Le maire de Salon vend à prix cassé un terrain municipal à sa femme puis se ravise
Après un débat houleux en conseil municipal, ce mercredi, Nicolas Isnard a retiré cinq délibérations concernant des cessions de terrains délaissés. L'une des acheteurs était sa propre femme. L'opposition s'étonnait de l'écart entre le prix de vente et l'évaluation des services de l'État.
Caprture google de l'impasse de la Borie à Salon de Provence.
D’aucuns regrettent le peu de vigueur de la démocratie locale et l’atonie des conseils municipaux des villes et villages. À Salon-de-Provence, ce mercredi, le contre-exemple était flagrant : les noms d’oiseaux ont volé en nuées serrées. Ce n’est pas le débat d’orientations budgétaires qui a déclenché une telle vigueur dans les échanges mais une série de ventes foncières dénoncées par un élu d’opposition Modem, Philippe Sanmartin. Parmi ces huit cessions, pas moins de cinq retiennent l’attention de l’élu.
Ces parcelles délaissées sont le vestige d’une ancienne voie ferrée dans un quartier Sud aujourd’hui fortement résidentiel. Les voies y affleurent encore et la Ville indique qu’elles posent un problème d’entretien. Elles ont fait l’objet d’un premier déclassement du domaine public en septembre 2016. La Ville se propose donc de les vendre aux riverains immédiat. Mais l’opposant, curieux, s’intéresse au prix de vente desdites parcelles et livre l’objet de sa curiosité au conseil : “Je me suis dis “tiens nous allons les céder au prix des Domaines donc pas de problème”. Or, ce soir c’est à un prix 2,5 à 3 fois inférieur à l’avis des Domaines que vous nous proposez d’opérer ces cessions ! Au total sur les cinq délibérations, vous demandez à la ville de faire 78 650 € de remise pour ne pas dire de cadeaux aux riverains concernés.”
50 euros le mètre carré
Dans son argumentaire, Philippe Sanmartin cite deux autres terrains cédés en 2017 pour un montant conforme à celui des Domaines, le service de l’État chargé d’évaluer les propriétés publiques, établissant un prix de vente à 410 euros le m2 pour l’un et 30 euros pour l’autre. Dans le cas présent, le prix de cession est fixé à 50 euros le m2.
Il a alors une petite phrase qui met le feu aux poudres : “Je ne peux pas croire que la lecture attentive du texte des délibérations nous fournisse une raison à ce cadeau, et j’ose espérer qu’il s’agit simplement de votre côté d’une regrettable erreur d’appréciation”.
Pas très sport…
En effet, parmi les riverains qui se proposent d’acquérir ce terrain à titre préférentiel, figure une certaine Isabelle Libérato, que toute la ville connaît sous son nom de femme mariée – Libérato-Isnard – puisqu’elle signe ainsi les articles en pages sports de La Provence. D’ailleurs, le maire Nicolas Isnard a pris soin de dire avant la présentation desdits rapports qu’il ne prendrait pas part au vote puisque sa famille était directement concernée.
À la suite de son adjointe à l’urbanisme qui répond sur le plan technique, il prend la parole pour dénoncer la manœuvre politicienne de l’élu Modem et retirer lesdites délibérations en soutenant qu’il n’était de toutes façons pas d’accord avec sa femme sur cet achat et qu’il économiserait ainsi 10 000 euros. Dans la foulée, le ton monte et des noms d’oiseaux fusent, objet d’un projet de plainte de Philippe Sanmartin contre un oiseleur mal-embouché.
Polémique familiale
Joint par téléphone, l’adjoint aux finances David Ytier monte en défense : “Il est tout de même curieux que l’opposition vote en commission tous les rapports des ventes de biens communaux et s’oppose uniquement sur ces cinq là. Si ce n’est pour jeter l’opprobre sur le maire alors qu’il est de notoriété publique que la belle-famille du maire y vit et que c’est là sa résidence principale.” Il cite également les trois délibérations portant également sur des ventes de délaissés que l’opposition a voté s’en s’émouvoir durant ce même conseil “alors que le prix était inférieur aux Domaines”.
“On ne maîtrise pas l’évaluation des Domaines, rétorque l’adjoint aux finances. C’est tout à fait logique de s’aligner sur un prix pratiqué dans le même quartier quelques années auparavant. Même si les terrains sont constructibles, la voie ferrée est toujours là, il faut refaire les clôtures. Ce n’est pas un cadeau.” En attendant, les délibérations sont bel et bien enterrées et l’herbe folle continuera de pousser entre les traverses de l’ancienne voie de chemin de fer.
Commentaires
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De l’utilité d’une opposition vigilante dans nos assemblées. Bravo !
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(Derechef signifie “de nouveau”, pas “immédiatement”.)
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Bonjour
j’ai supprimé ce derechef qui n’avait rien à faire là…
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Ils sont bien, à Salon, aussi.
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Et le titre de cet article est un chef d’œuvre…
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Notre Gaudin n’a pas d’épouse mais beaucoup d’amis à récompenser …rassurez vous Salonnais vous n’êtes pas seuls mais au moins vous avez un élu courageux !
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Et dire que le Maire de Salon a été placé par Muselier et Gaudin à la Présidence de l’ Etablissement Public Foncier régional, outil de lutte contre la spéculation foncière! Quelle pagnolade…
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