Les dossiers chauds du conseil métropolitain
Près d'un an après sa mise en place effective, la métropole poursuit son installation. Réunis en conseil métropolitain ce jeudi matin, les élus auront à l'ordre du jour des questions liées au fonctionnement de la nouvelle institution mais aussi des dossiers propres à chaque territoire, avec en toile de fond un besoin de convergence qui a du mal à se faire entendre. Marsactu passe en revue les dossiers chauds de ce huitième conseil métropolitain.
(Photo EG)
Pour la première fois après un an de nomadisme, la métropole s’installe en ses murs, l’ancien hémicycle de Marseille Provence métropole, reconfiguré pour accueillir les 240 élus des 92 communes. “Une gageure dans un délai aussi court”, se félicite le président de la métropole, lors du repas préparatoire au conseil métropolitain, ce mercredi. Seul hic, le système de sonorisation est resté coincé à la frontière italienne “pour des raisons liées à l’état d’urgence” croit savoir Monique Cordier.
Des micros d’appoint seront distribués aux élus. Mais seront-ils suffisant alors qu’à l’extérieur, la CGT promet une première manifestation d’ampleur dans le cadre d’un préavis de grève “global” sur la question de l’harmonisation des statuts (lire notre article). En attendant de vérifier sur place comment le bras de fer se noue, passage en revue des gros dossiers examinés par le conseil métropolitain. Copropriétés dégradés, aide à la pierre, lecture publique, aménagement urbain…
Le grand chantier des copropriétés
Dans la droite suite du rapport Nicol, la métropole doit voter ce jeudi “l’approbation d’un accord partenarial pour une stratégie d’intervention sur les copropriétés dégradées de Marseille”. Cet ambitieux programme associe l’agence nationale d’amélioration de l’habitat à l’ensemble des collectivités locales et plusieurs établissement publics. Il vise en premier lieu les grandes copropriétés dégradées, situées au centre et au nord de Marseille. “Des études complémentaires sur Marseille font état d’un parc privé potentiellement indigne évalué à 40 400 logements, soit environ 11 % des résidences principales”, indique le premier rapport soumis au vote qui affecte 5 millions d’euros au lancement d’études préalables. Le deuxième rapport fixe les objectifs de l’accord partenarial qui doit être mis en route et déployé sur 15 ans pour un montant global de 150 milions d’euros.
Le dernier comité de pilotage, le 16 février dernier, a déterminé plusieurs cercles d’intervention. Le premier cercle concerne les onze grandes copropriétés dégradées (Kallisté, le Mail et Mail G, Plombières, les Rosiers, Consolat, Bellevue, Bel Horizon, Parc Corot, Maison Blanche, la Maurelette). Pour l’heure, l’opérateur n’est connu que pour deux de ces grands ensembles privés, puisque Euroméditerranée doit intervenir à Bel Horizon (3e) et Maison-Blanche (14e). L’État pensait pouvoir passer par l’établissement public foncier comme opérateur unique pour les autres copros comme c’est le cas à Paris, une orientation rejetée par les élus. “Ce n’est pas la mission de l’Établissement public foncier qui doit faire de la veille foncière et non pas piloter la réhabilitation”, note Jean-Claude Gondard, directeur général des services.
Qui pour gérer l’aide à la pierre ?
Jusqu’à présent, l’ancienne communauté urbaine de Marseille gérait pour le compte de l’État, l’aide à la pierre. Ce dispositif de primes ou de prêts aidés est le principal dispositif de soutien à l’investissement immobilier aussi bien dans le neuf que dans la réhabilitation de l’ancien. Il peut être ainsi délégué à un établissement public doté d’un plan local de l’habitat (PLH).
Avec l’avènement de la métropole, la question du transfert de ces aides se pose à nouveau. “Sur 92 communes 42 sont dites carencées, car elles n’ont pas construit un nombre suffisant de logements sociaux, explique Jean-Claude Gaudin. Cette question de la délégation de l’aide à la pierre pose question notamment au sein du conseil de territoire du pays d’Aix. Mais en acceptant cette délégation, nous avons déjà revu à la baisse l’objectif de production de logements sociaux avec l’État. Il est passé de 5800 à 5000 par an. Il peut donc y avoir un avantage (sic) à reprendre cette délégation.” Discuter avec Gaudin ou discuter avec le préfet, telle est la question que devront trancher les élus concernés.
Un centre technique métropolitain à Rivoire et Carret
Lors de la séance du conseil de territoire de Marseille Provence, l’opposition socialiste s’est émue de voir le site de l’ancienne usine Rivoire et Carret (11e) transformé en centre technique métropolitain. Florence Masse a rappelé que l’ancienne usine alimentaire était destinée de longue date à accueillir une médiathèque qui manque cruellement à l’est de Marseille. Or, lors de la séance de ce jeudi, le conseil métropolitain se propose d’y regrouper un grand nombre de services techniques. “Mais nous ne toucherons pas à l’usine qui est un bâtiment noble de grande qualité”, ajoute Jean-Claude Gondard, le directeur général des services de la métropole.
Quant au projet de bibliothèque, il est toujours d’actualité mais pas forcément sur le site de l’ancienne usine. La maire de secteur, Valérie Boyer ainsi évoqué la fusion de la bibliothèque de la Grognarde avec une nouvelle médiathèque sise aux Caillols (12e) : “Nous avons une très belle bibliothèque, celle de la Grognarde, qui fait l’objet d’un projet d’agrandissement. Quant à la médiathèque, c’est un projet auquel nous réfléchissons dans le cadre de la fin de l’aménagement de la ZAC des Caillols.”
Un temps fort de lecture publique
La lecture publique n’est toutefois pas oubliée à l’échelle métropolitaine. Compétence jusque-là orpheline, la culture entre ainsi dans la zone de compétence de la métropole par le biais de la lecture publique. Le vice-président en charge de la culture, Michel Gagnon présentera le principe d’une nouvelle manifestation de lecture publique appelée “la lecture par nature”, dotée d’un budget de 400 000 euros et devant se tenir du 28 octobre au 18 novembre.
“C’est à cet endroit que nous avons pensé qu’il pouvait y avoir l’apport d’une plus-value métropolitaine”, estime le maire de Cornillon-Confoux. Un jury se réunira le 15 avril prochain sous sa présidence pour déterminer les projets sélectionnés. “Ils devront être portés par des réseaux de lecture publique réunissant au moins 5 villes ou villages, concerner les enfants et les jeunes adultes et avoir la nature pour thème”. La culture, nature peinture…
Autour de la Cité radieuse, plus rien ne bouge
Marsactu l’expliquait l’été dernier : les environs du boulevard Michelet, qui longe la cité radieuse du Corbusier, sont amenés à muter. Une étude urbaine est actuellement en cours sur un secteur de 30 hectares, afin d’en évaluer les potentiels et de définir des objectifs en terme d’urbanisme. Pour éviter que des initiatives privées non concertées nuisent à la cohérence d’ensemble, la métropole s’apprête donc à voter un “périmètre de sursis à statuer” dans lequel les demandes d’autorisation de travaux, constructions ou installations seront gelées.
Un gros poisson a pourtant réussi à être passer entre les filets en se lançant avant la promulgation de la période de sursis. C’est le projet Renault-Michelet, porté par l’agence Carta, qui prendra place sur l’emprise actuelle du concessionnaire automobile. Un projet immobilier de 700 logements et 11 000 m2 de bureaux, dont la livraison est d’ores et déjà prévue pour 2019. En gelant les initiatives sur la zone, la métropole espère éviter que l’initiative soit suivie “par celles d’autres acteurs économiques, également propriétaires de tènements fonciers importants dans ce secteur”.
Transports, la RTM part en lutte contre la fraude
Au vu des chiffres de la fraude, qui tournent autour de 20 % sur l’ensemble du réseau, la RTM lance un nouveau plan pour endiguer le phénomène. Il passe notamment par davantage de contrôles ainsi que l’amélioration des points d’achat et de validation de titres de transports, mais aussi par la création ou plutôt l’élargissement du tarif “Jeunes boursiers”, désormais ouvert aux scolaires, stagiaires et étudiants jusqu’à 26 ans, et qui passe de 14,90 à 9,90 euros le prix du forfait mensuel. Lire notre Bref ici.
À Aubagne, un mariage…
Les transports en commun du pays d’Aubagne et de l’Étoile sont gratuits, mais ils n’en étaient pas moins gérés par le privé. À l’approche de la fin délégation de service public confiée à une filiale de Veolia, l’ancienne communauté d’agglomération avait déjà posé un choix : le retour en régie, via la société publique locale Façonéo. Ce jeudi, les élus métropolitains vont valider un changement de cap : l’arrivée de la régie transports marseillais (rebaptisée régie des transports métropolitains) en territoire aubagnais. Non pas à titre de principal prestataire, mais en tant que partenaire de Façonéo, au sein d’un groupement créé à cet effet. Façonéo devrait rester mandataire de la délégation de service public et “principal interlocuteur” de la métropole pour ce secteur.
Alors que la RTM étend actuellement son réseau vers Martigues, difficile de ne pas voir une volonté d’expansion de la régie marseillaise dans la métropole. Une intention que réfutent les élus, qui préfèrent juste parler de “partenariat”. “Façonéo n’était pas spécialisée dans l’exploitation d’un réseau de transports. Nous avions donc une double question : respecter l’engagement pris et permettre au réseau de fonctionner. Cette association avec la RTM répond à cette double question”, a justifié le vice-président aux transports Jean-Pierre Serrus.
…et un dilemme
Mais alors que ce rapprochement semble se faire en bonne entente, le pays aubagnais traverse dans le même temps un déchirement, le dilemme entre Val tram et bus à haut niveau de service. La métropole s’apprête en effet à valider un investissement de 24 millions d’euros dans la mise en place d’un de ces bus entre Aubagne et la zone industrielle des Paluds. Or, la même métropole a décidé en février dernier que le Val tram, ce tram-train censé relier Aubagne à La Bouilladisse, sera finalement réalisé en deux tranches, remettant à plus tard la réalisation du tronçon entre Auriol et la Bouilladisse, faute de moyens.
Le sujet a animé la séance du conseil de territoire du pays de l’Étoile lundi dernier, en opposant les intérêts aubagnais à ceux des villages délaissés par le projet de tramway. “Ce montant de plus pour le BHNS, est exactement ce qui nous manque pour finir le Val tram dans sa totalité”, s’est indigné André Jullien, le maire divers gauche de la Bouilladisse, selon des propos rapportés par La Marseillaise dans son édition de mardi. Le maire d’Aubagne, Gérard Gazay (LR), s’est lui dit “solidaire” des autres maires mais “n’accepte pas qu’on prenne en otage le BHNS”. L’agglomération, qui gérait les transports avant l’arrivée de la métropole, avait validé les deux projets, que la nouvelle institution met aujourd’hui, d’une certaine manière, en concurrence. Un conflit qui devrait se faire entendre dans l’hémicycle du Pharo.
Benoît Gilles et Lisa Castelly
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