Les prothèses PIP s'exposent à la piscine Frais Vallon

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le 19 Avr 2013
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Les prothèses PIP s'exposent à la piscine Frais Vallon
Les prothèses PIP s'exposent à la piscine Frais Vallon

Les prothèses PIP s'exposent à la piscine Frais Vallon

La piscine de Frais Vallon est censée être fermée pour cause de travaux. Devant l'entrée, les passants ne se doutent pas de ce qui s'y trame. Pourtant, à l'intérieur, c'est l'effervescence. La piscine a été vidée de son eau et transformée en scène de concert. Une multitude de personnes s'accaparent chaque mètre carré du bâtiment. Certains accrochent des projecteurs, d'autres installent micros et enceintes à l'intérieur du bassin. Des gobelets de couleurs sont posés en désordre sur un côté de la piscine.

De l'autre côté, deux jeunes hommes s'activent à suspendre, à l'aide d'un filet, des prothèses mammaires PIP. Celles-là même qui sont au centre l'actualité avec le procès en cours. Cette installation sculpturale appelée "Abîme" met en avant le corps humain et sa fragilité. Camille Lorin, créatrice et auteur de cette oeuvre, veut transmettre "l'idée du danger que l'on entend, que l'on imagine à travers le mot abîme".

Préservatifs et chiens agressifs

A proximité du local où l'on range des cintres, Laurent Lebouhris est en train de gonfler une multitude de préservatifs qui s'empilent en quelques secondes jusqu'à remplir la petite pièce. En t-shirt à rayure horizontale rouge et en jean, il installe sa création "mute in situ in temporis" qui doit produire tout au long de son spectacle des préservatifs indexés en fonction de l'accroissement continu de la population mondiale. La visite se poursuit dans les vestiaires avec Mireille Batby, initiatrice du projet et membre du Label Marseille. "Certains vestiaires individuels permettront aux visiteurs d'écouter de la musique", indique-t-elle. D'autres sont déjà envahis par des peintures représentant des chiens "agressifs".

Les locaux collectifs sont utilisés comme des ateliers de préparation et les spectateurs pourront participer à une création expérimentale intitulée "aller à Eurydice", qui consiste à donner à la personne immobile une impression inédite de mouvement à partir de la lumière et du son. Selon Mireille Batby, le thème du silence est à l'origine de cette soirée. Rien de mieux qu'une nuit pour développer ce thème, le moment où le bruit du silence est le plus significatif et dans un lieu où celui-ci est amplifié par la structure d'une piscine.

Les habitants écartés du projet

Avec son toit ouvrant en forme de tournesol, la piscine de Frais-vallon est un des derniers vestiges d'un programme national de création de "1000 piscines" dans tout l'hexagone. Mais ce n'est pas la raison du choix de ce lieu, pas plus que le fait qu'elle soit implantée au cœur d'une cité populaire. De fait, c'est la Ville qui a orienté leur choix vers cette piscine des quartiers nord.

Cette implantation n'a pas été accompagnée d'un travail avec les habitants. D'ailleurs, autour du lieu, personne n'est au courant du spectacle à venir. Interrogés, les passants se disent désireux d'y assister même si rien ne les incite. Il y a un mois, Label Marseille a bien tenté d'associer les structures du quartier mais celles-ci se sont montrées virulentes. Dans un mail, la directrice du centre social s'étonne qu'aucune rencontre n'ait eu lieu avec les acteurs locaux.

Frais Vallon est riche de projets, d’initiatives, des artistes y interviennent depuis longtemps et co-contruisent des projets avec des habitants, des militants associatifs, des travailleurs populaires. Vous comprendrez donc que nous ne répondions pas favorablement à votre indécente demande de “matière première” à savoir des habitants, ce n’est pas comme cela que nous travaillons au quotidien, un projet se mûrit et s’envisage en respectant le temps de chacun, et par dessus tout celui des habitants.

C'est donc dans une atmosphère d'incompréhension et un manque de concertation que va se dérouler samedi soir le prochain événement du Off de Marseille 2013.

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Commentaires

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  1. mo mo

    Frais Vallon est riche de projets, d’initiatives, des artistes y interviennent IL Y EN A MËME QUI Y VIVENT depuis longtemps et co-contruisent des projets avec des habitants, des militants associatifs, des travailleurs populaires.

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  2. Batiment E Batiment E

    Le jour de l’inauguration de la piscine il y a plus de trente an, j’y étais avec mon petit sac avec à l’interieur un maillot une serviette et un gouter. Parmi les 200 gamins venus de tous les quartiers du 13ième les gars du Petit séminaire nous avaient feinté comme jamais et pour cause, ils étaient déjà en tenue “slip et “en” torse nu”. Gouter au privillège de plonger dans une piscine “d’huile” voilà où se situaient les enjeux de pouvoir à l’époque, je constate aujourd’hui que l’acte ultime de transgression à Marseille pourrait être allez je me lance, d’ouvrir grand les robinets, remplir le vide et flotter. Eh oui à force de vouloir détourner les sens autrement dit le fond de commerce d’artistes en manque d’inspiration, on finira bien à arriver au grand jour où nos reves tomberont à l’eau.
    PS;Eh FV tes vagues me jatouillent les pieds et je rigole encore Merci frais vallonu sempre

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  3. Anonyme Anonyme

    Je rentre tout juste de cet “événement”. Le seul mot qui me vient a l’esprit est “pathétique”. Des expositions lamentables, des performances assourdissantes et complètements nulles. Bref, encore une fois de “l’art pour l’élite”. Je me dit que les habitants du quartier ont finalement eu de la chance d’échapper a ce genre de débâcle. En espérant que ce type d’incident ne se reproduise plus et en souhaitant a Mme Batby une heureuse reconversion …

    JJ.

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  4. frederic frederic

    Une soirée pas vraiment intéressante. A part l’installation des prothèses PIP, et une autre avec des capotes gonflables avec le compteur de naissance dans le monde qui était une alégorie à la surpopulation, tout le reste n’est que gesticulation vide de sens et donc d’intérêt.
    Un lieu décalé certes mais les spécificités n’ont pas été prises en compte: une lecture où on n’entendait rien, une sorte de performance au micro (de l improvisation sûrement) avec des guitares saturées (pas vraiment intéressant et chiant), une projection au fond de la piscine où on pouvait s’asseoir mais on ne voyait rien s’afficher et un bruit strident assourdissant etc… Et surtout pas de réelle relation avec le public qui restait médusé autour du bassin.
    J’ai eu l’impression de voir quelques cultureux s’encanailler dans les quartiers nord, sans faire participer les gens des quartiers… il n y avait d’ailleurs aucune signalétique pour promouvoir aux abords l’événement. Bref, raté. Et c’est vraiment dommage !

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  5. Steph Steph

    C etait vraiment de circonstance : avec cette soiree, on a touche le fond (de la piscine. ..). Un plongeon vers la mediocrite, une brasse coulee mettant en lumière la nullite de cultureux (au sens le plus pejoratif qu il soit) tellement surs d avoir un talent que personne jamais ne verra ec(h)lore ! Et la culture dans tout cela, me demanderez-vous ? Et bien comme l ecrivait gainsbourg : noyée au fond de la piscine !!

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  6. zaqsa2000 zaqsa2000

    encore une mamelle de la contre culture abracadabrantesque !!!

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