Les écologistes à hue et à dia à l'approche des municipales

Les écologistes à hue et à dia à l'approche des municipales

Depuis plusieurs semaines, le porte-parole régional d'Europe écologie-les Verts, Sébastien Barles, met en musique le collectif des Gabians avec pour ambition d'offrir une liste de large rassemblement à la gauche du PS mêlant écologistes, personnalités de la société civile et membres du Front de gauche. Le volatile marseillais se laisse porter par un vent dominant au niveau national.

Jean-Luc Mélenchon a lui-même ouvert la porte lundi sur France 2 à des listes "de rassemblement" de gauche sans le PS et cette proposition a pris d'autant plus de corps que Pascal Durand, le secrétaire national d'EELV a lui aussi émis l'idée de passerelles avec le parti de gauche.

Dans la ligne de mire du porte-parole régional d'EELV, l'assemblée générale du mouvement qui doit fixer la ligne politique pour les municipales de 2014. Elle aura lieu le samedi 4 mai. Et c'est aussi dans cette perspective que Karim Zeribi a annoncé sa candidature à la mairie de Marseille ce vendredi. Tout un courant du parti au niveau local – dans lequel on retrouve par exemple la présidente du groupe écologiste au conseil municipal, Michèle Poncet-Ramade – ne veut pas entendre parler d'alliance rouge et verte. Hors de question dès lors de se laisser déborder par les volatiles. Ces derniers jours, les listes mails du mouvement ont chauffé d'un ardent débat entre ces deux  courants.

Le Front de gauche se positionnera en octobre quant à une éventuelle alliance mais celle-ci concentre déjà le débat chez les écolos. Les participants aux Gabians estiment "être d'accord sur l'ensemble des sujets municipaux et communautaire avec le Front de gauche comme cela a été le cas lors du débat sur l'eau", explique Sébastien Barles, élu municipal. Christine Juste, la porte-parole de ville EE-LV réplique illico sur les valeurs du parti. "Européen, fédéraliste et anti-nucléaire", trois points qui posent question avec un Front de gauche qui n'a toujours pas réussi à accorder ses positions en interne sur ces sujets.

"À 6 % dans un sondage"

Lors de cette AG, personne ne devrait proposer d'attelage de premier tour avec le parti socialiste avec qui le parti gouverne pourtant le pays. La question apparaît seulement en creux dans une des cinq contributions rédigées il y a quelques jours et signée par Karim Zeribi : "Est-on en mesure d’attirer des personnalités de tous horizons (autres que des associatifs convaincus par l’écologie politique) alors que nous sommes à 6% dans un sondage du JDD du mois de février dernier ?", s'interroge-t-il ainsi. À l'heure de l'écriture, Zeribi disait n'avoir "aucune certitude" et réclamait "échanges et débat". Les événements l'ont contraint à précipiter son choix et son entrée en campagne, tout en faisant sienne l'idée d'une liste commune.

À l'approche de la réunion, chacun croit en ses chances de l'emporter. Zeribi, fort de ses 21 % aux dernières élections législatives, se place en "candidat naturel" et ramène la question sur le terrain des personnalités. "Mes amis doivent comprendre que faire entre 3 et 6% ne permet pas de peser", lâche-t-il.  Il l'annonce clairement : lui ne conduirait pas une liste Gabians mais pourrait y aller seul si le résultat de l'AG ne lui était pas favorable. Parmi ses soutiens, Michèle Poncet-Ramade n'exclut pas de "reprendre sa liberté" dans ce même cas de figure et dit "aimer beaucoup Marie-Arlette Carlotti". Autre avantage, le président de la RTM sait qu'il n'a aujourd'hui pas d'adversaire pour une tête de liste : les Gabians cherchent encore la personnalité emblématique qui pourrait à la fois incarner le mouvement et mettre d'accord toutes ses sensibilités.

Laurence Vichnievsky sur le départ

Barles, qui peut aussi compter sur le soutien du vice-président de la communauté urbaine Pierre Semeriva, mise lui sur la base militante qui se retrouve sur les mêmes terrains de lutte que les adhérents du Front de gauche. Au sein des Gabians, il a aussi réussi à séduire de personnalités bien connus du monde associatif comme Philippe Foulquier, fondateur de la Friche, Alain Fourest de Rencontres tsiganes ou encore Jean Canton d'Un centre ville pour tous.

L'AG du 4 mai s'annonce à couteaux tirés. Une chose est sûre, Laurence Vichnievsky, symbole fort de l'ouverture née de la création d'Europe écologie, n'en sera pas. Elle sera à Paris à la Cartoucherie pour fêter les 68 ans de Dany Cohn-Bendit. L'ancienne magistrate s'éloigne désormais largement du mouvement et serait assurément la première à claquer la porte en cas d'alliance avec les amis de Jean-Luc Mélenchon. "J'imaginais pour Marseille plus d'inédit, plus de nouveauté", se désole-t-elle tout en estimant une candidature autonome osée : "Nous n'avons pas suffisamment de cadres à présenter. Je me demande s'il ne serait pas plus judicieux de discuter avec nos partenaires de gauche." Elle se voit désormais "membre de la société civile et écologiste" : "Les candidats qui s'ouvriront le plus mériteront d'être aidés". Ceux-là pourraient tout aussi bien s'appeler Marie-Arlette Carlotti ou Patrick Mennucci. Une défection qui pourrait créer un flou supplémentaire dont l'ensemble des écolos n'a certainement pas besoin.