Législatives : dans les Bouches-du-Rhône, les Insoumis laissent des miettes à leurs alliés

Jean-Luc Mélenchon dans un bureau de vote à Marseille pour le premier tour de l'élection présidentielle. (Photo : Emilio Guzman)

Après de multiples discussions bilatérales, l’alliance de la France insoumise (FI), du Parti communiste, d’Europe écologie-les Verts et du Parti socialiste n’est plus suspendue qu’à un vote interne de ce dernier. Cette décision, prise par les délégations nationales, n’a pas fait l’objet de navettes locales. Les militants, qui souhaitaient en majorité cette union, sont contraints d’acter le résultat géographique des opérations. “Les choses se sont bien goupillées, même mieux que ce que je pensais”, se réjouit pour sa part le militant insoumis marseillais Mohammed Bensaada.

Dans les Bouches-du-Rhône, c’est la France insoumise qui ressort avec la quasi-totalité des circonscriptions gagnables par la Nouvelle union populaire écologiste et sociale. De sources concordantes, elle récupère notamment les quatre circonscriptions les plus avantageuses de Marseille. Dans le Nord de la ville, la 7e circonscription a pour chef de file Sébastien Delogu, déjà candidat aux dernières européennes. Dans la 3e, c’est Mohammed Bensaada qui est fléché après avoir conduit une liste d’union LFI-EELV lors des municipales 2020 dans les 13e et 14e arrondissements. Dans la 5e circonscription très convoitée (le 4e, le 5e et une partie du 6e arrondissement), Hendrik Davi, défait de peu aux précédentes législatives en 2017, peut lancer sa campagne unitaire.

Le suspense demeure en revanche dans la 4e circonscription du centre-ville où Jean-Luc Mélenchon n’a pas à cette heure annoncé s’il se représentait. Lancé dans une candidature “citoyenne”, le militant contre le mal-logement Kevin Vacher espère encore y arracher la bannière commune de la gauche si le leader de la FI n’y va pas. Mais la possibilité d’un parachutage du cadre national Manuel Bompard est toujours dans l’air.

“Les discussions ne tiennent pas compte des réalités locales”

Les autres circonscriptions, bien plus difficiles à rafler mettront en selle les écologistes dans la 2e, sur le littoral Sud. Les socialistes se présenteront pour leur part dans la 1ère et la 6e circonscription dans l’Est de Marseille. Une configuration qui a le don d’irriter : “Nous avons des conseillers départementaux, la mairie de Marseille. Les discussions ne tiennent pas compte des réalités locales”, note la sénatrice socialiste Marie-Arlette Carlotti, qui ne cache pas que la nature programmatique de cet accord la heurte. En prise de distance avec son parti, Benoît Payan a pour sa part salué la naissance de l’union sur les réseaux sociaux.

Un enthousiasme que ne partage pas complètement son adjointe écologiste Christine Juste : “ils prennent les quatre meilleures et ils laissent les pourries, s’agace l’élue municipale à l’environnement. En juin, si cela reste en l’état, j’aurai un programme plage et jardinage très costaud, je vais être débordée. Bien évidemment que je suis favorable à l’union, mais à Marseille, c’est une insulte totale. J’espère que l’on pourra encore rediscuter.” Dans le reste du département, la situation ne s’arrange pas pour le pôle écologiste qui doit se contenter de la 11e circonscription où la majorité présidentielle sera largement favorite : c’est pour l’instant le représentant de Génération écologie Stéphane Salord qui y est positionné.

L’espoir de pouvoir rediscuter

Sans se démarquer de l’accord signé, le secrétaire départemental du PCF et sénateur Jérémy Bacchi espère lui aussi encore faire bouger quelques lignes : “Il serait bien de montrer la conjonction de la dynamique nationale et de la dynamique locale du Printemps marseillais, je pense qu’à cette échelle, on peut encore discuter.”  Les forces qui composent cette autre union avaient précédemment montré leur unité dans un communiqué et une tribune dans Libération. Le patron du PCF ne récupère qu’une circonscription pour son parti mais la plus importante, celle de Martigues où le sortant Pierre Dharréville a déjà lancé sa campagne.

Le PS récupère quant à lui une seule circonscription hors de Marseille. Il s’agit de la 16e qui inclut essentiellement Arles. La configuration devrait dissuader les dissidences, note l’élue vitrollaise PS Isabelle Rovarino, candidate dans la 12e circonscription en 2017 et membre du conseil national du parti : “Je ne suis pas du tout pour cet accord qui est une véritable soumission à la France insoumise. Mais, pour ces élections, on a malheureusement le poids du Rassemblement national à prendre en compte. Nous allons regarder les choses de façon sérieuse et responsable.” Une manière de dire que bon an, mal an, le nombre de bulletins de gauche présenté aux électeurs les 12 et 19 juin devraient être limité.