LGV : c'est parti pour un tour de concertation
LGV : c'est parti pour un tour de concertation
LGV, acte II. Après moult discussions, l’Etat a choisi en juin 2009 le tracé de la future ligne à grande vitesse (dit « des métropoles du Sud ») qui doit, normalement, mettre Nice à moins d’une heure et demie de Marseille en 2023 (au lieu de 2h20 aujourd’hui). Reste maintenant à l’affiner et déterminer exactement les modalités de ce chaînon manquant à un arc ferroviaire méditerranéen, reliant Gênes à Barcelone.
Réseau ferré de France (RFF), le maître d’ouvrage, lance donc maintenant une nouvelle concertation publique ouverte à tous : citoyens, collectivités territoriales, associations… Elle a d’ores et déjà commencé avec la tenue de trois grandes réunions mardi à Marseille, mercredi à Hyères et hier soir à Nice. Concrètement, quatre nouveaux scénarios sont proposés (voir en bas de page) avec l’objectif d’aboutir à un consensus à la fin de l’année. Tout en sachant que ces quatre tracés ne sont qu’indicatifs et que le définitif pourra être une synthèse des meilleures orientations.
Terrain d’entente
« Tout Aubagne contre la LGV » rassemble aujourd’hui une centaine d’adhérents et 700 personnes ont signé leur pétition à l’occasion de la journée des associations. Un passage sous le massif de Saint-Cyr serait à l’étude chez RFF, ce qui pourrait satisfaire le collectif. Mais comme le fait remarquer Carole Tessedre, « l’enjeu crucial est de rester dans les clous du budget ». Une gare par-ci, un (long) tunnel par-là et la note pourrait devenir encore plus salée, ce qui serait difficilement tenable. « Il sera impossible de satisfaire 100% des acteurs concernés, nous comprenons les inquiétudes, les angoisses et nous proposerons comme dans toute concertation dans ce genre toute une batterie de mesures d’indemnisation », complète la « dir comm » de RFF.
Pas sûr que les Aubagnais entendent ces propositions d’une bonne oreille. En attendant, ils se disent prêts à « discuter et travailler sur des solutions intelligentes. Nous allons participer aux prochaines réunions de groupes. Pour l’instant on s’oppose à la folie de manière constructive. On en est pas encore là, mais si ça continue, on pourrait se montrer plus virulents en utilisant la désobéissance… », menace Alex Amberto.
Du côté de la mairie d’Aubagne, on va encore plus loin. Le maire, Daniel Fontaine (Parti communiste), est lui fermement opposé au projet : « Cette LGV n’apportera aucun bien-être, à part gagner un peu de temps de trajet. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Ce qu’il faut c’est améliorer les lignes existantes, les rendre plus rapide, remettre en service quelques-unes. Améliorer le quotidien des usagers, c’est ça qui est important aujourd’hui. Et je ne crois pas au discours « la LGV va permettre de redonner un coup de neuf au transport régional ». Les investissements iront d’abord à la grande vitesse ».
Au-delà du gain de temps pour effectuer le trajet Nice-Paris, la LGV est également l’occasion de revoir toute l’organisation du transport ferroviaire en PACA et désengorger une région dont les routes et autoroutes sont saturées, faciliter le déplacement des 100 000 utilisateurs du TER, notamment le long du littoral varois. Caroline Tessedre assure que le développement du TER va obligatoirement de pair avec le projet de LGV : « La situation n’est pas tenable, notre objectif est de passer de doubler le nombre de TER en circulation sur tout le réseau en 2023, puis le quadrupler en 2040. Nous travaillons sur un projet ferroviaire global qui répond à un objectif de desserte bien précis ».
« Rattraper le temps perdu »
C’est également ce que souhaite le Conseil régional, à qui revient la charge de ces TER, mais dans un avenir plus proche. « Nous voulons que les premiers travaux de réhabilitation commencent avant ceux de la LGV, dans le cadre du Contrat Projet Etat Région qui débute en 2014, fait remarquer Jean-Yves Petit, vice-président du Conseil régional délégué au transport (Europe Ecologie – les verts). Il existe déjà plusieurs projets de réouverture de ligne ou autres aménagements sont à l’étude. (Avignon-Carpentras, la réhabilitation de plusieurs voies autour d’Aix-en-Provence, une troisième voie ferrée entre Aubagne et Marseille…). Enfin il faudra mettre en place un maillage mixte pour que les TER puissent circuler plus rapidement, autour de 200 km/h ». Vous avez dit pharaonique ? Ce n’est pas fini.
L’amélioration du calvaire que constitue aujourd’hui le transport régional passera forcément par une intermodalité efficace et de nombreux liens entre TGV et TER. Carole Tessedre affirme aujourd’hui que toutes les gares seront interconnectés. Jean-Yves Petit, lui, souligne le retard accumulé depuis des années en la matière : « on paie aujourd’hui les erreurs du passé comme celle de la gare d’Avignon TGV qui n’est pas relié au réseau classique. On ne veut plus voir cela ». La fédération des usagers le rejoint sur ce point-là. Tout comme le maire d’Aix-en-Provence et présidente de la communauté du Pays d’Aix, Maryse Joissains (UMP), qui a d’ailleurs récemment écrit au préfet de région pour lui dire tout le bien qu’elle pensait du projet : « Le territoire a manqué de structuration dans les années 70 et 80 et nous devons rattraper cela aujourd’hui. Cela passe évidemment par des gares multimodales mais plus que ça, il faudrait avoir la possibilité de mettre sa voiture sur une rame de train pour se déplacer. L’idéal serait d’arriver à 55% de fréquentation par le train ». Que de beaux projets donc. Mais qu’il faut évidemment financer.
L’argent, nerf de la guerre
Maryse Joissains ne s’en inquiète pas plus que cela : « On trouvera les fonds car on a du temps, on est à l’horizon 2040 ». Mais devant cette folie des grandeurs, tous ne sont pas si optimistes, comme le député UMP de la Drôme Hervé Mariton (« un délire absolu ») ou l’ex-préfet de région Michel Sappin, surtout en cette période de disette budgétaire. Daniel Fontaine lui non plus n’y croit pas : « Qui financera ces 20 milliards ? Surement pas l’Etat ni les collectivités territoriales, les caisses sont vides. Alors, toujours pareil, on s’adressera aux investisseurs privés qui feront leurs choux gras sur cette ligne, qui je le répète, n’apportera aucun bien-être, bien au contraire ». A RFF, on ne s’affole pas : « Aujourd’hui,on ne parle pas du financement. On sait que oui, c’est faisable. Comment et par qui ? Là est toute la question. Une commission de financement y travaille mais ce n’est la préoccupation majeure du moment », explique Carole Tessedre. Lancer un projet aussi important, aux conséquences humaines et territoriales extrêmement sensibles sans savoir qui va régler la note ne serait donc pas imprudent, ni irresponsable. Fermez le ban !
Commentaires
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On n est pas pret de la voir cette ligne LGV. 20 milliards d euros, je ne vois pas qui va payer une telle somme. On nous amuse avec ce projet depuis des annees pour ne pas parler du reste qui est une vraie honte pour la 2eme ville de France: des TER pas assez nombreux et toujours en retard, des transports en commun minables ( des bus jamais a l heure, 2 pauvres lignes de metro et un tramway inutile : merci la RTM! ), une L2 qui n en fini pas de ne pas se finir, un tunnel tout neuf ( la Joliette) qui rend la circulation impossible en entree de ville. Et pendant ce temps la, on se fout de nous en nous parlant de la LGV a 20 milliards d euros. Dans quel monde on vit!
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On en veut pas de votre LGV , qui va défigurer notre commune rurale du Beausset, c’est une honte de dépenser des sommes pareilles en cette période de crise !!
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