L’ex-raffinerie de LyondellBasell de Berre attend toujours sa reconversion

Décryptage
le 17 Mai 2019
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Cinq ans après l’arrêt de la raffinerie de LyondellBasell à Berre-l’Etang, les 122 hectares du site font l’objet d’un plan de revitalisation. Mais pour l’instant, un seul projet s’est concrétisé. Le maire de la ville s’inquiète du peu d'intérêt des industriels et aimerait voir des collectivités plus offensives pour trouver des candidats à l'implantation.

L’ex-raffinerie de LyondellBasell de Berre attend toujours sa reconversion
L’ex-raffinerie de LyondellBasell de Berre attend toujours sa reconversion

L’ex-raffinerie de LyondellBasell de Berre attend toujours sa reconversion

Réparties entre quelques pins et d’immenses cuves d’acier, les dizaines de cheminées éparpillées à l’est de Berre-l’Étang font partie du paysage. Elles s’étalent sur les 1000 hectares du pôle pétrochimique de LyondellBasell où fourmillent près de 1400 employés. C’est finalement un bruit sourd et puissant, semblable à une explosion, survenu en février et entendu jusqu’aux communes voisines qui a sonné comme un rappel. Le démantèlement de l’ex-raffinerie de la multinationale américaine continue jusqu’à 2020. Et la reconversion de ce site de 122 hectares aussi.

Un an après la fermeture de la raffinerie en 2014, impactant près de 400 salariés, LyondellBasell s’est engagée auprès de l’État, comme l’exige la loi, dans un plan de revitalisation. Ce qui signifie réaménager et dépolluer le site pour que de nouvelles activités s’y installent. L’objectif alors fixé est de permettre la création d’une centaine d’emplois. Un plan baptisé Bonnet, en clin d’œil à l’écrivain Baptiste Bonnet qui qualifiait la Provence de “terre d’accueil aux atouts multiples”, précise à l’époque l’UPE 13 dans sa newsletter. Pour s’assurer de la réussite du processus, un comité de suivi réunissant les collectivités et l’industriel a été créé sous l’autorité du préfet, qui n’a pas pu nous répondre en vertu du devoir de réserve électorale. La convention initialement de deux ans a également été prolongée de deux années supplémentaires. 

Sauf que quatre ans plus tard, la terre aux “atouts multiples” ne doit accueillir qu’une seule entreprise. Il s’agit de Baytree, filiale d’Axa qui développe des plateformes de logistique. Elle va s’implanter au niveau de la zone Vaïne, au bord de l’étang, à cheval sur LyondellBasell et l’ancienne usine Cabot. Les hangars doivent être opérationnels pour 2021 et créer environ 200 emplois. Suffisant pour atteindre l’objectif fixé par le gouvernement et la convention. Mais il reste encore à occuper la bonne centaine d’hectares restant. Nous voulons que l’industrie se réimplante, je n’ai rien contre la logistique, mais cela génère moins d’emplois”, prévient Mario Martinet, maire divers gauche de Berre-l’Étang. Sauf qu’à l’image de Baytree, le site de l’ex-raffinerie attire surtout les logisticiens.

“Il y a une recherche effrénée de foncier de la part de ce type d’entreprise, dès qu’un espace se libère dans cette zone, cela les attire”, explique Yves Faverjon, chef de projets énergies & industries au sein de l’agence de développement économique Provence promotion. À proximité des autoroutes, du port, de l’aéroport et de la gare TGV d’Aix-en-Provence, la zone présente des caractéristiques intéressantes, malgré son classement Seveso seuil haut du fait de la présence de liquides et de gaz inflammables. Vu la rareté de terrains et l’emplacement de celui-ci, ce n’est pas une contrainte insurmontable”, balaie Yves Faverjon.

Une promotion du site régionale

Très dévoreuse de foncier, la logistique ne génère que peu d’emplois. Raison pour laquelle Mario Martinet s’est opposé à l’installation du groupe Charles André en n’accordant pas de permis de construire. “Les prospects annoncent beaucoup d’emplois, mais dans la réalité le nombre est souvent divisé par deux”, souffle Mario Martinet qui sait que son pouvoir d’action reste limité. Le décisionnaire final étant le propriétaire du terrain LyondellBasell. “Tout notre intérêt est d’avoir de l’activité avec laquelle nous puissions avoir des synergies, mais l’installation de logistique est plus simple car il y a un plus grand besoin”, nous fait savoir le service de communication de l’entreprise.

Le maire se dit “très pessimiste” et assure “ne pas comprendre” le manque d’attrait du site pour les industriels. “La métropole doit être un moteur pour faire en sorte que le territoire survive, j’aimerais qu’ils soient plus agressifs, qu’ils aillent chercher des investisseurs ou industriels étrangers”, regrette-t-il.

“Nous faisons ce que nous pouvons”, répond Béatrice Aliphat (divers droite), déléguée à l’industrie au sein de la métropole. “Le fait qu’il n’y a pas encore d’implantation ne veut pas dire que nous ne sommes pas offensifs”, ajoute celle qui est également maire de Saint-Mitre-les-Remparts, sur la rive d’en face. Du côté de Provence promotion, Yves Faverjon reconnaît “qu’il n’y a pas eu de grosse opération de communication à l’internationale de la part de la métropole. Ce n’est pas grave en soi, mais l’on reste sur une visibilité régionale élargie”.

L’Etat à la rescousse

La communication en question est celle autour du concept Provence Industry’Nov lancé par la métropole en avril 2018. Cet appel à manifestation d’intérêt (AMI) vise à valoriser les hectares de LyondellBasell, il comprend également les sites de PIICTO à Fos et Total à La Mède. L’AMI débute actuellement une deuxième phase devant inclure davantage de terrains. Pour l’instant, sept projets ont été retenus sur les vingt présentés. Les candidatures se font pour les trois sites. Ce sont ensuite aux propriétaires de chaque foncier de dire lesquelles les intéressent. “On m’a présenté des prospects, cela s’orientait vers la méthanisation, mais cela ne m’intéresse pas. Les projets ne sont pas alléchants”, juge Mario Martinet.

L’édile espère également une intervention de la région. C’est elle qui pilote le dispositif “territoires d’industrie” pour lequel le gouvernement propose une enveloppe de 1,3 milliard d’euros à répartir entre tous les projets en France. L’étang de Berre fait partie des sept territoires de Provence-Alpes-Côte d’Azur retenus dans cette l’opération. Sur les neuf protocoles d’accord signés début mai, un seul l’a été dans la région, à Carros. Le conseil régional n’a pas répondu dans les délais impartis pour la publication de cet article sur le cas de l’étang de Berre. LyondellBasell assure “travailler” sur ces différents projets de reconversion. Quitte à laisser s’installer des activités parfois éloignées du passé industriel.

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Commentaires

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  1. petitvelo petitvelo

    Et si on préparait les décenies à venir ? La civilisation des loisirs ? On rase tout ce qui tourne autour des fossiles et on crée un giga club-med (chinois) autour de l’étang avec au milieu une île artificielle-parc-d’attraction (américain), un débarcadère à croisiéristes (CCI), avec un village des marques provençal, un multiplexe Besson, une reconstitution du vieux port de Marseille façon Las Vegas, une Arena multi-sports et bien sûr une zone The French Silicon Camp Valley Start Up Nation ultra connectée ? Ah et un téléphérique pour aller sur l’ile centrale.

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