Le ton monte à la Busserine lors d'une réunion publique

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le 24 Mai 2013
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Le ton monte à la Busserine lors d'une réunion publique
Le ton monte à la Busserine lors d'une réunion publique

Le ton monte à la Busserine lors d'une réunion publique

A la sortie de la halte ferroviaire de Picon-Busserine, c'est par un chemin de gravillon le long du stade, que les habitants appellent "le coupe-gorge" que l'on accède à une crèche. Au dessus de celle-ci, se trouve le centre d'animation de quartier. Au bout d'un escalier étroit et dans des locaux exigus que Marseille rénovation urbaine organisait jeudi soir une réunion publique pour présenter aux habitants deux points forts du projet de rénovation du quartier : le déménagement de l'école et la rénovation du stade. Dans la salle pleine comme un oeuf, beaucoup d'habitants et des représentants d'association qui suivent ce dossier de près.

"Ça sent les élections"

Le terrain du groupe scolaire actuel, au bord de la bruyante avenue Salvador-Allende, sera utilisé pour les travaux de la rocade L2. La maternelle et l'école élémentaire, comptant respectivement  six et douze classes, seront donc déplacées de l'autre côté du bâtiment J, lui-même coupé en plusieurs morceaux. Les travaux débuteront à la fin de l'année et le tout devrait être livré au premier semestre 2015. Pour la présentation aux riverains, au côté du maire de secteur, Garo Hovsepian (PS) étaient présents au premier rang d'autres élus de la mairie centrale, dont l'adjoint aux sports Richard Miron (UMP) -candidat pressenti de l'UMP dans le secteur, l'adjointe à la famille Nora Preziosi (UMP) ainsi que le conseiller général Denis Rossi (PS). La chaise réservée à Henri Jibrayel, député du secteur et candidat déclaré à la primaire socialiste, est quant à elle restée vidée. Lors des présentations, un "ça sent les élections" surgit de l'audience.

Tous comptent bien tirer la couverture à eux dans ce dossier. En ouverture, Garo Hovsepian se réjouit de l'aboutissement du projet de reconstruction de l'école : "nous avons réussi à force de pugnacité". Richard Miron rappellera quant à lui son attachement aux équipements sportifs du quartier. Quant à Denis Rossi, il lance un bruyant "Où sont les parkings pour qu'on mène nos minots à l'école?". Tous restent jusqu'à la fin et tutoient la plupart des présents. Alors si le bénéfice de la rénovation pouvait leur revenir…

La rénovation du quartier a commencé en 2011 avec la réhabilitation du centre social l'Agora. Alors que Nicolas Binet, le directeur de MRU, expose le projet de la nouvelle école aux habitants, un enseignant prend la parole : "En octobre 2012 on nous avait présenté un projet d'architecte avec de nombreux dysfonctionnements que nous vous avions indiqués. Pour accéder au bureau du directeur, il fallait traverser la cour. Or, pour des raisons de sécurité, cela pose problème. Avez-vous pris en compte nos points ?" Une réunion sera organisée ultérieurement, leur répond-on.

Et lorsqu'un homme, adossé à un mur faute de place, demande : "Notre problème principal ici c'est le chômage. Est-ce qu'avec les travaux au moins vous ferez travailler les gens d'ici ?", la réponse est tout aussi technocratique. "Nous respecterons la réglementation, explique Nicolas Binet, qui veut que pour les chantiers bénéficiant de l'argent de l'Anru, 5% des heures travaillées soient effectuées par des gens des quartiers défavorisés". Le riverain était visiblement venu pour cette seule question : il sort quelques secondes après.

Une présentation et non une concertation

Au fur et à mesure, les questions s'ajoutent et les réponses restent trop évasives au goût de l'auditoire. Au micro, lorsqu'une habitante résume : "Apparemment tout a déjà été décidé alors pourquoi prétendre faire une concertation ?" Les applaudissements valident la sortie. Les techniciens de MRU ainsi que l'architecte François Kern tentent de répondre au mieux aux nombreuses inquiétudes. Mais c'est un autre sujet qui va faire monter les tensions, celui du centre social de l'Agora, qui se bat depuis des mois pour avoir le droit d'utiliser le second étage de leur bâtiment que la mairie a attribué à une autre association.

La directrice du centre Karima Berriche étant absente, c'est un salarié et par ailleurs candidat du NPA aux dernières législatives, Kevin Vacher, qui évoque le sujet. Zora Berriche, sa soeur, embraye à son tour et interpelle Nora Preziosi qui s'est occupée en partie du dossier. "De toute façon, c'est encore un coup de votre NPA", lance alors la conseillère UMP, ce qui déchaîne Zora Berriche et tout une partie de la salle. Le médiateur dépêché par MRU pour animer la réunion tente alors de reprendre la parole mais la mèche a été allumée.

La réunion se poursuit dans un climat tendu alors qu'une partie de l'assistance quitte la salle. La présentation se poursuit sans réel enthousiasme avec des vues d'architecte du nouveau stade en synthétique, légèrement plus petit mais doté de vestiaires et de tribunes. Au Nord, le terrain du Mail – qui abrite actuellement "une aire polysport" en piteux état et un terrain de foot en béton avec des cages sans filet – serait également rénové. Le centre d'animation de quartier ainsi que la crèche devraient être rajeunis et mis aux normes. Au bout de trois heures intenses, la réunion prend fin, non sans amertume chez certains habitants.

Malgré tous ces remous, le petit cahier de doléances à l'entrée reste vierge, preuve que la concertation ne passe pas par les moyens qu'elle se donne.

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Commentaires

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  1. Anonymuse Anonymuse

    encore un enfumage concerté des “élus” tous partis confondus

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  2. Noé Picard Noé Picard

    Il va falloir que l’on pense un jour à changer de “modèle” urbanistique, créer une ville et non une juxtaposition de “quartiers” (sic).

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