Les décorations de Noël en ville peuvent-elles vraiment être écolos ?

Décryptage
le 23 Déc 2021
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Cette année, la Ville de Marseille a mis l'accent sur des décorations et des illuminations de Noël  dites écoresponsables. Marsactu tente de dresser la facture environnementale.

Les illuminations autour du Vieux-Port sont cette année écoresponsables. (Photo Julie Arbouin)
Les illuminations autour du Vieux-Port sont cette année écoresponsables. (Photo Julie Arbouin)

Les illuminations autour du Vieux-Port sont cette année écoresponsables. (Photo Julie Arbouin)

Décorer toute la ville pour les fêtes sans causer de tort à l’environnement, est-ce vraiment possible ? La mairie de Marseille a inauguré le 26 novembre dernier l’installation de décorations de Noël présentées comme écoresponsables. Tout comme à Bordeaux, Toulouse ou encore Strasbourg, Marseille opte cette année pour des illuminations et des décorations de Noël plus écologiques et se voit en “ville pilote”. Une démarche qui s’illustre des sapins aux éclairages, avec une réflexion sur les économies d’énergie, mais aussi le recyclage des matériaux. Même si, à bien y regarder, il semble difficile sur ce sujet symbolique de proposer des festivités 100% vertes.

Que vont devenir les sapins ?

La mairie a tenu à conserver les sapins, “emblématiques” de l’esprit des fêtes de fin d’année. Cette année, leur nombre a été divisé quasiment par deux dans la ville, passant de 300 à 155. Tous sont naturels, cultivés spécifiquement pour l’occasion. Une partie de ces sapins vont être récupérés par la métropole pour servir de compost, les autres devraient être réutilisés l’année suivante en étant recouverts de mousse blanche, par exemple.

Les éclairages peuvent-ils être plus verts ?

Cela fait plusieurs années que Marseille est éclairée pour Noël avec des ampoules LED, bien moins gourmandes en électricité. Il ne s’agit donc pas d’une nouveauté en soi. Mais la mairie a voulu cette année mettre l’accent sur les matériaux utilisés, notamment pour les grandes sculptures lumineuses présentes aux abords du Vieux-Port. Rebecca Bernardi, adjointe en charge des illuminations et de la vie nocturne, insiste : “le grand changement cette année, c’est la fabrication des illuminations en elles-mêmes, pas la consommation électrique des décorations”.

La plupart des installations sont en fait louées à des entreprises, à partir d’un catalogue proposé chaque année. L’entreprise prestataire de la Ville, Blachère, a soumis une gamme de décorations issues de bouteilles en plastique recyclé et dont processus de fabrication permet de réduire la part d’aluminium de 80%. La Ville explique dans son argumentaire que plus de 94 000 bouteilles composent les décorations et précise : il faut huit bouteilles en plastique d’1,5 L pour un flocon décoratif.

Emblème de cette démarche, une baleine conçue dans cette matière a été installée en bas de la Canebière. Elle sert à collecter des bouteilles en plastique, dans le but qu’elles soient recyclées et réutilisées l’année prochaine, pour réitérer ce processus. Une façon aussi de faire référence aux cétacés qui souffrent de la pollution plastique en mer.

Plusieurs sculptures lumineuses ont été installées place Charles-de-Gaulle. (Photo : Julie Arbouin)

Quelle consommation énergétique ?

Toutes les installations sont programmées cette année pour s’éteindre entre 1 h et 5 h chaque nuit. Mais les changements sur la facture totale ne sont pas très significatifs. La facture d’électricité des décorations pour la période de Noël étant déjà très basse : elle devrait s’élever à 2500 euros cette année pour la mairie centrale.

Cette dernière n’a cependant pas communiqué de chiffres récents de la consommation d’électricité en kilowatts (kW). On sait en revanche qu’un réel effort avait déjà été fait par le passé : alors qu’elle s’élevait à 1250 kW en 2007, elle avait été réduite à 142 kW en 2014.

Le coût, vraie raison de la réduction des illuminations ?

Plus que la consommation, c’est l’installation et la location qui coûte cher. Les illuminations sont louées et non pas achetées par la Ville, comme l’explique Julie Taton, directrice de la communication chez Blachère. Un partenariat qui dure depuis “une dizaine d’années”Le système de location fonctionne par des appels d’offres, et la municipalité décide de la durée de location des décorations : cela oscille entre 1 an et 4 ans. “La location permet de décharger les villes du stockage et de la réparation des décorations”, indique-t-elle.

Mais Rebecca Bernardi le reconnaît : “on est sur des montants importants. On n’a pas la capacité financière d’illuminer chaque rue, alors des choix sont faits”. Cette année, les guirlandes sont installées sur plus de 5800 mètres linéaires. Là aussi, une réduction avait déjà eu lieu précédemment, puisque ce chiffre avait été divisé par deux entre 2014 – où on comptait 11 000 mètres linéaires de guirlandes – et 2019.

L’ombrière du Vieux-Port aussi a eu droit à ses illuminations en matière recyclée. (Photo : Julie Arbouin)

Cette année, la mairie centrale a pris le parti de ne décorer que les sites emblématiques marseillais, comme le cours Estienne-d’Orves, le Vieux-Port, la Canebière ou la place Charles-de-Gaulle. Avec un budget de 400 000 euros, elle ne peut pas prendre en charge les illuminations de Noël pour toute la ville. Ce budget comprend la main d’œuvre, la location et la maintenance éventuelle des illuminations. Les mairies de secteur peuvent alors prendre le relai.

Mais là aussi, des arbitrages sont opérés. Dans les 4 et 5e arrondissements par exemple, il n’y aura pas cette année de matériaux recyclés. “Des réflexions profondes sont à mener” au sujet des décorations écoresponsables, convient-on dans cette mairie de secteur. L’un des autres objectifs affichés est aujourd’hui de centraliser davantage les décorations dans des zones commerçantes telles que les Cinq-Avenues ou la Plaine pour “sortir du principe d’éclairage qui est disséminé”, pour des raisons d’abord esthétiques et commerciales.

Comment Faire plus ?

“C’est une bonne intention, la prise de conscience est là”, analyse Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, au sujet de la démarche marseillaise. Faire attention à la matière utilisée pour les illuminations de Noël et éteindre les lumières dans la nuit relève selon lui d’une “politique qui va dans le bon sens”. Le militant pour l’environnement pointe aussi un autre aspect qui justifie de réduire l’éclairage : “Il ne faut pas oublier que les illuminations de Noël font partie de la pollution lumineuse”.

Pour aller plus loin dans l’allègement de la facture environnementale, la prochaine étape est-elle de renoncer à toute illumination ? Pour les fournisseurs comme les élus, même s’il est possible de faire encore des efforts, notamment sur les matériaux, l’idée d’abandonner toute décoration de Noël n’est évidemment pas à l’ordre du jour.

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Commentaires

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  1. Treblig Treblig

    Décorations et illuminations dans le 5ème…. carrément oubliées. Beau sapin avec 1 guirlande sur le tiers supérieur (peut être pour éviter le vol,?) JOYEUX NOËL !

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  2. mrmiolito mrmiolito

    Je pense que la mousse blanche sur les sapins est un trou dans la raquette écologique. C’est manifestement un produit petrolier !

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  3. BUJOLI BUJOLI

    ….Il y a des endroits ( Corniche au niveau de la Roseraie) où les illuminations suspendues se sont rapidement retrouvées parterre sur le trottoir…Effet due vent violent ? Mais honnetement les illuminations pourraient être économisées…

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  4. Patafanari Patafanari

    À Strasbourg les illuminations se font à base de voitures brûlées.Eco-responsable: stop à la voiture en ville et réappropriation inclusive et populaire du sens de la fête .

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Les illuminations de Noël au centre-ville de Strasbourg sont toujours somptueuses, bien que la maire soit écolo. La triste coutume locale des voitures brûlées dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier ne doit pas masquer d’autres traditions plus sympathiques, comme celle du marché de Noël qui remonte à 1570.

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  5. jasmin jasmin

    Merci pour l’article. C’est une démarche dans le bon sens. Noel sans illuminations c’est triste, ça nous rappelle qu’on est dans une pandémie. Il faut vraiment une démarche générale, avec les citoyens et comités de quartiers pour utiliser le recyclage comme source principale de decorations de noel, et peut etre guider les habitants dans la décoration du quartier avec les partenaires et la municipalité? Et puis ça peut ne pas s’arrêter a Noel. Ces rituels nous sortent du marasme.

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    • MarsKaa MarsKaa

      Chouette idée, bien d’accord

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  6. MarsKaa MarsKaa

    Merci pour cet article. Je ne savais pas cette démarche en cours. J’apprends que la drôle de baleine devant laquelle je suis passé plusieurs fois en bas de la Canebière est en plastique recyclé et sert à la collecte !

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  7. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Je constate non sans satisfaction que les “décorations” lumineuses qui servaient d’abord la communication des mairies de secteur ont régressé, sinon disparu. Il n’y a que dans cette ville qu’on voyait en travers des rues des “La mairie du X-Y vous souhaite de bonnes fêtes” scintillants et clignotants : c’était un curieux mélange des genres, comme si le ou la maire de secteur avait peur qu’on l’oublie durant la trêve des confiseurs.

    Des illuminations, oui, des messages subliminaux sans rapport avec les fêtes de fin d’année, non.

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