Les dossiers chauds du dernier conseil municipal de l'année

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le 12 Déc 2014
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A l'approche des fêtes, le menu allégé du conseil municipal répond enfin à la promesse du maire concernant le nombre de délibérations soumises au vote. "Avec 250 rapports, nous sommes en dessous des 300 comme le souhaitait le maire. Il n'est pas certain qu'il dure moins longtemps pour autant", note Yves Moraine, lors du traditionnel repas de presse préparatoire au conseil municipal, jeudi 11 décembre. En revanche, sur le contenu, ce conseil n'offre pas grand chose de très copieux à se mettre sous la dent. 

Du coup, la majorité municipale a fait un peu de remue-méninges pour donner un peu de densité aux débats. Ils ont ressorti le dossier polémique du devenir du hangar J1, sis sur la place de la Joliette. Lors du dernier conseil de surveillance du grand port maritime de Marseille, la présidente du directoire Christine Cabau-Woehrel avait annoncé l'ajournement de l'appel à projets lancé un an plus tôt et censé donner un avenir à ce bâtiment rendu célèbre. Motivé par des soucis de financement de l'installation de la gare maritime du Maghreb au Cap Janet, cet ajournement avait provoqué la colère de Roland Blum, adjoint aux finances et membre du conseil de surveillance du GPMM.

L'avenir flou du J1

Au lendemain des parutions sur ce thème dans Le Marin et Marsactu, La Provence avait servi de véhicule à une proposition de rachat de la Ville, porté le président de la société publique locale d'aménagement, la Soléam. C'est le même Gérard Chenoz qui a remis le couvert sur ce sujet, ce jeudi, notamment épaulé par le premier adjoint Dominique Tian. L'un et l'autre font état de deux courriers du maire, officialisant cette proposition, l'un à Christine Cabaud-Woerhel, l'autre à Michel Cadot en personne. "Il serait bon que la Ville bénéficie de votre aide pour le Port consente à le lui céder", demande le maire au préfet.

En dehors de ces courriers, l'intention municipale reste bien floue. Le prix de 15 millions d'euros est une évaluation de la Ville "à débattre". La vocation du lieu est d'être "un objet monde" pour renforcer l'attractivité de Marseille. Pour ce faire, le J1 pourrait accueillir "un espace muséal d'art contemporain, un musée naval, un casino, un aquarium géant, un site dédié à la haute plaisance, un night club…" et une colonie entière de ratons laveurs.

L'idée est ensuite de permettre à un privé d'assurer l'aménagement du site pour des sommes allant de "150 à 200 millions d'euros" pour faire de cette "séquence manquante" du triangle d'or un lieu attractif. En revanche, pas un mot sur les aménagements du Cap Janet sans lesquels aucuns travaux d'envergure ne pourront être imaginés et pour lesquels le GPMM attend pourtant un engagement de la Ville notamment dans le cadre de la charte Ville/Port. "Cette charte n'est qu'une étape, estime Dominique Tian. Désormais il faut contractualiser." Lundi, en fin de conseil, la directrice du Grand port recevra la presse et précisera sans doute sur quel point elle souhaite obtenir l'aide des collectivités.

1. Que fait l'Etat avec l'emploi ?

Dans cette même logique interpellative, Dominique Tian lancera les débats par le truchement technique du rapport n°1 qui permet à la Ville de délivrer un acompte à la subvention de fonctionnement d'un certain nombre d'associations oeuvrant dans le champ de l'insertion professionnelle telles que la maison de l'emploi, la mission locale, l'école de la deuxième chance et la cité des métiers. Après avoir souligné la relative résistance de Marseille avec 12,4% de chômeurs en août comme il l'avait fait sur le plateau de Marsactu, l'adjoint à l'emploi a fustigé le désengagement de l'Etat dans les structures qui oeuvrent selon lui à réduire ce chiffre. "La cité des métiers aura 321 000 euros en moins, la maison de l'emploi aura perdu 44% de son budget entre 2012 et 2014 du fait du désengagement assez incompréhensible de l'Etat." En appui, le président du groupe UMP, Yves Moraine martèle : "La Ville de Marseille ne palliera dans aucun domaine le désengagement de l'Etat."

3. Le Tore n'en finit plus d'être rénové

À l'hiver 2013, Marsactu s'était intéressé à cet imposant édifice planté au milieu d'un carrefour, aux Chutes-Lavie. Baptisé Le Tore ou encore pavillon de partage des eaux, il était une pièce importante du dispositif hydraulique qui permettait d'acheminer l'eau jusqu'au Palais Longchamp et d'abreuver Marseille depuis le canal éponyme. Sauf que le bel édifice aux allures de phare part en capilotade depuis. En 2010, le conseil municipal avait financé 220 000 euros de travaux d'urgence qui n'ont pas permis "d'assurer la conservation de ce bâtiment". En 2012, 250 000 euros d'autorisation de programme avaient été débloqués pour financer les études. Celles-ci ont fini par déboucher sur un projet de restauration avec un montant de travaux estimé à 1,4 millions d'euros. "Pour assurer le financement de cette opération, il conviendra de faire appel aux partenaires financiers de la ville de Marseille, au taux le plus élevé possible", note le rapport.

En termes administratifs, cela signifie que la Ville n'a pas un radis pour payer les travaux et devra solliciter les collectivités locales et l'Etat si elle veut éviter que le pavillon ne s'effondre. Il en va de même pour le bâtiment qui accueille le théâtre des Bernardines. L'architecte des bâtiments de France a "attiré l'intention de la ville sur des problèmes structurels visibles" – de grosses fissures. Résultat des courses : 240 000 euros à trouver. A votre bon coeur, messieurs, dames.

55. Un centre aéré à Belsunce ?

Depuis des années, l'ancien parking du commissariat du 1er arrondissement est en jachère. Il faisait alors office de parking informel de Belsunce, à deux pas de celui géré par Vinci, sur la place de la Providence. Le 18 août 2011, à l'époque du "parking volé" de la porte d'Aix, il a "fait l'objet d'une opération de sécurisation", comme le formule une délibération d'octobre de la même année. La Ville fait alors jouer son "droit de priorité" sur une vente de terrain de l'État, avec l'idée de l'intégrer dans l'opération de renouvellement urbain "Grand centre ville". La vente est conclue en 2013 entre le ministère de l'Intérieur et l'un des bras immobiliers la Ville, la Soleam.

Mais entre-temps, signe que le temps administratif et immobilier n'est pas celui des automobilistes, le cadenas saute et le parking sauvage a repris du service. Rebelote il y a quelques mois, avec une intervention de la police municipale et une fermeture garantie par un portail. Aux dernières nouvelles, il est toujours en place et la mairie passe à la vitesse supérieure. Dans la délibération proposée au vote ce matin, elle se propose d'intervenir sur cette dent creuse, comme disent les urbanistes. De manière tout aussi imagée, elle explique que "la Ville doit compléter le foncier qu’elle possède déjà afin de cureter (sic) le cœur d’îlot des constructions parasites".

En plus d'une opération de logement et de "mise en valeur du patrimoine remarquable" – les anciens bains douches encore signalés par une enseigne en fer forgé ainsi qu'une cheminée dont l'origine nous est inconnue – la Ville prévoit d'y créer un équipement de proximité d'"au moins 600 m2". La mairie de secteur penche pour un centre aéré, même si le choix n'est pas arrêté. Il serait destiné en particulier aux enfants de moins de 6 ans, qui n'ont nulle part où être accueillis. C'est ce qu'avait noté à la rentrée la maire de secteur Sabine Bernasconi lorsqu'il avait fallu pallier en urgence l'absence d'activités périscolaires le vendredi.

105. Un contrat pour réduire les inégalités d'accès aux soins

Quand Patrick Padovani s'exprime, il n'y a jamais grand monde pour moquer le fond de ses interventions. Même s'il ne sont plus si nombreux à se réclamer du gaullisme social et d'un humanisme universel, deux valeurs que dit défendre cet ancien grognard du RPR. Ce lundi, il présentera les grandes lignes du contrat local de santé signé avec l'Agence régionale de santé, la région, la préfecture et le conseil général pour la période 2014-2016. Volet sanitaire du contrat de ville, il permet de programmer l'action publique dans les territoires les plus précaires. Il s'appuit notamment sur les statistiques de l'Observatoire régional de santé qui a réalisé une étude précise de l'état sanitaire des populations et les inégalités qu'elles subissent dans l'accès aux soins. En revanche, le diagnostic plus fin du site Marseille Observation Santé n'est pas accessible au grand public mais aux seuls acteurs intéressés. 

Le contrat local de santé proposé au vote se donne pour but de combattre les inégalités manifestes dans l'accès aux soins et leurs conséquences sur les populations que cela soit dans la mortalité précoce, le taux de maladies chroniques ou l'absence d'accès aux services de prévention. Le CLS 2014-2016 s'est doté de trois axes d'actions prioritaires : "promouvoir l'égalité devant la santé dès les premiers âges de la vie, anticiper et accompagner le vieillissement, la prise en charge des personnes atteintes d'un handicap et 'accès aux soins la prévention et l'amélioration de la prise en charge."

152. Les 450 000 euros de la Buzine

Comme chaque année, la Ville vote les contributions financières qu'elle verse aux délégataires d'équipements culturels. Sont concernés, le café musique L'Affranchi qui occupe l'auguste place de la dernière salle dédiée au hip hop à Marseille. Pour ce faire, la salle de Saint-Marcel perçoit chaque année 270 000 euros. De l'autre côté de l'Huveaune, le château de la Buzine dont nous interrogions récemment le projet culturel perçoit pour sa part 450 000 euros.

197. Le conseil mondial de l'eau garde sa subvention

On ne pourra pas reprocher à la ville de Marseille de couper les vivres à une association. Elle devrait voter le versement de 220 000 euros au conseil mondial de l'eau (CME), qui pourrait bénéficier d'une subvention totale de 440 000 euros en 2015. Depuis l'installation du siège du CME à Marseille, la mairie finance environ un cinquième de son budget, avec un pic pour le forum mondial de l'eau 2012 organisé au parc Chanot. "Ce soutien, inscrit dans une première convention en 1996 pour une durée de cinq ans, puis renouvelée successivement en 2002, 2005 et 2012 pour une durée de trois ans, arrive à échéance au 31 décembre 2014", rappelle la délibération.

Lors du dernier conseil municipal, le 10 octobre, l'adjointe UMP Martine Vassal mettait en avant le souci de "ne pas mettre en péril et en danger cette association", dont elle est trésorière au nom de la ville. "Je souhaite quand même qu'on arrive à des économies, d'une manière ou d'une autre, avait ajouté le maire. C'est vrai que nous pouvions assumer notre participation en des temps où nous avions plus de marge de manoeuvre. Là, il faut quand même que nous arrivions à faire un effort."

La délibération proposée ce matin laisse ce point en suspens. Pour 2015, le CME a réclamé 440 000 euros, comme les années précédentes. Il semble que la Ville y soit favorable – le conseil municipal votera sur un acompte de la moitié de cette somme – mais qu'une coupe pourrait avoir lieu plus tard, pour les années 2016 et 2017. Le document cite notamment le "prochain renouvellement des instances dirigeantes du Conseil Mondial de l’Eau à intervenir au cours de l’exercice 2015", sans que l'on sache quelle influence cela peut avoir sur la décision de la Ville. Une "information préalable" qui sera faite en tout début de conseil municipal nous apprend qu'elle a déjà mis fin à la mise à disposition d'une secrétaire et d'une directrice administrative et financière.

212. Un conseil de la French tech

Depuis novembre, Aix-Marseille est une métropole French tech, il va maintenant falloir garder ce label. Celui-ci est en effet soumis à une sorte de phase test d'un an. Elle débouchera sur un audit de la mission French tech, dépendant du ministère de l'Économie numérique. "L'un des attendus pour la confirmation définitive du label French Tech est notamment la capacité du territoire à organiser une gouvernance fédérant l’ensemble des acteurs provenant de « mondes » différents", explique la délibération.   Pour répondre à cette attente, les quatre collectivités réunies au sein de la candidature Aix-Marseille French tech, dont la Ville de Marseille, prévoient la création d'un "conseil territorial du numérique".

Le cahier des charges de l'appel French tech réclamait un tel outil pour "prendre, de manière légitime, les grandes décisions d’orientation du projet, en particulier l’élaboration et la validation de la stratégie à dix ans et des plans de développement triennaux". Le statut de ce conseil est encore à définir, il pourrait même s'agir d'une "structure existante" pour répondre au souci du cahier des charges de "veiller à ne pas ajouter une nouvelle strate de gouvernance inutile sur le territoire". Il bénéficiera en tout cas d'un financement par la Ville à hauteur de 100 000 euros en 2015.

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Commentaires

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  1. JL41 JL41

    Certains croient que le J1 n’est pas inutilisé, mais il abrite actuellement une gare maritime internationale.

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  2. toine toine

    Pourquoi ne pas installer le MAC au sein du J1 puisque la volonté de la ville semble celle de rapatrier ce musée dans un lieu proche de l’hyper centre?

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  3. Anonyme Anonyme

    Merci à JL41 de rappeler qu’il y a une activité portuaire dans ce site. En effet ce bâtiment abrite au RdC des espaces d’embarquement pour les passagers avec véhicules, ainsi qu’au 1er étage une gare, satellite de la gare de la Major, qui dessert 2 postes à quai… mais tous les passants de la Joliette voient bien les navires accostés. N’oublions pas que l’activité première d’un port est de recevoir des navires.

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