Le maire PS d’Allauch chouchoute le Front national
L'ancien sénateur et maire d'Allauch Roland Povinelli a multiplié les petites attentions à l'occasion de la venue de Marion Maréchal-Le Pen. En retour, le FN a trouvé beaucoup de bien à dire de l'édile.
Marion Maréchal-Le Pen en meeting à Allauch le 16 octobre. Au pied du pupitre, le panier garni offert par Roland Povinelli.
Deux véhicules de la maigre police municipale d’Allauch veillent au pied de l’avenue Marcel-Pagnol. Ce vendredi soir, la ville du maire et ancien sénateur socialiste Roland Povinelli accueille un meeting de Marion Maréchal-Le Pen, dans la grande salle du centre de loisirs Saint-Exupéry. Ici, le Front fait des bons scores : 37 % puis 48 % aux premier et second tours des récentes départementales. À peine réconciliée avec son grand-père, la candidate FN aux régionales a un peu de retard mais son accueil ne s’en sera finalement que plus chaleureux.
Suce miel, croquants et calissons. Quelques minutes avant l’arrivée de la vedette de la soirée, un agent municipal sort de sa voiture un beau panier en osier, son ruban bleu et ses “produits gourmands”. “Tu lui diras bien que c’est de la part du maire”, confie-t-il à José Gonzalez, un des trois conseillers municipaux allaudiens encartés au Front. Ce militant historique a survécu à la tentative d’implantation ratée de Bruno Mégret dans la circonscription d’Allauch en 1987. Il est aussi le monsieur Loyal de la soirée. Il ne va pas tarder à confier l’agréable présent à sa véritable destinataire, Marion Maréchal-Le Pen.
Le panier est-il trop lourd ? Il renonce à le porter aux bras de la candidate et ne lui remet que deux ou trois livres eux aussi offerts par monsieur le maire. Tant pis, les friandises resteront au pied du pupitre orné de la flamme et barré du slogan “La France plein Sud”. Dans la salle, un militant a la voix qui porte. D’un léger coup de coude à son voisin, il lance : “Les socialistes nous aident maintenant ! Povinelli, il a plus qu’à prendre sa carte !” Cet accueil chaleureux d’un élu étiqueté à gauche pour la candidate d’extrême-droite a de quoi surprendre. Mais il n’émeut guère les frontistes qui se succèdent sur l’estrade lardée d’affiches “premier parti des Bouches-du-Rhône”. Non, les invités ne manquent pas de courtoisie.
“Il est persuadé d’accueillir la future présidente de région”
“Merci à monsieur Povinelli de nous avoir accueilli lui-même à bras ouverts. Il nous a mis à disposition la salle, la police municipale, il nous a même accueilli dans son moulin ! A vrai dire, je crois qu’il est lui-même persuadé d’accueillir ce soir la future présidente de la région”, harangue Stéphane Ravier, maire des 13e et 14e arrondissements de Marseille et tête de liste départementale pour les régionales dans les Bouches-du-Rhône.
.@Marion_M_Le_Pen, @Stephane_Ravier et @franckallisio, PP #PleinSud ont visité le moulin à blé de Allauch. pic.twitter.com/Ddsly6l7jO
— Rassemblement National PACA (@rn_paca) October 16, 2015
Voilà pour la forme. Mais sur le fond non plus, Stéphane Ravier n’a pas grand chose à reprocher à l’édile qui porte le poing et la rose depuis quarante ans. À Allauch, monsieur Povinelli “a défendu bec et ongles sa commune (…) face à la métropole qui est une véritable spoliation des libertés communales”. À Allauch, monsieur Povinelli “a su préserver sa commune en préférant payer l’amende plutôt que de respecter la loi SRU sur les logements sociaux” et éviter ainsi à sa ville de “devenir une zone de déstockage des cités marseillaises”. À Allauch, “vous payez des impôts et vous en avez de justes retours à la population”. Bref, aux yeux de Ravier, “s’il est socialiste, ça ne se voit pas beaucoup dans les faits”. Tout juste rappelle-t-il sans s’étendre la “formation guériniste” de l’élu du cru.
Certes, le sénateur a dû compter sur les maires pour accéder au palais du Luxembourg en doublant son score théorique de grands électeurs. Il lui faut donc continuer à les ménager. Mais sa sympathie pour “monsieur Povinelli” semble aller un peu plus loin. Parmi les militants locaux, on confie hors micro ne pas avoir beaucoup de critiques à formuler sur les décisions du maire. On se félicite que ce dernier réserve la piscine municipale aux Allaudiens évinçant là encore les habitants des quartiers Nord voisins.
Allauch veut son lycée
À sa descente de scène, après avoir insisté sur le “besoin de racines” de son public d’un soir, Marion Maréchal-Le Pen confie sa “surprise” face à l’accueil du maire. “Car ce n’est pas si habituel” et elle ne va “pas manquer de remercier” l’édile pour son geste “républicain”. José Gonzalez prolonge ce dernier terme en soufflant que “le maire a expliqué qu’il ferait la même chose avec tous les parlementaires passant dans sa commune”.
Contacté ce lundi, c’est effectivement la réponse que fait l’entourage du maire. “Monsieur Povinelli est un démocrate, un républicain. Même s’il ne partage pas les idées de madame Maréchal-Le Pen, il respecte tous les élus de la République, explique au nom de son patron Valérie Paggi, sa directrice de cabinet. À Allauch, nous les recevons toujours de façon aimable. Nous avons fait de même avec des élus communistes ou monsieur Mallié [ex député LR de la circonscription et maire de Bouc-Bel Air, ndlr].” Et cette même collaboratrice d’ajouter : “S’il s’avérait qu’elle soit présidente du conseil régional, nous avons un projet important de lycée sur la commune [une décision qui appartient à la région, ndlr] et ça, c’est plus important que les considérations politiciennes.” Ça vaut bien un petit panier garni ?
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Ou l’on voit que les “<” allaudiens sont partisans de la ségrégation sociale et ethnique. Personne n’en doutant. C’est encore mieux en l’écrivant.
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