Les planètes politiques s’alignent pour accoucher d’une cité scolaire internationale
La région, la ville de Marseille et le département ont annoncé de concert la création d'une cité scolaire internationale sur le périmètre d'Euroméditerranée 2. Promise par le gouvernement en 2013, incluse dans le programme du maire en 2014, cet établissement de 2000 élèves devrait voir le jour en 2022. Entre les trois collectivités, les négociations ont été rudes.
Martine Vassal, Jean-Claude Gaudin, Christian Estrosi, Renaud Muselier et Yvon Berland annoncent la création d'une cité scolaire internationale. PHOTO : B.G.
À défaut d’astres alignés, voilà donc des présidents et une présidente, tous de droite, réunis pour annoncer le même événement. Heureux, puisqu’il s’agit d’une naissance et d’une promesse électorale : installer à Marseille, sur le périmètre d’Euroméditerranée 2, une “cité scolaire internationale”. Il s’agit d’un établissement scolaire public de la maternelle au lycée, destiné à former en plusieurs langues les élèves de la région et les enfants d’expatriés.
Heureux, ils le sont pour les photographes, affichant des sourires de circonstances. “C’est la première fois que nous nous retrouvons ensemble, insiste Christian Estrosi. La région n’est pas la tutelle de qui que ce soit. Il s’agit là d’un choix politique de Jean-Claude Gaudin et Martine Vassal, pour la Ville, la métropole et le département que la région accompagne.”
Dans la foulée, Christian Estrosi avance le chiffre de “50 % d’efforts supplémentaires en faveur de ce territoire en une seule année d’exercice. Cela correspond à 834 millions d’euros pour la métropole et 486 millions d’euros pour la Ville de Marseille à l’intérieur de cette enveloppe”. Une manière de répondre aux critiques de ceux qui voient la région pencher à l’est et “déverser l’argent” sur la métropole niçoise plutôt que sur la capitale régionale. Manière aussi de souligner que si les planètes sont politiquement alignées, rien n’est dû et tout doit se négocier parfois âprement. Le dernier avatar est le soutien différé de la métropole au grand prix de Formule 1 du Castellet.
En évoquant le périmètre retenu pour la cité scolaire, Martine Vassal note, que c’est “là où le département met beaucoup d’argent”. Et ajoute, taquine : “Pour permettre à ce territoire d’être à la hauteur de ce qui se fait dans les Alpes-Maritimes. Au hasard…” Christian Estrosi, le nez dans ses notes, ne relève pas.
“Avant, Gaudin et Guérini décidaient tout tous seuls”
Présent à la tribune, le président délégué de la région et ancien dauphin du maire, Renaud Muselier a cette explication : “Avant, Gaudin et Guérini décidaient tout tous seuls et ignoraient Vauzelle politiquement. La région était au mieux un tiroir caisse. Désormais ils ont une région qui existe avec un projet politique. Forcément ce n’est plus pareil.”
Dans l’entourage du maire, on modère. “Jean-Claude Gaudin voulait deux choses de la région : cette cité scolaire internationale et le paiement des formations de la seconde école de la deuxième chance. Il a la première et l’autre est en bonne voie.” Tout va donc très bien au pays des sourires crispés.
Huitième lycée international de France
En 2022, au mieux devrait s’ouvrir sur Euroméditerranée 2, “dans l’emplacement possible le plus proche du centre-ville” une cité scolaire de 25 000 mètres carrés. Déjà pas simple à trouver. “Sa localisation exacte sera connue en septembre, assure Maurice Battin, conseiller régional délégué aux lycées. Mais depuis le 8 février dernier, date du premier comité de pilotage en préfecture, des comités de travail ont été constitués.”
Absents de la conférence de presse pour cause de période de réserve, le rectorat et la préfecture sont toutefois à la manœuvre. Même si le projet d’un “collège privé dans le secteur” est maintenu par Martine Vassal, le futur établissement sera public. Réponse lointaine à une promesse du premier ministre Jean-Marc Ayrault en 2013. “L’État est partie prenante puisqu’il faudra une loi pour donner naissance à cet établissement, le 8e en France, appuie Maurice Battin. C’est aussi l’État qui devra instituer sa gouvernance, le doter d’un statut dérogatoire par rapport à la carte scolaire et signer des accords bilatéraux pour la mise à disposition des professeurs étrangers.”
2000 élèves dont 1000 lycéens
Japonais, coréen, langues orientales ou méditerranéennes… La liste des 15 langues dont la formation fait encore défaut n’est pas encore établie. Elle dépendra du travail avec le rectorat, en charge des contenus. Ce n’est pas la seule inconnue du dossier.
La région a accepté d’être le pilote du projet en assurant la maîtrise d’ouvrage du chantier mais la répartition du coût de 65 millions d’euros n’est pas arrêtée. “Comme dans les autres cités scolaires qui réunissent plusieurs établissements et donc plusieurs collectivités, nous signerons une convention, assure Christian Estrosi. Les financements se feront au pro rata du nombre d’élèves pour chaque degré et du nombre de mètres carrés qu’occuperont l’école, le collège et le lycée.”
“Méritocratie républicaine”
Pour l’heure, la région table sur 2000 élèves dont 1000 lycéens, 750 collégiens, et 250 écoliers, plus un internat de 150 places “destiné à accueillir les élèves les plus méritants de la région”. Là encore, il y a du travail pour définir le mode de recrutement. Sur concours ? Sur dossier ? Priorité aux enfants d’expatriés ? Outil d’attractivité, Christian Estrosi veut en faire aussi l’expression de “la méritocratie républicaine (…) les jeunes de Marseille méritent le meilleur”, insiste-t-il.
D’ailleurs, les patrons des chambres consulaires, mais aussi le président d’Aix-Marseille université Yvon Berland insistent sur la nécessité de cette établissement à même de rassurer les cadres et les chercheurs qui débarquent avec leur famille. Le même Yvon Berland évoque des formations post-bac “dans l’hôtellerie et le tourisme” comme piste possible pour étirer jusqu’à l’enseignement supérieur la vocation de cet établissement unique. Tout n’est donc pas ajusté, mis à part les planètes alignées et l’orbite de cette station scolaire internationale.
Commentaires
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Bonjour,
L’étiquette de cité scolaire n’est-elle pas seulement un moyen d’éviter un recrutement par la voie (normale) de la carte scolaire et de permettre de choisir les usagers de ce groupe scolaire afin d’éviter que les miséreux des quartiers limitrophes du 3e et du 2e ne viennent ternir l’image d’un collège et d’un lycée destinés aux classes supérieures ? Bien entendu, on réservera quelques places aux plus “méritants” histoire de dire qu’on est pas sectaire.
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Bonjour
effectivement, en marge de la conférence de presse, le statut dérogatoire à la carte scolaire a été évoqué. C’est souvent le cas de ce type d’établissement à vocation internationale.
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