À Gémenos, l’arrivée de demandeurs d’asile inquiète le maire qui alerte ses administrés

Le Formule 1 de Gémenos qui accueillera les demandeurs d'asile dès juillet (photo : googleview)

Le 18 mai, les habitants de Gémenos ont reçu dans leurs boîte aux lettres une drôle de missive. Le maire Roland Giberti s’y indignait d’apprendre par la rumeur publique que sa commune allait accueillir une centaine de demandeurs d’asile dans un ancien hôtel reconverti, interpellant le président de la République par le biais de cette lettre. “Sommes-nous victimes d’un déni de démocratie ?”, s’interrogeait l’édile en ouverture, avant d’assurer qu’il s’agissait là d’un “dossier sensible qui doit être traité loin des passions et sans haine”, et sans “polémique partisane et nauséabonde”. Il n’empêche, Roland Giberti a pris le temps de saisir sa plume pour prévenir ses 6000 administrés qu’une “loi de l’omerta” avait cours sur le sujet, après une décision “prise de manière unilatérale”, illustrant bien la façon dont les habitants sont “méprisés” dans cette affaire.

Cette arrivée d’un centre d’hébergement d’urgence sur la commune aurait été découverte de façon détournée, par le biais de François Garotta, président de l’association du parc d’activités de la plaine de Jouques à Gémenos. C’est dans cette zone d’activité, qui jouxte la zone des Paluds, que se situe un hôtel Formule 1 voué à se transformer en centre d’accueil. “J’ai appris par le directeur de l’hôtel qu’il allait cesser ses activités car l’établissement avait été vendu à l’État pour loger des demandeurs d’asile. J’ai immédiatement demandé des explications au maire, qui n’était pas au courant…”

Le groupe AccorHôtels a en effet vendu 62 de ses 237 hôtels low-cost à la Société Nationale Immobilière (SNI) pour répondre à la crise de l’hébergement d’urgence. L’État espère ainsi faire 40 % d’économies en évitant de payer des nuitées dans des hôtels privés. En France, ce sont 6 000 places d’hébergement qui seront ainsi créées, et pas seulement à destination des demandeurs d’asile, mais pour toutes les personnes sans-abri, rappelle Libération dans un article de désintox à ce sujet.

Un long silence de l’État

Deux semaines après avoir écrit cette lettre, qui a inquiété, mais aussi choqué parmi les habitants de la commune, Roland Giberti a été reçu par le préfet des Bouches-du-Rhône Stéphane Bouillon vendredi matin. “Je suis rassuré, a déclaré le maire après cette séance d’éclaircissements, mais pas non plus heureux. Le préfet m’a donné des garanties sur le bon encadrement de l’accueil d’une centaine de migrants, dont une première moitié, 49 personnes, arrivera en juillet, et 48 autres en septembre. Mais je m’en serais tout de même bien passé.”

“C’est ce silence qui était inacceptable. On nous impose la situation sans information, poursuit-il. Il y a eu une vague de peur justifiée chez mes administrés. Combien de migrants arrivent ? Dans quelles conditions ? Que vont-ils faire et comment va-t-on garantir la sécurité des Gémenosiens ?” Dans le département, l’hôtel Formule 1 de Gémenos et celui de Vitrolles sont concernés. Mais jusqu’à vendredi, assure Roland Giberti, l’État n’avait entamé aucun dialogue avec les populations et élus locaux.

Réponse lui a donc été donnée par Stéphane Bouillon lors de ce rendez-vous. Les demandeurs d’asile seront encadrés par quatre salariés de la société publique Adoma, spécialisée dans l’hébergement social. Ils les accompagneront chaque jour dans leurs démarches administratives et dans des activités diverses. Des conditions qui apaisent légèrement Roland Giberti. “Ce sont des hommes célibataires, donc nous n’aurons pas de problème de scolarisation”, se réjouit-il. La préfecture a tout de même précisé à Marsactu que les arrivants de septembre auraient peut-être des profils différents. “C’est la sécurité des gémenosiens qui m’importe le plus”, prévient en tout cas l’édile.

Un comité de suivi sera créé pour suivre cette implantation. Il réunira des administrés, des élus, des responsables du parc d’activités et des agents préfectoraux. “Nous surveillerons que tout se passe bien”, affirme le maire de Gémenos, “et si une des personnes accueillies pose problème, elle sera expulsée. Nous devons travailler et dialoguer avec l’État.” En ce sens, l’Etat sera représenté par Stéphane Bouillon ou la secrétaire générale de la préfecture lors d’une réunion publique prochainement organisée à Gémenos. Mais seulement après les élections législatives.