Les arbres du parc Bougainville cachent du béton
Le sujet est pour l'heure évité lors de la concertation : le futur parc Bougainville accueillera en bordure des immeubles destinés à contribuer au financement de l'équipement. L'emplacement privilégié est situé en face de la cité Bellevue, théâtre de plusieurs opérations de réhabilitation ces dernières années.
La tour A du parc Bellevue.
Feutres, post-it, cartes cadastrales : au cours des ateliers de concertation sur le futur parc Bougainville, les participants travaillent sur pièces (lire notre article). Parmi les documents, ils se voient aussi remettre un plan général de l’opération Euroméditerranée. Le futur parc Bougainville doit servir de transition entre les deux périmètres de l’opération d’intérêt national qui va du Vieux-Port à Cap Pinède. Il doit former le début du parc des Aygalades prévu le long du périmètre d’Euromed 2.
Les regards les plus avisés ont repéré un détail, une forme blanche dans une masse verte (voir ci-dessous) qui prolonge les immeubles de la cité Bellevue. Les arbres du parc cacheraient-il des logements et des bureaux ? “Ça fait partie de l’équilibre de financement du parc”, admet Anita Leroux directrice de projet à Euroméditerranée.
Pourtant, il n’en est nulle part fait mention dans les présentations de l’établissement public d’aménagement et de son prestataire, l’association Arènes. Anita Leroux se défend de toute volonté d’opacité. “Pour l’instant, l’objectif était d’être dans une phase d’état des lieux, de diagnostic puis d’aborder les aménagements provisoires. On abordera ces questions financières à partir du troisième atelier, lorsqu’on rentrera dans les aménagements définitifs.”
Il ne fait pas grand mystère que le sujet donnera lieu à des vifs débats. Déjà, lors des ateliers, certains habitants des quartiers alentours ont fait part de leurs doutes quant à la finalité du projet : “Est-ce que tout ça n’est pas là pour faire beau pour les investisseurs ?” Le directeur d’Euroméditerranée François Jalinot n’a pas “grand chose à répondre à ça. Ce parc est fait pour que tout le monde en profite”.
25 % du budget du parc
Ceci dit, l’établissement public ne cache pas que les financements publics pour l’extension du périmètre sont moins larges : 30 % du budget global prévu sur Euroméditerranée 2 contre 70 % sur le périmètre initial. Même si l’équipement est annoncé depuis plus de dix ans, le bouclage financier du parc Bougainville était suspendu jusqu’à il y a peu au feu vert du conseil départemental et du conseil régional, qui apportent 1 million d’euros chacun sur un budget estimé à 38 millions. 25 % de ce montant global sera couvert “par le biais de la vente de terrains et de droit à bâtir”, annonce Anita Leroux. Si l’on suit le schéma soumis à la concertation, ces futurs bâtiments pourraient être situés en bordure de ceux déjà existant du parc Bellevue.
Qualifiés il y a une quinzaine d’années de “bidonville vertical”, cette cité dite “Félix-Pyat” a fait l’objet en 1999 d’un “plan de sauvegarde” confié à Marseille Habitat et Logirem. Elle était également intégrée dans le programme de rénovation urbaine “Saint-Mauront”, mené à partir de 2009. Auparavant en copropriété, les immeubles accueillent aujourd’hui une partie de logements sociaux, au fil des rénovations. Mais une nouvelle intervention est dans les tuyaux, suite au rapport Nicol rendu l’an dernier et qui fait état du retard de Marseille dans le traitement des copropriétés dégradées.
Dans une concertation où les organisateurs assurent que le projet est encore une feuille blanche à remplir, ces constructions positionnées le long de la cité Bellevue interrogent. Les barres les plus au Nord semblent même englobées. Anita Leroux précise que les plans n’ont rien de contractuels : l’implantation des futurs bâtiments ne serait pas arrêtée, de même que leur hauteur et surface. Une certitude : “Ce sera forcément en bordure de périmètre.” À part en face de Bellevue, cela ne laisserait que deux options : le long du boulevard Briançon ou de la rue Caravelle. Le boulevard Ferdinand-Lesseps est à peu près exclu “car on doit permettre une continuité avec le futur parc des Aygalades”. Au fil des visuels de l’urbaniste François Leclercq, désigné en 2010 pour superviser Euroméditerranée 2, l’option Bellevue semble cependant tenir la corde :
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En terme urbain, cette opération peut être intéressante pour “contribuer à amoindrir cette impression d’être en pied d’une cité”, en apportant “des services en rez-de-chaussée, des commerces, davantage de vie de quartier”, défend Anita Leroux. “L’autre point de vue, c’est celui de Bellevue, c’est « on construit devant chez nous »”, reconnaît-elle.
Cet ultime point de vue, pour l’instant, a du mal à émerger. Comme Marsactu l’a déjà souligné, les habitants des dix immeubles font figure de grands absents de la concertation. L’association Arènes promet des “mini-ateliers spécifiques” pour les toucher. Nul doute qu’Euroméditerranée garde dans un coin de la tête le blocage des Docks Libres en 2014 par des jeunes du quartier qui réclamaient un emploi sur le chantier.
Commentaires
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Bonjour,
‘En réalité que veut-on faire? Je ne comprends pas. Cacher la misère, créer quoi?
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Le quartier comme tout le reste de la coté manque d’espaces verts. Il est indispensable que ce parc soit le plus grand possible.
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Je ne comprends pas bien le problème posé par ces immeubles. S’ils n’empiètent pas sur la superficie du parc tout en étant de qualité architecturale convenable, il n’est pas scandaleux qu’ils soient intégrés au projet pour apporter des financements.
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