Les sanctions pleuvent sur les communes mauvaises élèves du logement social
Le préfet prévoit de sanctionner 40 communes des Bouches-du-Rhône pour leurs efforts insuffisants. Ce nombre record s'accompagne d'un durcissement des mesures, entre pénalités financières et reprise en main de l'urbanisme. En attendant le démarrage annoncé d'une politique de l'habitat métropolitaine.
Le village de Peypin. (Photo : BG)
Le décrochage s’accélère. Dans la pire région de France pour la mixité sociale, les multiples crises que connaît le secteur du logement ces dernières années aboutissent à un bilan famélique. Selon la compilation de la Fondation Abbé-Pierre, publiée jeudi, la production de logements sociaux y atteint tout juste 26 % de l’objectif entre 2020 et 2022, contre 63 % lors des années précédentes. Une chute amplifiée par rapport à la moyenne nationale, où le rythme, auparavant dans les clous, plafonne désormais à 67 %.
Conséquence de cette photographie rituelle : comme l’a récapitulé TPBM, le préfet de région va proposer, ce vendredi, un nombre record de sanctions contre les communes déficitaires, 40 dans les Bouches-du-Rhône. Si l’engagement de cette procédure dite de carence, un temps envisagé contre Marseille, a fait l’effet d’une déflagration au printemps, la conclusion après débats lui est favorable. La ville échappe donc à cette procédure.
D’ailleurs, parmi les grandes villes, seule Montpellier a atteint ses objectifs, et il faut une mauvaise volonté patentée, comme à Nice ou Toulon, pour qu’un mauvais bilan se transforme en sanction. Avec suffisamment de logements sociaux produits, à défaut d’avoir respecté la part dévolue aux plus modestes, Aix bénéficie aussi de mansuétude.
Des pénalités alourdies
Selon le projet préfectoral, soumis au comité régional de l’habitat et que Marsactu a pu consulter, le paysage de sanctionnés se rapproche donc de l’habituelle couronne péri-urbaine. Pour beaucoup de communes, abonnées à ces procédures, l’enjeu n’est d’ailleurs plus tellement d’en sortir que de connaître le montant des pénalités qui leur sont appliquées. Sanctionnée lors des cinq derniers bilans, c’est-à-dire depuis le début, Mimet va ainsi voir la ponction de base quintuplée après n’avoir réalisé aucun logement social en trois ans. Maire emblématique du combat contre ce dispositif, Georges Cristiani devait déjà délester son budget d’une sanction triplée, soit plus de 200 000 euros. Peypin, Saint-Mitre-les-Remparts ou encore Gémenos subissent le même durcissement. Pour les autres, le doublement des pénalités devient quasi généralisé. Les sommes récoltées seront ainsi fléchées vers les aides au logement social.
Malgré ces marques de sévérité vis-à-vis du retard accumulé et de l’absence de gages fournis, le préfet a cependant écarté quelques recommandations de fermeté. Consultée pour avis, la commission nationale compétente suggérait ainsi de sanctionner plus lourdement plusieurs communes (Eyguières, Fuveau, Gignac, Barbentane notamment). Elle s’opposait aussi à la repêche de Venelles, Trets, Saint-Chamas, Simiane, ou Mallemort, non carencées. L’avis a toutefois pesé pour Lambesc et Eyragues, dont l’objectif n’avait été atteint qu’à environ 20 %.
Reprise en main préfectorale et bonnes intentions
Au-delà du volet financier, ces constats de carence donnent lieu à une reprise en main des prérogatives des élus. Le préfet dispose systématiquement d’un droit de préemption pour veiller sur les ventes immobilières et une règle stricte est imposée sur les programmes neufs : à partir de 12 logements ou 800 mètres carrés, il faudra réserver au moins 30 % au logement social. Ce plancher est ainsi plus exigeant que celui (30 logements) demandé par la majorité municipale marseillaise pendant plusieurs années et finalement obtenu de la part de la métropole. Dans nombre de communes, une phase plus amiable va succéder au coup de bâton, avec la négociation de contrats de mixité sociale, susceptibles de peser dans le prochain examen.
D’ici là, dans une concordance opportune des dates, le comité régional de l’habitat doit aussi se prononcer sur la politique de l’habitat proposée par la métropole pour les cinq ans à venir. Infusé aux souhaits des maires, ce document repoussé depuis plusieurs années donne l’occasion de comparer les ambitions au passif très carencé du territoire.
Ainsi, à Allauch, ville aux pénalités triplées, on projette 43 % de logements sociaux dans les nouvelles constructions. Idem à Mimet, avec un taux de 100 %. Une conversion presque trop belle pour être sérieuse, mais qui se fait surtout sur un volume trop restreint pour vraiment peser : 10 logements par an, quand il en faudrait plusieurs dizaines.
Dans son projet prochainement soumis à enquête publique, la métropole a toutefois laissé passer quelques reconductions tranquilles. Carry-le-Rouet se voit ainsi assignée l’objectif, probablement inchangé par rapport aux souhaits du maire, de bâtir trois logements sociaux par an sur un total de 23. Pas de quoi changer la configuration de cette petite ville de la côte Bleue aux 25 % de résidences secondaires et 1,4 % de logements sociaux…
Actualisation le 8 décembre à 10h45 : contrairement à ce qui était indiqué, la règle de 30 % sur les constructions nouvelles est appliquée systématiquement et n’est pas au choix du préfet.
Commentaires
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Sur la cartographie “La périphérie de Marseille toujours en retard” on constate constate plusieurs erreurs sur le positionnement des communes.
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Bonjour,
merci de nous l’avoir signalé, ces erreurs ont été corrigées.
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Années après années, les sanctions financières n’y font rien, il ne sert à rien de bavasser, c’est du vent – il faut soit les décupler ou centupler, soit mettre en prison les élus, et peut-être que les pépinois auront des voisins un peu pauvres
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Bonjour, attention il y a de nombreuses erreurs sur la carte, apparemment pour les communes classées alphabétiquement à partir de “R”.
Quant au paragraphe qui indique un durcissement des conséquences des arrêtés de carence avec le droit de préemption et l’obligation de faire 30% de logements sociaux sur chaque opération de plus de 12 logements, il est à revoir car ces dispositions sont un effet mécanique des arrêtés de constat de carence, prévu par la loi depuis de nombreuses années.
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Bonjour, merci pour cette rectification. Les arrêtés de carence ne l’explicitaient pas précédemment, mais a priori cela n’enlevait en rien à la portée de cette disposition légale.
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c est consternant il y a en gros 120 communes dans les bouches du rhone, et 40 communes déficitaires ! c’est énorme
1/3 des communes en dehors de clous !
c’est vraiment inquiétant, je pense aussi que les sanctions que ces 40 municipalités attendent paisiblement (comme d’habitude pour certaines) sont vraiment trop légères.
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Certes il faut loger, mais comment articuler cette politique de l’habitat aujourd’hui avec la nécessité de préserver le peu de foncier pas encore artificialisé ?
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La question est plutot comment gerer l’héritage qui fait l’histoire de ces villes: aboir voulu pendant cinquante ans en faire des petits paradis sans mixité ( selon un critère tres “republiain” n’est-ce pas?) Ben aujourd’hui il faut payer…
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La loi ne semble pas prévoir de mettre les permis de construire sous tutelle préfectorale ? Ca serait probablement plus efficace et éviterait des mauvais rattrapages du type immeuble pur social type grande barre des années 50.
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Les sanctions sont ridicules, c’est bien le problème. La politique de toutes ces petites communes a été de créer des enclaves avec le moins de pauvreté possible et le moins de diversité tout en laissant à la ville centre le soin de les concentrer, et en bénéficiant aujourd’hui des largesses d’une métropole elle aussi tres peu mixte.
Resultat des courses : des petits villages et petites villes terrifiées par l’etranger, l’autre, et se vivent comme le village gaulois d’Asterix ( sans doute souvent la seule lecture de leurs maires il faut croire), et sans s en rendre compte ils ne portent plus les valeurs de la République ni ne respectent la loi.
Les sanctions devraient pleuvoir comme des hallebardes, et je suis sûr que si la loi les empechait de toucher leurs aides de la metropole au prorata des objectifs atteints ce serait une autre chanson.
Certains vont crier ici ” totalitaire” ou gauchiste! Je rappelle donc, par exemple, que c’est la politique miseen place par la Région Sud pour les subventions allouées aux associations y compris pour les subventions de fonctionnement. Le solde de la subvention n’est pas payé, voire elle doit être remboursée au prorata des objectifs finznciers non atteints…
Pourquoi cette methode ne s’applique t elle pas aux collectivités??
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