Les fêtes de quartier qui tombent à l’eau

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le 14 Juin 2011
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Les fêtes de quartier qui tombent à l’eau
Les fêtes de quartier qui tombent à l’eau

Les fêtes de quartier qui tombent à l’eau

Les prochains rendez-vous du Plateau sont annulés, idem pour l’Estaque en fête et le festival du Soleil. Que se passe-t-il ? Pourquoi les fêtes de quartier sont en péril ? Les organisateurs prennent la parole.

Dans le quartier du Cours Julien-la Plaine, les trois prochains rendez-vous du plateau sont annulés. Les spectacles de rues prévus les 18 – 19 Juin et le 30 Juillet tombent à l’eau, tandis que la programmation du 24 Septembre reste en attente. Les organisateurs tentent de maintenir cette dernière date, importante dans le calendrier des Marseillais puisqu’elle correspond à l’ancien festival du Plateau. La décision finale dépendra des budgets accordés.

« Nous avons demandé pour les rendez-vous du Plateau  40 000 € de subventions à la ville de Marseille (somme identique à 2010), nous en avons obtenus 23 000 €. Au conseil général, c’est 80 % de moins que l’an passé : nous avons reçu une promesse de 10 000 € alors que nous avions demandé 56 000 € (somme identique à 2010). Quant au conseil régional, c’est la douche froide. Nous avons appris par la presse leur désengagement total ». Marianne Doullay, coordinatrice générale des rendez-vous du Plateau, ainsi que les autres permanents au sein de l’association Cours Julien qui organise l’événement depuis douze ans, ont découvert en lisant un article publié par La Marseillaise le 9 Juin que leur dossier n’était plus « en cours de traitement » mais que la décision était prise, estimée à zéro euro de subvention. Dans la presse, ils ont appris également que c’est en raison « de problèmes d’aspects techniques et sécuritaires du public » prenant en exemple des « débordements violents observés l’année dernière par des chefs de projet ».

Une explication que l’association ne comprend pas : « Nous travaillons avec des services techniques de la mairie, dont la police. De plus, nous avons remis en question le festival du Plateau pour créer un événement déconcentré et divisé en plusieurs rendez-vous organisés tour à tour sur différentes places publiques du quartier. Ce changement a été entrepris justement pour renouer avec quelque chose de plus intime », précise Nicole Bargigli, coordinatrice événementiel. Le président de l’association Cours Julien conclut par quelques mots incisifs : «  il y a un décalage entre la créativité, sur le terrain, des expressions culturelles urbaines, et l’appréciation de ceux qui apportent les financements. Ces derniers jouent au yoyo alors que la population est là, tous les jours. C’est une tombola à un tour. »

Tous les membres du bureau de l’association s’interrogent sur la répartition des subventions : « quels sont les voies que choisissent nos politiques pour l’accès à la culture ? 2013, nous l’appréhendons mal. D’ailleurs est-ce que nous serons toujours là ? », s’interroge Marianne Doullay. « A qui cela profite à part les promoteurs immobiliers ? On se dit souvent vivement 2014, que l’on revienne à la normale », ajoute avec une pointe d’ironie Nicole Bargigli qui rappelle que les fêtes de quartier historiquement sont aussi à l’initiative du conseil général. L’association, interrogée sur la différence avec la fête du Panier qui n’a pas connu les mêmes soucis financiers, n’a aucune explication à donner. Toutefois les membres permanents s’accordent tous à dire que cela reste sans aucune rivalité et que c’est une bonne chose pour leur secteur.

Estaque : le comité des fêtes en déficit

Le comité des fêtes de l’Estaque a également annoncé dans un communiqué publié le 8 Juin sur le site le Petit Estaquéen qu’il a décidé de ne pas reconduire sa manifestation en 2011. Pour comprendre ce choix, le comité dresse un petit état des comptes de l’année précédente : « en 2010, Estaque en Fête présente un déficit de près de 10 000 euros pour des subventions et des soldes de subventions non versées. Nous décidons alors de reconduire la Fête en 2011 à la condition d’obtenir un engagement financier ferme des institutions ».

Manifestement, le comité ne s’est pas fait entendre. « Nous sommes amers face à l’absence de prise en compte de nos impératifs, à l’absence de réponse ainsi que du manque de mobilisation des institutions », précise ce même communiqué. Les organisateurs expriment leur colère en une phrase : « messieurs et mesdames les élus, il s’agit là d’une injure au bénévolat ». Pour renflouer leurs finances puisque le déficit n’est toujours pas comblé à ce jour, le comité des fêtes organise le 18 Juin un vide grenier sur l’Estaque, le 28 Juin une soirée ciné-repas à l’Alhambra avec la projection d’un film sur la fête de 2010. Un loto devrait avoir lieu courant Novembre.

Festival du soleil marque une pause

Dans le quartier de Noailles, le festival du soleil est également annulé. Il s’agit ici essentiellement d’un besoin de faire le point avec les habitants, explique Xavier Blaise, directeur de l’association organisatrice Le mille pattes. « En quinze ans d’organisation, le festival a grossit et nous manquons de moyens surtout en termes humains. La décision d’annulation a été prise cet automne lors d’un conseil d’administration. Nous avons réalisé un sondage auprès de 150 personnes dans lequel des habitants et commerçants de Noailles se sont exprimés : certains sont satisfaits de la programmation et de l’ambiance, d’autres se plaignent de problèmes de sécurité liés à l’événement. L’opinion générale est partagée, c’était donc le moment de faire une pause. Nous espérons reprendre dès l’année prochaine ».

L’association propose le samedi 25 Juin une manifestation de remplacement intitulée Place au soleil, un nom qui fait référence au traditionnel festival du soleil et qui en conserve l’esprit. Celui-ci prend place grâce à un transfère des moyens financiers, qui lui aussi a été revu à la baisse. « Nous avons obtenu de la part du conseil général et régional 12 000 € chacun, soit deux fois moins de subventions qu’habituellement », précise Xavier Blaise.

Débat sur la place de la culture populaire

En vue de Marseille-Provence 2013, l’engagement financier revu à la baisse par les collectivités dans les fêtes de quartier déstabilise les associations organisatrices. Il ne faut pas oublier que ces manifestations culturelles gratuites conçues dans une logique de réappropriation de l’espace public permettent de nouer du lien social. Elles mobilisent à chaque fois les habitants et une multitude d’associations locales. Economiquement, son annulation est aussi un manque à gagner pour les intermittents du spectacle dont le métier est souvent  déjà précaire.

Le conseil général nous a indiqué que si les associations se sentent en danger ou s’inquiètent quant à l’avenir de leurs fêtes de quartier, ils sont prêts à les recevoir pour réétudier ensemble leurs dossiers. « Ce qui ne signifie pas pour autant qu’on leurs accordera les mêmes budgets que l’an passé. Étant donné qu’il y a eu trois mois de période électorale, ces budgets ont déjà été voté le 29 Avril 2011. Nous disposons de 98 millions d’euros pour la vie associative, une somme identique à 2010. La différence est que ce
lle-ci est  répartie entre un nombre grandissant de structures. Cette année le partage se fait entre 4600 associations ».

Ces explications restent évasives. On en vient à se demander combien d’associations ont pu être crée en une année pour voir entre-autre le budget accordé à l’association Cours Julien réduit de moins 80% entre 2010 et 2011. La situation inquiète. Un débat public est d’ailleurs organisé ce lundi 20 juin 2011 à partir de 17h aux fontaines du cours Julien, avec pour thème la place de la culture « populaire » à Marseille. Ils invitent à ce rendez-vous l’ensemble des structures culturelles et /ou sociales, associations, individus, porteurs de projets, media, élus, enfin tous ceux qui se sentent concernés et menacés.


Cours Julien, Marseilles, France

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Commentaires

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  1. geneker geneker

    pour avoir des subventions il faut offrir des croisières aux vieux électeurs de la circonscription… (cf. les canard enchainé du 7/06). pour le reste la mairie s’en bas l’œil des fêtes de quartier (le we dernier au panier il fallait voir les poubelles pleines dés 17h…) nous vivons dans une ville gérée par des politiques ringards de tout bord.

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  2. druide67 druide67

    Allez voir le juge Duchaine, il a récupérer quelques millions en suisse qui pourraient largement combler les 80% que ne donne plus le conseil général.

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  3. Jexprme Jexprme

    Ras le bol de ces associations qui veulent faire des fêtes avec l’argent du contribuable qui bosse et qui ne peut pas dormir car des zoos font la bringue avec ses impôts !!!!

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  4. Jexprme Jexprme

    Des zozos…..

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  5. Liseron duveteux Liseron duveteux

    Les bons payent,pour les mauvais.
    On pourrait le dire comme ça.
    En soutien,à ceux qui voudraient apporter du festif,”au peuple”.
    Mais ne sont-ils pas l’arbre qui cache la forêt?
    Et là il ne s’agit plus de forêt mais bien de jungle!
    La loi 1901,est ce qui,il y a de plus tortueux, de plus corrompue,de plus vicieux,produit par la 3ème République.
    Cette loi,est une véritable arme de destruction massive de la société,entre les mains de nos politiques de tout bords.
    Le détournement d’argent produit par cette loi,pourrait pallier à tout plein de problèmes,dont ces mêmes politiques nous disent qu’ils sont sans solution.
    Mais comme nous avons les politiques que l’on mérite…
    Nous avons qu’a nous en prendre à nous mêmes.

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  6. Carla2marseille Carla2marseille

    C est vraiment malheureux que les fetes de quartier disparaissent peu a peu a cause du manque de soutien des institutions. Ces fetes sont populaires, gratuites, familiales et permettent aux gens d un meme quartier de se rencontrer. En plus, elles reposent souvent sur le benevolat, l engagement des habitants et les budgets ne sont pas tres importants. On va etre capitale de la culture mais on commence par faire disparaitre ce qui est accessible a tous. Quand on voit les subventions distribuees a certains, cela fait mal au coeur. Le departement et le conseil regional donnent des milliers et des milliers d’euros au festival d Aix alors que le prix des places est innacessible et que la programmation est tres elitiste Le pire, c est le conseil regional: j ai appris qu il subventionnait depuis des annees le Festival de Cannes! Comment l argent public peut il servir a financer cette manifestation alors qu on nous dit qu il n y a plus d’argent pour aider les fetes de quartiers, les clubs de foot ou les petits theatres? Ce sont les memes apres qui nous donnent des lecons sur la lutte contre l argent roi, la lutte contre les inegalites et l’injustice! Et en plus, geneker a raison: pour financer des croisieres avant les elections, ( voir le canard enchaine du 7/06 ), comme par hasard on trouve de l argent. Tout ca est bien triste!

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  7. lucide lucide

    Les fêtes meurent aussi d’ennui. On y voit des programmations indentiques avec une ambiance retour de Katmandou complètement surannée. En outre, il me parait plus efficace de nommer aux postes qui délivrent les indispensables subventions des gens plus à même d’apprécier la qualité de ces fêtes pour ce qu’elles procurent comme plaisir.

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  8. Casanovette Casanovette

    Tout bonnement navrant … y a pas d’autres mots.

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  9. Jacques Jacques

    Je ne sais pas à partir de quel âge les électeurs sont vieux -sans doute dès la vingtaine, selon les enfants- mais ce sont surtout les tortures et actes de barbarie pénaux -même requalifiés par le Procureur de la République de Marseille « d’incivilités »- que ne supportent plus ces « vieux », surtout de la part de mineurs et de « jeunes » !!!

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  10. tooons tooons

    Il faut continuer a faire la fete !
    Pas besoin de tant d’argent, c’est quand meme beaucoup de fric pour une scene avec 4 lumiere qui vont bien et dont on a pas besoin !
    Par contre j’espere que les sous non versé a ces association (qui sont un peu demago avec leur programmation à la con de tourneur debile de musique actuelle (apart pour la fete du soleil qui permet a des jeunes de se faire plaisir) Jespere que ces sous iront a des nouvelles asso qui auront du punch et des projets sympa.
    .. et non a des budgets camera de securité ou autre truc repressif…

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  11. Jacques Jacques

    Etant un travailleur, je ne dispose pas d’autant de loisirs que les rentiers de Marseille pour lire tous les jours les publications de la toile.

    Je constate que depuis mon commentaire, d’autres interventions ont été publiées.

    A « Marre des k’ons » (qui doit être un expert en la matière !), je préciserais que la répression des tapages nocturnes, des tortures et actes de barbarie me semble plus justifiée que celle des tapages diurnes des travailleurs à la demande des tapageurs nocturnes comme c’est le cas à mon encontre !

    Je crois que nous n’avons pas la même définition des échanges culturels !

    Et j’ai cru comprendre qu’en plus vos osiez avouer que les bénévoles des asso (puisqu’ils ne travaillent pas plus de 24h d’affilé ailleurs !!!) sont payés !!!

    C’est sur, je voterai aux prochaines élections pour un candidat respectueux de l’égalité républicaine constitutionnelle, ne vous en déplaise !

    Bravo à Manipulite, j’exprime et Liseron duveteux. Cet argent serait mieux placé dans les écoles publiques, qu’on ne cesse de supprimer, pour mieux éduquer les enfants des vrais travailleurs !!!

    Et qu’on nous dise combien coûtent réellement les infirmières, enseignants ou policiers, bien plus utiles mais qu’on supprime, par rapport à tous les salariés des assos, non seulement inutiles mais nuisibles la plupart du temps, du moins les institutionnelles largement subventionnées, même quand elles n’ont aucune activité (cf. notamment celles subventionnées par le CR !!!) contrairement aux vraiment utiles avec que des bénévoles et des adhérents contributifs financièrement bien souvent (ainsi, par exemple, les assos laïques de défense des malades n’ont absolument aucune aide et ne sont pas reconnues d’utilité publique !).

    A lucide : ce qui m’étonne à Marseille, c’est qu’on ne voit jamais dans ces fêtes de cultures locales, à commencer par la provençale, mais que des étrangères, bien souvent à l’Europe, contrairement à la Bretagne, l’Espagne ou l’Italie (et alors même qu’il y a aussi plein d’Italiens, d’Espagnols, voire de Bretons habitant Marseille qui voudraient aussi voir leur culture d’origine à l’honneur dans leur ville !).

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  12. marseilleauxprovencaux marseilleauxprovencaux

    ma réponse à Jacques qui écrit: “ce qui m’étonne à Marseille, c’est qu’on ne voit jamais dans ces fêtes de cultures locales, à commencer par la provençale, mais que des étrangères, bien souvent à l’Europe, contrairement à la Bretagne, l’Espagne ou l’Italie (et alors même qu’il y a aussi plein d’Italiens, d’Espagnols, voire de Bretons habitant Marseille qui voudraient aussi voir leur culture d’origine à l’honneur dans leur ville !).”

    Suis ENTIEREMENT d’accord avec vous!!! La culture de PACA est en complète dégénérescence et on n’a pas fini d’en voir de toutes les couleurs avec MP2013!!!

    hélas!
    France

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