Tutti frutti
Les dossiers chauds du conseil municipal du 16 décembre 2015
Après la campagne des régionales et avant la trêve des confiseurs, les conseillers municipaux sont invités à plancher sur près plus de 250 délibérations. Les équipements et les événements sportifs et culturels (jeux olympiques, J1, mécénat sportif, château de la Buzine) y occupent une place de choix.
Les dossiers chauds du conseil municipal du 16 décembre 2015
Les derniers seront les premiers. C’est souvent quelques jours avant un conseil municipal que Jean-Claude Gaudin et son équipe ajoutent à la fin de l’ordre du jour des dossiers chauds ou structurants. Malgré leur importance, ils sont alors programmés en fin de séance.
Ce mercredi, lorsque la réunion débordera déjà sur l’heure du déjeuner, on verra ainsi débarquer les transferts de charge avec la métropole, la subvention au conseil mondial de l’eau, l’avenir du château de la Buzine, le plan municipal dédié à la lecture publique… Nous vous les présentons dans leur ordre d’appartion, mais rien ne vous empêche de lire le dernier en premier…
Rapports n°17 et 170 – Des économies en attendant les JO
Marseille est candidate aux côtés de Paris pour accueillir les jeux olympiques de 2024 et c’est une fierté pour les élus municipaux qui voient là une bonne chance de faire connaître la rade marseillaise aux amateurs de voile du monde entier.
Ce rendez-vous mondial s’inscrit dans la droite ligne des ambitions de la Ville en termes de rayonnement international. Si Paris gagne, Marseille réalisera une “Marina olympique” sur le site de Roucas-Blanc où est déjà installée la base de voile municipale. “Les investissements nécessaires sur les cinq sites retenus sont de l’ordre de 20 millions, détaille Jean-Claude Gondard, le directeur général de services. Sur cette somme, le comité international olympique prend en charge 12 millions. Le reste est à la charge de la Ville et nous en profiterons pour réaliser des aménagements pérennes.” Dans l’intervalle, les subventions dédiées aux clubs sportifs seront-elles rabotées ? “Cette question est étrange. Aucune baisse n’est prévue, bien au contraire”, répond Dominique Tian.
Sauf qu’à la délibération 17, on peut lire que le coût de la réalisation d’études nécessaires à la mise en œuvre de ces aménagements est estimé à 80 000 euros. Cette somme sera directement ponctionnée sur l’autorisation de programme du Plan Nautisme et plongée. “Vu l’état des finances publiques, nous tâcherons de maîtriser les subventions dans les deux à trois prochaines années, reconnaît Jean-Claude Gondard. Mais si notre candidature est retenue, les retombées économiques attendues sont sans commune mesure avec ces économies.”
36 – Un MJ1 très entrepreneurial
Une boîte de nuit, un aquarium, une salle de concerts, un casino… Depuis 2013 et son éphémère destin de lieu d’exposition, l’avenir du J1 interroge. Et pourquoi pas un “hub” de l’innovation, a proposé la Ville au grand port maritime de Marseille, propriétaire des lieux. L’année dernière, ce dossier avait fait l’objet d’un bras de fer entre les deux institutions après l’abandon (provisoire) de la piste des yachts de luxe. La candidature de la Ville, baptisée MJ1 et parsemée de concepts en vogue (co-working, do-it-yourself, open innovation) vise à occuper le deuxième étage pendant deux ans.
Elle se concrétise maintenant dans une association de préfiguration qui doit permettre d’enclencher le projet “dès les premiers jours de 2016”. Cette structure regroupe “la Ville et ses partenaires”, répète à plusieurs reprises la délibération. Mais encore ? Dans La Marseillaise, l’adjoint Gérard Chenoz décrit un fonctionnement calqué sur le Pavillon M, avec des collectivités mais aussi des grandes entreprises, qui pèseront 51 % dans la gouvernance. Des agents de la municipalité devraient être mis à disposition de cet autre type de “vitrine”, entre celles des commerces des Voûtes de la Major et des Terrasses.
59 – L’adieu au ferry-boat
Voilà un sujet qui fait pouffer jusqu’aux élus municipaux. En décembre prochain, la Ville sera enfin débarrassée du frêle esquif qui fait parler de lui depuis la trilogie de Pagnol. La fréquence de ses arrêts techniques, sa sensibilité au moindre avis de mistral en ont fait un sujet de galéjade récurrent. Désormais c’est à la métropole que reviendra la gestion de ce morceau du patrimoine marin marseillais, par ailleurs (mais c’est moins évident) moyen de transport de proximité.
Il sera désormais sous l’autorité de la future métropole et sa gestion confiée à la RTM et la traversée payante (50 centimes l’aller simple). Une deuxième ligne était dans les projets de la Ville afin de relier le quai de la Fraternité au Mucem. Ce sera à la métropole de décider d’en faire une réalité ou non.
181 – Les eaux de la Clect
Avec l’avènement de la métropole en janvier prochain, l’ensemble des communes et des intercommunalités qui seront embrassées dans la future entité ont mis en place des “commissions locale d’évaluation des charges transférées” ou Clect. Ces commissions ont pour objet de faire le tri entre les compétences qui incombent aux communes et celles qui relève de la nouvelle intercommunalité. il lui appartient surtout de définir la manière dont elles sont financièrement compensées, à savoir de déterminer la somme que devra verser la collectivité déchargée à celle récupérant une compétence.
À la création de la communauté urbaine en 2001, Jean-Claude Gondard et Anne-Marie Charvet – son homologue dans la nouvelle intercommunalité avaient donc réparti les charges entre la Ville et MPM. Sauf qu’il y a eu quelques oublis. Le directeur général des services le reconnaît aujourd’hui : “Nous n’avons pas été parfaits dans nos arbitrages”. Parmi ceux-ci, la gestion des eaux pluviales toujours assumée par la Ville alors qu’elle relevait d’une compétence communautaire. C’est en tout cas ce qu’a tranché le conseil d’État en décembre 2013, après qu’un couple marseillais a porté cette affaire devant la justice administrative. À MPM, Eugène Caselli puis Guy Teissier avaient trouvé saumâtre de devoir assumer cette nouvelle mission évaluée à 14 millions par an.
“La Clect a fixé à 10 millions par an cette nouvelle charge communautaire”, explique Jean-Claude Gondard qui cumule les casquettes d’actuel directeur des services de la Ville et futur occupant du même poste à la métropole. Mais il reste d’autres compétences croisées qui pourraient passer d’une institution à l’autre d’ici à 2017. “C’est le cas des arbres d’alignement que la Ville gère pour MPM alors que cela relève de la voirie, tout comme l’éclairage, reprend le haut fonctionnaire. Il en va de même pour les plages. Elles sont de compétences communales mais c’est la la communauté urbaine qui en assure le nettoiement.”
208 – À la Buzine, du ciné et tant d’autres choses
Ses finances redressés, le château de la Buzine va voir ses attributions élargies dans le cadre de la nouvelle délégation de service public. C’est le sens de la délibération proposée à la sagacité des élus municipaux avec un appel d’offres pour six ans. Rénové à grand frais, l’ancien “château de ma mère” de Marcel Pagnol avait peiné à répondre aux ambitions très cinéphiliques de ses premières années. Contestée à ses débuts, l’arrivée de Valérie Fedele, proche de la maire de secteur Valérie Boyer, a donné une nouvelle impulsion à ce coûteux équipement, plus tourné vers la satisfaction du public du secteur que vers celui de l’extérieur.
L’orientation donnée par la nouvelle directrice a servi de base à la nouvelle feuille de route de l’équipement : “Cet espace dédié au cinéma a vocation à s’ouvrir à d’autres propositions artistiques issues de champs aussi divers que les arts plastiques, la musique, le spectacle vivant ou encore le livre et les débats d’idées”. Quant au volet “Marcel Pagnol”, il fait toujours l’objet de visites commentées du château et du parc.
214 – L’ABCD de la lecture publique
En septembre dernier, Marsactu exhumait un rapport très sévère sur l’état du service municipal des bibliothèques réalisé par le cabinet spécialisé ABCD. À l’époque, l’adjointe à la culture Anne-Marie d’Estienne d’Orves refusait de répondre en réservant au conseil municipal de décembre sa prise de parole publique. Nous y sommes.
Mais la délibération omet toute la phase diagnostic et comparaison du rapport ABCD, si ce n’est pour souligner que “le réseau des bibliothèques municipales accueille en effet chaque année entre 1,5 et 2 millions de visites, dont plus d’un million pour la seule bibliothèque de l’Alcazar”. Pour le reste, la délibération liste les préconisations sans mettre un centime de budget supplémentaire en face. En revanche, le maire ou son représentant “est autorisé à solliciter toutes les subventions auprès des différents partenaires aux taux les plus élevés possibles, à les accepter et à signer tout document afférent”. La Ville a signé avec l’Etat une convention pour mettre en place un contrat territoire lecture dont le rapport ABCD était la première étape de diagnostic.
242 – La ville se fait son cinéma sur la Canebière
Ce n’est pas la première pierre mais déjà un bout de terrain. La Ville va récupérer le foncier nécessaire au projet de cinéma et pôle culturel de la Canebière nommé Artplexe. En effet, en octobre dernier, la communauté urbaine avait mis en enquête publique la désaffection d’une partie du square Léon-Blum qui fait face à la mairie des 1er et 7e arrondissements (voir notre article). “Cela doit permettre au projet d’avoir une emprise plus large, au-delà de la seule mairie de secteur qu’il viendra remplacer”, explique la maire de secteur, Sabine Bernasconi, début décembre, lors de la présentation du projet d’hôtel Mercure, à Noailles. “Nous savons que le processus sera long avec les habituels recours sur le permis de construire”, ajoute-t-elle. Le promoteur espérait obtenir un permis de construire début 2016.
245 – Après la culture, place au mécénat sportif
On ne change pas une recette qui gagne. À l’occasion de la capitale européenne de la culture, la ville de Marseille avait mis en place une opération de mécénat, en parallèle de celle de l’association Marseille-Provence 2013. Appuyée sur deux fonds de dotation, elle avait permis de récolter près de 10 millions d’euros, majoritairement déboursés par des grands groupes du BTP ou des services urbains. Cette séquence bouclée, la municipalité entend fusionner les deux fonds (Art et Patrimoine) et surtout les ouvrir à des projets sportifs dans la perspective de l’année 2017 dédiée à cette thématique. Après Areva qui redore son image avec un meeting d’athlétisme, bientôt une course à la voile dans les calanques sponsorisée par Alteo ?
252 – Les navettes d’Ali Baba
La Ville vient de signer une charte de partenariat avec une filiale du géant chinois du commerce en ligne, Ali Baba. L’équivalent chinois d’Amazon a mandaté sa filiale Tmall international pour prospecter le marché local et permettre la vente en ligne “des produits agricoles primaires (fruits, huiles d’olive, miel), des spécialités locales (pâtisseries, épices), des produits cosmétiques, le savon de Marseille, les huiles essentielles, parfums, produits artisanaux et souvenirs touristiques”.
Cette charte a pour objectif de permettre le développement de cette nouvelle filière d’exportation par la recherche de locaux, l’identification des acteurs du “made in Provence” et la mise en place d’une chaîne logistique en partenariat avec le grand port maritime de Marseille. L’avenir économique de la ville passe peut-être par une cigale sur un mur en crépis chinois.
Benoît Gilles et Julien Vinzent
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Lecture publique (214) : comment ça pas “un centime supplémentaire de budget en face” ? Le rapport voté hier comprend 22,35 M€ d’investissement sur la période 2016-2020 pour les projets à mener à bien d’ici la fin du mandat :
– création de la bibliothèque de Saint-Antoine ;
– rénovation de la bibliothèque du Merlan
– Idem Castellane, avec la création de deux autres bibliothèques de poche dans le métro ;
– construction d’une bibliothèque aux Caillols pour remplacer, en plus grand, celle de la Grognarde).
Dans la même enveloppe sont comprises les études à mener pour les chantiers à mener sur la période suivante : reconstruction de la bibliothèque de Bonneveine ; transfert et agrandissement de la bibliothèque des Cinq-Avenues ; création de nouveaux établissements…
De surcroît, ce rapport prévoit un budget pour le développement d’action hors les murs.
En matière de fonctionnement, des sommes sont indiquées par type de bibliothèques.
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Bonsoir
Le rapport 214 n’indique aucun financement et c’est donc à raison que nous le soulignons. Ceux-ci ont été annoncés lors de l’intervention de l’adjointe à la culture qui a effectivement détaillé les éléments que vous rapportez, lors du conseil municipal. Ils sont bien évidemment détaillés dans le programme municipal de développement de la lecture publique, en annexe du rapport. En revanche, la presse ne dispose pas de ces annexes lors du conseil, ce qui nous empêche d’offrir une information complète à nos lecteurs.
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