Le préfet valide les nouveaux temps de travail des éboueurs

Info Marsactu
le 23 Sep 2022
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Les services préfectoraux ont rendu leur avis sur la délibération cadrant le temps de travail des agents de la métropole après l'accord trouvé en décembre 2021. Des points mineurs sont retoqués et seront examinés par le tribunal administratif, mais l'essentiel est validé.

Des camions-bennes de la métropole dans le garage Rabatau, 10e arrondissement. (Photo : SL)
Des camions-bennes de la métropole dans le garage Rabatau, 10e arrondissement. (Photo : SL)

Des camions-bennes de la métropole dans le garage Rabatau, 10e arrondissement. (Photo : SL)

La décision était attendue et a fait l’objet de plusieurs allers-retours avec la métropole. Selon nos informations, le préfet vient de rendre son avis sur les nouveaux temps de travail des éboueurs et son raisonnement valide en grande partie l’accord conclu entre la métropole et les syndicats (FSU, UNSA, CGT, CGC mais pas FO, 1er syndicat de la métropole) en décembre 2021. Les éboueurs travailleront bien 1397 heures sur l’année, en dérogation aux 1607 heures que doit effectuer l’ordinaire des fonctionnaires.

La métropole avait proposé cette décote aux termes de deux mouvements de grève très suivis à l’automne 2021, au moment où le président de la République mettait Marseille au cœur de l’actualité nationale avec son plan Marseille en grand. Le Premier ministre d’alors, Jean Castex, était ainsi à Marseille quand avait été signé le dernier accord fin décembre 2021. Ces 1397 heures, soit une baisse de 13 % du temps de travail, vont beaucoup plus loin que le maximum existant de 9,5 %, en vigueur pour les fonctionnaires. À chaud, Jean Castex avait affiché sa prudence : “Il s’agit de regarder par rapport aux pratiques habituelles si c’est conforme aux textes.

Des critères de pénibilité bien définis

C’est donc ce qu’a fait le préfet au nom de l’État. Pour le convaincre, la métropole a fait appel à une expertise externe, prévue dans l’accord de fin de conflit. Elle visait à objectiver les critères de pénibilité auxquels font face ces agents, dont les éboueurs. Il en est ressorti une liste de 6 critères et de 12 sous-critères. Conformément à la loi, le travail répétitif, la modulation importante des cycles de travail ou encore le port de charges lourdes ont été pris en compte, poste par poste.

À l’arrivée, le préfet a tout de même décidé d’invalider deux sous-critères relatifs à la surveillance d’écrans de contrôle et aux pauses obligatoires entre 11 h et 13 heures pour certains agents. Cela aboutit, nous ont confirmé ses services, à déférer la délibération de la métropole devant le tribunal administratif pour la faire annuler. Néanmoins, la métropole affiche une forme de satisfaction : “Ce sont deux critiques mineures qui ne mettent pas en péril l’équilibre général des accords”, explique ainsi l’élu métropolitain LR Yves Moraine, qui a participé aux négociations de fin de conflit social.

Selon le barème appliqué, la métropole pourrait en effet les retirer d’elle-même sans que les éboueurs ne changent de niveaux de pénibilité. Cela pourrait en revanche impacter d’autres catégories de personnel qui pourraient, elles, changer de strate et donc être amenées à travailler davantage. En tout, ce sont 2530 agents métropolitains qui bénéficient d’une décote.

Une décision qui ne règle pas tout

L’UNSA, qui avait été à l’origine de la seconde grève des éboueurs avec la CGT, se félicite d’une décision qui consacre l’idée qu’il était possible d’aller au-delà des 9,5 % présentés initialement comme un maximum. “On est quand même les mieux-disant en France. Cela fera jurisprudence”, estime son secrétaire général Christophe Pellissier.

Le syndicaliste estime toutefois que “le chantier de la pénibilité doit être remis sur la table”. Selon lui, le rythme choisi, qui reste plus lourd que celui qui était en vigueur auparavant, n’est ni tenable ni souhaitable. “Les agents travaillent autant de jours qu’avant mais les journées ont rallongé d’un tiers. Du coup, les corps sont plus usés, les équipes sont plus fatiguées et ça crée des accidents”, juge-t-il. Il plaide donc “pour que la métropole fasse deux ou trois propositions de cycles de travail et en explique les conséquences avant un vote démocratique des agents”. Sinon, jure-t-il, “ça va re-péter”.

Précision à 16 h : ajout des syndicats signataires de l’accord de décembre 2021.

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Commentaires

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  1. Karo Karo

    La remarque du secrétaire général de l’UNSA me questionne “On est quand même les mieux-disant en France. Cela fera jurisprudence”.
    Est ce que ça serait possible de savoir combien d’heures travaillent les éboueurs de la ville de Paris ou de la métropole Lyonnaise pour qui les conditions de pénibilitées doivent être identiques.
    Comment les services de l’Etat peivent ils valider administrativement cette différence ( si il y en a une ) le temps de travail a tâche également doit être le même partout .
    Merci Marsactu d apporter un point d’éclairage qui nous manque tant.

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  2. Forza Forza

    On comprend donc dans le dernier paragraphe que ce n’est toujours pas satisfaisant puisque ça ne leur permet pas de conserver leur deuxième boulot, et que comme prévu ils trouveront toujours une bonne raison pour faire grève. Vous les “sentez” comment, Noël 2022 ? Les JO 2024 ? etc.

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  3. vékiya vékiya

    Travail me parait en trop dans votre titre.

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  4. Pascal L Pascal L

    J’ai une question : cet accord concerne tout Marseille et/ou toute la Métropole ou seulement les arrondissements et communes qui ne sont pas délégués au privé ?
    Par exemple, les 2e 15e et 16e délégués à Derichebourg sont-ils concernés ?

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  5. Bernard Honorat Bernard Honorat

    Il y a la théorie et la réalité. La réalité c’est un travail réel de 4h par jour. Pointage fait par un ami voisin d’un éboueur.

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  6. Bibliothécaire Bibliothécaire

    Je verrai bien le préfet intimer à ces forces de police à ce que des dépistages alcool et autres stupéfiants soient réalisés aléatoirement sur les bennes. On pourrait alors voir l’indécence de certains clamant du harcèlement et demandant des tolérances !!

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  7. didier L didier L

    Le temps de travail et la pénibilité … bon ok ! Mais à aucun moment dans cet article il n’est question du résultat, de l’objectif et de l’efficacité de ce temps de travail. Puisque le problème est quand même que les rues de Marseille sont mal entrenues et les déchets mal gérés. ( j’ai des photos de ma rue)
    Au fond peu importe le temps de travail, mais qu’il soit accompli ! Cela s’appelle dans toute entreprise “l’organisation des horaires” en fonction du travail à accomplir et du personnel disponible. C’est ce qui se passe dans les autres villes. Ceux qui sont chargés d’organiser ce travail à Marseille ont-ils cela en tête ou ont-ils bien d’autres soucis et préoccupations ?

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    • Zumbi Zumbi

      “Au fond peu importe le temps de travail, mais qu’il soit accompli ! ” C’est exactement la définition du principe “fini-parti”, qui de fait règle l’organisation de pas mal de professions. Depuis des années ça hurle à Marseille contre le “fini-parti”, ce qui est hors sujet : la question était une clique clientéliste organisée depuis Sabiani, Defferre, Gaudin, pour embaucher des protégés qui ne faisaient à peu près rien. Le problème est : critères d’embauche+formation+encadrement+contrôle qualité et quantité+sanctions.
      Le problème reste pour les travaux (commandés par la ville ? la Métropole ?”) sur la voie publique : c’est pas contrôlé, bâclé, pas du fini-parti, mais du ni fait ni à faire, des trous qui se rouvrent à la première pluie, des trous rebouchés en montagnes russes, des marquages au sol qu’on n’isole pas et sur lesquels les véhicules roulent avant séchage. Chez vous ou chez moi, à la réception des travaux, quand on constate la malfaçon, on ne paie pas. À Marseille, je constate les malfaçons, mais mes impôts paient.

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  8. Mistral Mistral

    Il serait intéressant d’avoir une étude sur le rapport entre le coût du nettoiement et du ramassage des ordures à Marseille et dans les autres Métropole et l’état des rues.

    Dans le centre ville de Marseille les nouveaux pavés posés l’année dernière n’ont pas été lavés une seule fois, c’est une véritable infection, ça colle aux pieds et ça pue, c’est honteux.

    Je propose de modifier l’orthographe du nom de Martine Vas-sale

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  9. Alceste. Alceste.

    Enfin l’essentiel est préservé pour FO , que les “fainiasses” puissent faire du noir l’après -midi. En contrepartie les impôts locaux prennent + 12 % pour ceux qui en payent et pour les éboueurs, leurs activités non déclarées sont brut pour net.

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