L’ex-députée macroniste Cathy Racon-Bouzon recrutée par la Ville de Marseille en vue de 2026

Cathy Racon-Bouzon lors de son entrée à l'Assemblée nationale en 2017. Photo : Lisa Castelly

C’est un come-back sur la scène publique et politique. Selon nos informations, confirmées par la Ville de Marseille, Cathy Racon-Bouzon, ex-députée macroniste de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône, va intégrer les effectifs de la mairie. Élue de 2017 à 2022 au palais Bourbon sous l’étiquette La République en marche, l’ancienne parlementaire occupera le poste de “cheffe de projet en charge de la préfiguration du dispositif d’association permanente de la société civile”. Elle travaillera comme fonctionnaire au sein de la direction générale adjointe relations extérieures et grands projets (DGAREP).

Cathy Racon-Bouzon — qui n’a pas répondu à nos appels — a candidaté cet été à une offre d’emploi postée par la municipalité. Selon ce document, consulté par Marsactu, l’ex-députée sera en charge d’une mission de “préfiguration d’une instance d’association permanente de la société civile” d’une durée de deux ans. Elle mettra en place les “dispositifs et l’ingénierie nécessaires pour mener une démarche de construction d’un programme construit par et pour les Marseillais”. Une tâche dont le timing et la description sonnent éminemment politique, avec les élections municipales de 2026 en ligne de mire.

Du côté de la mairie, pour tenter de traduire ce poste, on explique que Cathy Racon-Bouzon coordonnera les différentes actions menées par la municipalité et sera à l’écoute des initiatives de la société civile. Une double approche interne et externe où il lui faudra piloter des chantiers transversaux, comme la concertation autour de la construction d’une école ou les budgets participatifs, mais également identifier des nouvelles initiatives et acteurs du territoire pour les aider à développer leurs activités. “Quand on fait des trucs nouveaux, c’est toujours difficile à définir”, souffle-t-on pour justifier le caractère flou de sa fiche de poste.

Un “programme” au bout de cette mission

Ce travail aboutira à ce que la fiche de poste qualifie de “programme”, mais qu’on préfère, à la Ville de Marseille, renommer “plan d’actions” pour écarter toute idée de programme politique. L’ancienne parlementaire devra rendre fin 2024, ou plutôt courant 2025, reprécise-t-on, un rapport de ce qu’elle a observé, “contenant le diagnostic des dispositifs existants, proposant des priorités d’amplification et des modalités budgétaires de gouvernance”.

Cette mission a aussi comme objectif de répondre aux promesses électorales du Printemps marseillais en 2020, précise-t-on dans les couloirs de la mairie. Lors de la campagne des précédentes municipales, le mouvement avait insisté sur l’association de la société civile, notamment du fait de la place prise dans ses rangs par le collectif de citoyens Mad Mars, dont l’une des cheffes de file était Olivia Fortin, actuelle maire des 6/8. À ce poste, Cathy Racon-Bouzon serait alors “une super agent Mad Mars”, avec une mission de 24 mois dont la fin coïncide avec les prochaines élections municipales, en 2026.

Une ex-macroniste avec une sensibilité de gauche

En mairie, on insiste sur le fait qu’il s’agit là d’un poste administratif, qui sera occupé par une personne elle-même issue de la société civile. Avant d’être députée, Cathy Racon-Bouzon a notamment été directrice de la communication chez Kaporal et cheffe de projets chez Pernod Ricard. Sa nomination a été annoncée à la majorité municipale en début de semaine, à l’occasion de la réunion intergroupes pour préparer le prochain conseil du 18 octobre. “Elle est compétente. Ce n’est pas illégitime qu’elle soit là. Et c’est bien qu’il y ait un meilleur dialogue avec la société civile. C’est un bon signal”, commente Sébastien Barles auprès de Marsactu.

L’élu écologiste précise toutefois : “Il faudra regarder comment ça fait évoluer l’administration.” “Il y aura peut-être des polémiques qu’on recrute une ex-macroniste de gauche”, reconnaît également Sébastien Barles. Du côté de la Ville, on insiste sur la sensibilité de gauche de l’ex-députée, qui avait appelé à voter pour Hendrik Davi, candidat dissident de LFI, au second tour des législatives, dans son ancienne circonscription. Mais l’arrivée d’une ex-macroniste au sein de l’hôtel de Ville risque de crisper le dialogue, déjà bien refroidi, avec la France insoumise, en vue d’une alliance de toutes les composantes de la gauche aux municipales de 2026. Alors que le centre droit se met en ordre de marche, l’arrivée de l’ancienne députée envoie un signal clair à gauche.

Avec Benoît Gilles