Les successeurs du baron Povinelli se déchirent à Allauch

Actualité
le 29 Mai 2020
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Après le décès dans l’entre-deux tours de Roland Povinelli, maire sortant candidat à sa réélection, ses colistiers peinent à décider d'une stratégie pour le second tour.

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L'hôtel de ville d'Allauch. (Photo d'archives : Julien Vinzent)

L'hôtel de ville d'Allauch. (Photo d'archives : Julien Vinzent)

Le temps du recueillement n’aura pas duré bien longtemps à Allauch. Juste quelques jours entre la procession du cercueil du défunt dans la ville et le dévoilement de la date du second tour, finalement fixé au 28 juin. Depuis le décès de Roland Povinelli, maire socialiste omnipotent depuis 1975 et candidat à sa réélection, le 10 mai dernier, en pleine période de l’entre-deux tours, les interrogations demeurent sur la stratégie à mener pour la suite du scrutin. “Pour résumer la situation, c’est la pétaudière la plus complète”, lâche un ancien membre de la majorité municipale qui suit de près la situation.

Une confusion qui a pris fin avec le dépôt de la liste Allauch d’abord par Monique Robineau, ce vendredi 29 mai. Retour sur les batailles intestines du clan Povinelli désormais désuni.

Réunis mercredi soir pour un hommage à Roland Povinelli, les membres du groupe  municipal majoritaire, puis tous les colistiers de la liste “Allauch d’Abord” se sont retrouvés dans une ambiance délétère. De l’avis de plusieurs participants, le rassemblement a tourné court. “Traîtres”, “décision autoritaire”, “magouilles”, etc. Les noms d’oiseaux ont fusé. “C’est vrai que c’est parti un peu dans tous les sens”, concède Gérard Bismuth, fidèle du défunt maire et initiateur de la réunion.

Fusionner ou non avec une candidate de droite ?

La raison de la discorde ? La fusion ou non de la liste qui était menée par Povinelli avec celle de Monique Robineau-Chailan, tête d’une liste dissidente de droite, arrivée 4e au 1er tour avec 11% des voix. “Lorsque Gérard Bismuth a annoncé vouloir céder la tête de liste à Monique Robineau, c’est parti en quenouille”, décrypte Jean Tomasini, adjoint chargé des finances sortant et numéro 5 sur la liste de Roland Povinelli.

“On a rarement vu qu’une liste arrivée seconde avec 24 % des voix au 1er tour cède la tête de liste à celle arrivée en quatrième position avec 11 % des voix”, relève-t-il. Les colistiers qui s’attendaient à élaborer une stratégie ensemble, découvrent un plan déjà ficelé. “On nous demandait de valider une stratégie sur laquelle on n’avait même pas été consultés”, s’indigne Jean Tomasini. Et de résumer la situation : “on peut parfois faire avaler des petites couleuvres mais quand vous servez des anacondas, il est rare que les convives les gobent”. Toute autre son de cloche du côté de Gérard Bismuth : “cette réunion n’avait pas vocation à déterminer la stratégie pour le second tour. Il n’y avait rien de formel ni de réglementaire”, se défend-t-il.

Cette réunion révèle au grand jour les tensions qui règnent au sein de la liste depuis la campagne municipale. Deux camps s’affrontent : le premier, mené par Gérard Bismuth, 2e adjoint au maire et en 3e position sur la liste et composé de plusieurs fonctionnaires de la Ville, non élus, membres de l’ancienne garde rapprochée du maire. Sonia Rouah, directrice du CCAS, Christophe Povinelli, fils du défunt et Guy Maria, directeur général adjoint de la commune, souhaitent la fusion. Le second, rassemblant de nombreux conseillers municipaux de la majorité de Roland Povinelli, souhaite la nomination d’une nouvelle tête de liste pour le second tour et envisage une alliance avec la liste d’union de partis de gauche menée par Gérard Cazorla (6,5 % au premier tour). Une hypothèse vite balayée par cet ancien syndicaliste de Fralib et fondateur de la coopérative SCOP-TI : “On nous a contactés. Mais après consultation de mes colistiers, nous avons décidé de ne fusionner avec personne et de ne soutenir personne”, répond l’intéressé avant de lâcher : “je pense qu’il y a quelques dissensions de leur côté, on ne rentrera pas dans ces tractations”.

Refusant de valider le principe d’une fusion avec la liste de Monique Robineau-Chailan, incapables de se mettre d’accord, les participants à la réunion finissent par demander un vote pour désigner une nouvelle tête de liste. Une majorité se met d’accord sur le nom de Jean Tomasini. Mais, au lendemain de ce plébiscite, celui-ci ne semble pas très motivé pour y aller.  “J’en ai été le premier surpris ! Au delà de la satisfaction de mon ego, je n’ai pas d’envie particulière. À l’heure où je vous parle, je n’ai pas donné mon accord”, précise-t-il.

Qui déposera la liste ?

Ce vote suffira-t-il a éteindre l’incendie ? Loin de là. “Dans un groupe, il est normal qu’il y ait des désaccords qui s’expriment, surtout après le décès du chef, minimise Gérard Bismuth. Maintenant, on revient aux choses sérieuses : il y aura une fusion avec la liste de Monique Robineau. Elle sera tête de liste et nous conserverons un certain nombre de postes-clefs”. Celui-ci assure que la majorité, qui hier, refusait la fusion serait aujourd’hui en faveur de cette même fusion. Comment est-ce arrivé ? “Deux ou trois colistiers ont pu changer d’avis entre temps”, élude l’élu.

Deux têtes de listes pour une même liste ? La situation est quelque peu inédite. “C’est clair et net, les partisans de Bismuth vont tenter de déposer une liste d’où ils excluraient ceux contre la fusion au profit des partisans de Robineau… Ils vont passer en force”, avance un participant à la réunion.

Arrivé en tête, Lionel de Cala garde ses distances

Cette fusion crispe aussi à droite. Le président de la région Renaud Muselier l’a fait savoir dans La Provence cette semaine. Il souhaite que celle qui est aussi conseillère régionale se retire en faveur de Lionel de Cala. Le membre de LR (qui n’a investi personne) et employé comme cadre à la région est arrivé en tête avec 32 % des voix. Peut-il être rejoint par Monique Robineau-Chailan ? L’élue n’a pas répondu à nos demandes d’entretien sur ses options pour le second tour. De son côté, Lionel de Cala souhaite rester à distance de la cacophonie ambiante. “Les Allaudiens nous ont placé en tête au 1er tour, j’entends rester fidèle à la ligne de conduite que l’on s’est fixés lors de notre campagne. Je me tiens loin de toutes ces tractations”, explique-t-il.

Une question, fondamentale, reste sur toutes les lèvres concernant la liste Povinelli : qui possède le mandat pour déposer la liste en préfecture ? Le code électoral ne prévoit rien dans le cas où la tête de liste décède avant le dépôt de liste du second tour, situation hautement improbable en temps normal, comme nous l’expliquions dans un précédent article. Selon Gérard Bismuth, Guy Maria serait le mandataire. “Nous avons le choix de le conserver à ce poste ou de nommer la numéro 2 nous a dit la Préfecture”, indique Gérard Bismuth.

Quelle que soit sa conclusion, cet entre-deux tours laissera des traces, jugent plusieurs acteurs. “Roland Povinelli était le patron, la stature de commandeur. C’est lui qui faisait tenir l’édifice. Maintenant qu’il n’est plus là, l’édifice s’effondre”, soupire Jean Tomasini. Et de lâcher : “Ceux qui veulent jouer dans la même catégorie sont loin d’avoir la stature”.

“L’image de marque pour Allauch en prend un coup. Comme fin de règne de Roland Povinelli, c’est minable, inacceptable. C’est un camouflet pour la démocratie”, lâche, amer, Vincent Coulomb, conseiller municipal (PS) pendant 33 ans qui a quitté la majorité municipale quelques mois avant la fin du mandat de Roland Povinelli. Et de conclure : “les magouilles électorales, ça finit toujours mal. Après on s’étonne que les électeurs ne vont plus voter…”

Correction le 29 mai à midi et actualisation le vendredi 29 mai à 20 h 14 : LR n’a investi aucun candidat à Allauch contrairement à ce que nous indiquions dans une première version. Monique Robineau mènera bien la liste Allauch d’abord qu’elle a déposée en préfecture.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Nous avons eu droit au blues des maires il y a quelques temps. La tâche harassante, le stress de la fonction, la non reconnaissance de cette dernière. De deux choses l’une, soit ces gens sont des pervers soit le gâteau est trop bon.

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    • Félix WEYGAND Félix WEYGAND

      Si l’on lit bien l’article, on a plutôt l’impression que le problème est posé par deux des protagonistes désignés par leur camp mais qui au contraire ne veulent pas y aller.

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