Les socialistes marseillais dans la rue : "tu seras fatigué demain, c'est pas grave"

Les socialistes marseillais dans la rue : "tu seras fatigué demain, c'est pas grave"

"Aux armes !!!" Pas de doutes nous sommes bien à Marseille. Le chant habituel des supporters olympiens est tout de même venu après le Motivé de Zebda, la célèbre Vie en Rose d’Edith Piaf et Bella ciao le chant protestataire italien. Militants et sympathisants chantent et dansent à tue tête autour de l’orchestre au 58 rue Montgrand. On a débouché le mousseux et le vin coule à flot. Une quinqua à côté de moi fume la cigarette qui rend joyeuse.

Tout le monde saute, tout le monde danse, tout le monde chante. "On a gagné !" scande la foule. Après l’annonce de la victoire de leur candidat, les socialistes ou sympathisants de gauches éclatent. Rose-Marie, retraitée, est trop émue pour parler : "j’ai un grand espoir pour mon pays", bredouille-t-elle. Nicolas Sarkozy passe sur le grand écran, un homme à côté de moi le siffle : "et en plus il est même pas beau ! Allez dehors !"

Au même moment sur le Vieux Port, même si les différentes télévisions n’ont pas choisi de montrer ces images, il y a quand même une sacrée ambiance, qui il est vrai est vite retombée notamment faute d'animation.

L’espoir

Le mot qui revient sans doute le plus dans la bouche des militants "heureux", "soulagé" et surtout "espoir". Chantal, une enseignante dans un lycée professionnel en zone sensible acquiesce : "On entre dans une ère nouvelle. On s’en fout de bosser plus pour ce projet là. On va essayer de redonner de l’espoir à la jeunesse, de remettre l’humain d’abord, de fédérer…" Une ex-votante pour Mélenchon, dont c'était le slogan pour le premier tour ? La prof est inarrêtable : "Sarkozy est égocentrique, il a tout focalisé sur l’argent. Il n’a vraiment rien compris…" Une jeune femme qui souhaite garder l’anonymat m’explique qu’elle travaille dans un centre de soins pour jeunes. Selon elle, la situation s’est dégradée sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Avec François Hollande elle espère qu’"on sera moins dans la répression et plus dans l’aide."

Julien, un autre enseignant nous rappelle que l’important c’est que la jeunesse soit remise au centre des préoccupations, "il faut une plus grande égalité des chances." Et puis, "il faut remettre en valeur le vrai travail contre la finance. Ca fait du bien au moral." Les envahisseurs de la rue Montgrand gardent, malgré l’euphorie de la victoire et du mauvais mousseux, les pieds sur terre. "L’important ce sont les législatives à venir" me dit un homme en passant. Un autre glisse qu’il ne faut pas rêver, le nouveau président ne pourra pas faire de miracles vue la crise, néanmoins il saura rendre la société plus égalitaire. Alain, pas le philosophe mais le peintre et militant NPA s’est déplacé pour soutenir Hollande. En 2007, il n’avait pas voté Ségolène Royal mais cette année, après un mandat de Nicolas Sarkozy il a voté PS. Pourquoi ? "Sarkozy est une brute épaisse. Il s’est condamné tout seul, la crapule." C'est dit…

Les insolites de la soirée

Les petits jeux de mots volent parmi les "supporters" du vainqueur Hollande. Deux jeunes filles sautent en cadence sur un air à destination de la leader du FN qui pourrait même faire rougir les virages du Vélodrome. Un quinquagénaire au front dégarni m’interpelle : "Mais madame, que va devenir M. Sarkozy ? Je réfléchis. Beh, on s’en fout !" me réplique-t-il hilare.  Nicolas Sarkozy s’exprime. Les huées sont vives. Un "salaud !" s’élève du groupe.

Dans l’encadrure d’une porte deux jeunes filles profitent de la soirée un verre à la main. Les étudiantes en architecture et en commerce sont marocaines et sont plutôt contentes de l’arrivée de François Hollande au pouvoir. Elles reconnaissent le charisme de Nicolas Sarkozy à l’international mais "parler d’un musulman pour un Arabe", eh bien, ça passe mal.

Même blessés, certains militants ont tenu à être présents. Zehor malgré une opération du genou récente tenait à participer à la soirée. Avec ses béquilles, elle traverse difficilement la foule. Un peu plus loin, une maman tente de tenir son enfant qui se traîne par terre, "oui tu seras fatigué demain mais ce n’est pas grave." Dans la rue, un autre garçonnet, celui-ci est en pleine forme, danse au milieu de la foule au rythme des percussions. Le petit Michael Jackson en herbe fait des émules et ses nouveaux fans tentent de suivre ses pas de danse endiablés.

Mais il n’y a pas que les socialistes qui dansent ce soir. Les militants du Parti Communiste et du Front de Gauche se sont réunis sur le cour d'Estienne d’Orves.