Le GCM veut vendre la clinique de Bonneveine 15,4 M€

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le 25 Sep 2012
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Pour une entreprise placée en redressement judiciaire depuis novembre, avec une dette d'environ 30 millions d'euros, l'addition a de quoi faire rêver : le Grand conseil de la mutualité (GCM) pourrait récupérer à terme 15,4 millions d'euros, si le projet de reprise de la clinique de Bonneveine – dont il est exploitant et propriétaire – se concrétise. Soit l'opération visée depuis janvier 2011 par le groupe mutualiste, qui emploie près de 1200 personnes et gère 54 structures de soins, comme moyen principal de désendettement. Le tribunal de grande instance de Marseille, qui a entendu ce mardi après-midi les différentes parties dont les trois candidats, annoncera le 9 octobre le vainqueur de l'appel d'offres. Ou choisira de n'en retenir aucun.

Du strict point de vue de l’emploi, c’est l’offre du groupe familial marseillais Bertoncini-Aubert qui présente la casse sociale la plus réduite. Mais encore faut-il prouver que le projet tient la route, ce qui pour de nombreux acteurs n'est pas le cas. "L'offre de Docte Gestion est celle qui rassemblerait le plus de garantie", estime Sandra Camillieri-Allais, présidente du GCM. Et l'administrateur judiciaire, qui a donné son avis au tribunal, penche également dans ce sens.

Reprise comme locataire, redressement, rachat

A quoi correspond l'addition de 15,4 millions d'euros ? Tout d'abord, Docte Gestio reprendrait l'activité de la clinique, qui resterait en secteur 1, avec tiers payant. Première rentrée pour le GCM, qui en resterait propriétaire : un loyer de 300 000 euros la première année, 600 000 la suivante. Le groupe parisien de gestion immobilière, s'il anticipe une chute du chiffre d'affaires de 15 à 20% la première année, entend rapidement redresser la barre (la clinique était à l'équilibre en 2011), comme au centre de santé de Montreuil, sa première expérience dans le domaine de la santé.

Et compte pour cela sur l'aide du GCM, avec qui il a signé des conventions. "La clinique ne peut vivre qu'avec l'écosystème du grand conseil. Nous avons besoin d'eux et ils ont besoin de nous", résume Bernard Bensaïd, PDG de Docte Gestio. Dans un second temps, elle achèterait le terrain et les bâtiments 7,5 millions d'euros, sauf une parcelle promise à un autre avenir. Sur les 20 000 m2, 4500 sont en effet en négociation pour une opération immobilière portée par Primosud, moyennant 7 millions d'euros.

Ces 15,4 millions s'ajoutent même à une bonne nouvelle apprise du mandataire judiciaire, représentant les créanciers : le Crédit mutuel, qui bénéficiait d'une hypothèque sur la clinique, ne l'aurait déclarée qu'à 5,5 millions d'euros au lieu de 7,5. "Ils ont dû oublier les intérêts", glisse Me Moatti, avocat du GCM. Cela s'appelle une erreur de la banque en votre faveur.

La clinique transformée en centre gérontologique ?

Reste l'offre portée par le centre gérontologique départemental (CGD). Cette structure, de par sa proximité avec le conseil général des Bouches-du-Rhône, est plutôt bien vue par la CGT, qui représente les personnels administratifs et techniques du GCM. "Docte Gestio prévoit 33 suppressions de postes et n'offre aucune garantie de maintien de l'activité. Notre préference va à l'offre publique, notamment du point de vue de l'emploi, même si elle ne nous satisfait pas pleinement par exemple sur le montage financier", détaille Guillaume Algrin, délégué du personnel à Bonneveine. Le comité d'entreprise a d'ailleurs voté contre les trois offres lundi et sa représentante demandé que "le procureur ordonne une amélioration" des offres, rapporte La Marseillaise.

Pour la présidente, l'offre du CGD "suscite beaucoup plus d'inquiétude et d'incertitude, puisqu'elle change le projet médical pour un autre métier, même s'il n'est pas à dénigrer". Elle prévoit en effet d’installer à Bonneveine une antenne du CGD en lieu et place de l’activité hospitalière sur laquelle portait pourtant l’appel d’offres. "On peut proposer une transformation de la structure du moment que l’on répond à une logique de santé publique et de préservation de l’emploi", justifie son directeur Jean-Claude Pical. Ce sera au tribunal d'en juger.

Opération immobilière, toujours

Mais pour la présidente du GCM, outre la question du personnel médical (chirurgiens, infirmières…) qui n'est pas levée par l'évocation d'un partenariat avec l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille qu'elle juge flou, l'aspect financier est bien moins attractif. Afin de ne pas avoir à financer les investissements (10 millions d'euros selon La Marseillaise), le CGD s'est associé à Jean Chouraqui, propriétaire notamment de la clinique Pointe-Rouge, qui en retour percevrait un loyer.

Mais, en retour, ce dernier entend racheter directement l'intégralité du terrain, parcelle promise à la promotion immobilière comprise. Le tout pour 7,5 millions d'euros. Ce qui signerait "la mort du GCM", affirme Sandra Camillieri-Allais. Sur ce terrain, il projette 11 000 m2 (et non plus 4500 m2) d'immobilier, a affirmé son avocat à La Provence. Conseillère d'arrondissement et membre du comité de soutien de la clinique, Marie-Françoise Palloix (PCF), regrette que "le CG13 n'ait pas été au bout de la logique" en se portant acquéreur à sa place pour construire du logement social, "une opération gagnant-gagnant".

Carlotti "attentive". Mais encore ?

Ce dossier est en tout cas l'un des points clés dans l'optique du 23 octobre, dernière audience de la période de redressement judiciaire où, sauf demande de prolongation exceptionnelle du procureur, le sort du GCM sera scellé. D'ici là, le comité d'entreprise se sera également réuni, le 4 octobre, pour examiner le plan de sauvegarde de l'emploi (33 licenciements) à la lumière du rapport de l'expert qu'il a mandaté. Avec l'espoir pour la présidente du GCM que tout cela amène l'administrateur judiciaire à remiser ses idées de cession globale de l'entreprise, engagées avec le lancement jusqu'au 5 octobre d'un appel d'offres.

Mais surtout que l'Etat débloque enfin des fonds. Le dossier avance sous l’oeil "attentif" de l’Etat, nous a assuré lundi la ministre marseillaise Marie-Arlette Carlotti. Pour l'aspect sanitaire, via l’agence régionale de santé, peut-être. Mais elle est pour l’instant silencieuse sur l’appui financier qu’attendent direction, syndicats, collectivités et jusqu’à l’administrateur judiciaire.

 

 

Article actualisé le 26 septembre avec des informations tirées de La Marseillaise et La Provence du jour

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