LeVélo nouvelle formule, idole des jeunes malgré lui
Depuis son arrivée fin 2022, le nouveau dispositif de location de vélos électriques en libre-service a eu le temps d'être testé par les Marseillais de tous les quartiers. En particulier les plus jeunes, qui ont vite adopté ce mode de déplacement... ou de jeu.
LeVélo nouvelle formule, idole des jeunes malgré lui
En face du parc Bellevue, pendant les vacances scolaires, les minots passent le temps. À l’ombre des immeubles une dizaine d’entre eux scrutent les passants et jouent au foot. Certains font la course à vélo sur un parcours imaginaire allant du boulevard National au jardin partagé de Bougainville. Parmi les cinq participants à cette compétition improvisée, un est avantagé : il roule sur un vélo électrique de la métropole.
“On l’a loué là-bas à National”, indique le pilote de Félix-Pyat. Sur place un autre groupe de quatre adolescents se presse pour eux aussi en récupérer. “On a 30 minutes gratuites avec l’abonnement RTM”, résume l’un d’entre eux. Sinon, pour un usage ponctuel, le coût est de 1 euro pour déverrouiller et rouler 30 minutes.
Un nouveau service très vite débordé par l’usage
Après une quinzaine d’années avec des vélos bleus gérés par la société JC Decaux, cette nouvelle version du dispositif “Le vélo” est arrivée mi-décembre à Marseille. Principale différence : le nouveau prestataire de la métropole, Citybike, a lancé une flotte de plus 1500 engins oranges et blancs 100 % électriques. Ils sont disponibles dans une centaine de stations couvrant, comme auparavant, le centre-ville et les bords de mer, mais poussant jusqu’à Gèze, Sormiou, Saint-Jérôme ou encore Malpassé.
Selon les données de l’exploitant communiquées à Marsactu, la durée moyenne des courses serait entre 12 et 14 minutes, dont plus de 40 % des trajets réalisés gratuitement pour les usagers. Toujours selon la compagnie, sur ces 7 derniers jours près de 50 000 voyages ont été réalisés par plus de 10 000 utilisateurs différents. Parmi eux, beaucoup de jeunes, voire très jeunes, qui profitent souvent de ce nouveau mode de déplacement en groupe.
“C’est à qui de déverrouiller là ?”
Un peu partout dans le centre se trouvent d’autres bicyclettes en libre-service électriques, mais cette fois-ci rouges et bleus détenues par la compagnie Dott. “C’est trop cher”, balaient des utilisateurs du service de la métropole. Leur astuce à eux pour profiter plus longtemps ? Être plusieurs par engin pour alterner les abonnements à utiliser au bout des 30 minutes réglementaires.
Même si parfois, ils se perdent dans leur magouille. “C’est à qui de déverrouiller là ?”, interroge un des amis. Quelques instants plus tard trois d’entre eux détalent, le plus petit dans le porte-bagage et un autre en tandem derrière. “C’est plus agréable que le bus pour se déplacer”, reconnaît le dernier de la bande, qui, lui, finira par courir derrière.
Que les jeunes utilisent ces vélos c’est une très bonne chose !
Axel Schoenhenz, coordinateur de la Recyclerie Sportive
“Que les jeunes utilisent ces vélos c’est une très bonne chose, analyse Axel Schoenhenz, coordinateur de la Recyclerie Sportive Marseille. Peut-être que là c’est juste pour le loisir, mais demain ça sera possiblement pour le travail. Le fait que ce service soit inclus dans l’abonnement ça encourage la mobilité chez des gens aux revenus plus limités.” Dans son atelier de réparation de matériel sportif avenue de Briançon, l’association organise depuis décembre 2021 des animations autour de cette pratique pour tous les âges.
“Est-ce que si “Levélo” était gratuit ce serait encore plus inclusif ?, s’interroge Axel Schoenhenz. Pas forcément car la grande inégalité, c’est les infrastructures.” Le coordinateur s’attriste en effet de la disparation de boutiques de réparation ou d’achat de bicyclette à prix bas, du manque d’apprentissage dès le plus jeune âge, et de l’insécurité des voies de circulation dans les quartiers périphériques. “On a encore une vision du vélo pour aller à la plage ou se balader en famille en centre-ville”, regrette ainsi la Recyclerie Sportive Marseille.
Encore des changements à venir pour réguler les pratiques
La société Citybike s’estime quant à elle très satisfaite de son implantation, après un démarrage pourtant chaotique. “On a eu un petit peu de mal au début, mais l’équipe apprend vite et on a accru les effectifs”, confie son directeur, Éric Mortier. Parmi les chantiers en cours se trouve la lutte contre l’utilisation d’une bicyclette par deux personnes en même temps. “Ça fait partie des choses qu’il faut qu’on essaie de corriger car ça accentue l’usure des vélos et pose un problème de sécurité routière, détaille-t-il. C’est un mauvais usage facilité par l’esthétisme des engins, on va faire évoluer leur design le plus vite possible pour dissuader cette pratique.”
Les Marseillais avaient déniché une faille technique que même le fabricant n’avait jamais vue. Mais comme les habitants ici sont très malins peut-être qu’ils vont encore nous en trouver une.
Éric Mortier, directeur de Citybike
Le gestionnaire du service pour la métropole, assure que le reste des problèmes techniques constatés lors du lancement est en cours de résolution, parfois via un durcissement des conditions d’usage. Ainsi, une autorisation bancaire est maintenant demandée lors du déverrouillage pour éviter l’usage de comptes non approvisionnés. “Au début il y en avait plusieurs centaines, maintenant il nous reste que quelques cartes frauduleuses tous les mois, évalue la société. Mais il faut générer l’usage du vélo avant de le restreindre.”
Un délai d’attente de 30 minutes a été instauré entre deux utilisations et l’option “réserver” a été enlevée, selon les nouvelles conditions d’accès au service envoyé aux utilisateurs. Surtout, des pénalités financières et une suspension de compte sont désormais possibles en cas d’usage répété de la fonctionnalité “fin de trajet d’urgence”, qui aboutissait à des stations vides et des vélos déchargés. “Nous avions plusieurs centaines de vélos, partout, sauf là ils devaient être”, justifie le responsable.
L’entreprise indique également avoir supprimé la technique permettant de clôturer une course en dehors d’une station. “Les Marseillais avaient déniché une faille technique que même le fabricant n’avait jamais vue, ironise le directeur. Mais comme les habitants ici sont très malins peut-être qu’ils vont encore nous en trouver une.” L’objectif pour juin 2023, inscrit selon le gestionnaire dans son contrat signé avec la métropole, est la mise en service de 200 stations pour 2 000 vélos dans la ville. Éric Mortier, qui a renoué avec l’optimisme, se permet même de lancer un défi aux collectivités chargées de la voirie : “J’espère qu’à l’avenir il y aura un moyen de faire le chemin à vélo de manière sécurisé entre l’Estaque et le centre-ville”.
Commentaires
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Je trouve votre article bien optimiste; il reste très difficile suivant les heures de trouver un vélo et les stations ne son pas suffisantes. Un exemple: aucune station pour les habitants du Panier alors qu’il y en avait plusieurs a proximité avec Le vélo ( sortie du passage de Lorette, rue François Moisson …).
Une station serait dans les tuyaux Place Sadi-Carnot mais pas de travaux en vue à ce jour.
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Aucun bureau de Poste ni distributeur dans la Panier non plus. Les touristes des compagnies de croisières n’ont pa besoin de distributeur ni de vélo….
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C’est une belle réussite avec les jeunes en vélo. Bravo à l’entreprise. Le fait que tout ces jeunes sont en vélo, plus des touristes à vélo et trottinettes, fait que il y a un effet de masse en transports douces. Du coup etre a vélo a Marseille est bien plus sécurisant qu’avant, les automobilistes sont devenus plus accomodants. Au final, le fait que MPM ne veut pas faire des pistes cyclable va faire que les vélo va supplanter la caisse, ils vont être obligés à faire des pistes voiture!
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A vous lire je me demande si nous vivons et circulons dans la même ville 😕
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oui, plus sécurisant ?? vous êtes sûre ?
je m’interroge comme “LN”. on parle de marseille là !
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j’ai même vu un automobiliste s’arrêter au feu rouge pour laisser passer un vélo
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A vous lire je me demande si nous vivons et circulons dans la même ville 😕
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L’Estaque le centre ville en vélo … ???? Je l’ai fait récemment sur mon propre vélo, c’est plus que sportif, je dirai même c’est dangereux sur certains tronçons, alors rêvons, si le Port autonome lâchait un peu de surface pour une vraie piste cyclable … Je me souviens, il y a bien 25 ou 30 ans, bref avant ” vigipirate” j’allais avec mes enfants le dimanche matin ” faire du vélo” sur les quais du port autonome, nous pouvions même monter sur la digue … Autres temps !
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Le Port autonome pourrait “lâcher” beaucoup de choses en effet : un peu de surface pour une piste cyclable en bordure de son “territoire”, des passages vers la jetée du large, la plage de Corbière qu’il “loue” à la Mairie et … arrêter de “lâcher” de la fumée dans nos poumons !
Je me demande si les terroristes barbus de Vigipirate sont vraiment le seule cause de cet ostracisme. Les parapluies, ceintures, bretelles et autres comportements échappatoires sont très certainement aussi un facteur d’immobilisme.
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Il est vrai qu’en lisant votre commentaire, on se croirait dans le monde des bisounours. Parce que les jeunes qui utilisent ces vélos, ils roulent encore à fond sur les trottoirs entre les piétons sur le Vieux Port, et vu que les beaux jours arrivent, ça va encore se multiplier avec les trottinettes! Alors vous auriez pu aussi caler au moins un petit paragraphe sur la dangerosité qui galope toujours!
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Le “défi” lancé par l’opérateur à la métropole a le mérite de remettre les choses à l’endroit. C’est très bien de mettre des vélos à la disposition du public. C’est très bien de faire de la pub pour inciter les gens à les utiliser. Mais : où sont les infrastructures ?
Ce service a certainement le mérite d’exister, mais il permet surtout à la métropole de se donner bonne conscience à bon compte : “voyez comme on fait des choses bien !” En attendant, le fameux “plan vélo” annoncé en 2019, et qui devait aboutir à la création d’un vrai réseau cyclable pour l’essentiel en 2024, est en panne depuis… 2019. Mais la culture gaudiniste, bien poursuivie par Mme Vassal, préférant l’effet d’annonce à la réalisation, on n’est même pas déçu.
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Je ne renfoncerai pas le clou sur le manque d’infrastructures (sans infrastructure, conflits d’usage sur l’espace public, et insécurité). En revanche, si cette “nouvelle formule” veut faire le job que faisait la précédente formule (non électrique), il va falloir booster le nombre de vélos disponibles.
Actuellement, le constat est que ce mode de déplacement est encore trop incertain, et donc inadapté à quiconque devrait se rendre à son travail ou à un rdv.
Reste l’usage ludique et/ou occasionnel (qui redirige les usagers de la marche ou des transports en commun). Dommage.
PS: La seule bonne nouvelle reste que les jeunes s’en emparent. Tout ceci fera son chemin.
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Cet article est très optimiste, dans la réalité la moitié du temps il n’y a pas de vélo opérationnel dans la station quand j’en cherche un.
Et pas de solution quand on prend un vélo et qu’il ne reste que 3% de batterie, si ce n’est d’aller jusqu’à la prochaine station et de continuer à pied puisqu’il faut attendre 30mn pour reprendre un vélo !!!
Sans compter sur les bugs répétés lorsqu’on remet un vélo dans une station, 10mn hier avant que le retour soit pris en compte !!!
Ce qui fait que ce n’est pas un moyen de déplacement fiable pour les déplacements pro, et en tout cas beaucoup moins fiable que l’ancien système.
Et je me demande s’il y a vraiment assez de techniciens pour assurer la maintenance et le suivi des stations, ce matin sur la Canebière aucun vélo à la station mais une quinzaine posés ou jetés à côté !
Bilan : pour mes déplacements pro je retourne vers mon 2 roues motorisé !
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