ce machin qui ne rapporte rien ou presque à la ville ,mais coûte un pognon de dingue aux contribuables marseillais ? On dit souvent qu’on nationalise les pertes…Or dans le cas de ce stade on municipalise les pertes. En outre pourquoi la Métropole, le département et la région ne sont-ils pas invités à cracher au bassinet ? Il suffit d’observer les jours de match le trafic sur l’autoroute du Nord et celui vers Aubagne pour constater qu’un nombre considérable des amateurs de foot, habite hors de Marseille
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La piscine de Venelles est un équipement métropolitain, mais pas le stade Vélodrome. Cherchez l’erreur.
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oui pourquoi, le département et la métropole avaient pourtant subventionné le circuit du castellet dans le VAR !? et les fameuses “retombées économiques” ?
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Plus le temps passe, et plus le printemps ressemble furieusement à l’hiver auquel il prétendait succéder, avec enfumage et copinage …
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