Le département lance un “plan d’investissement d’après-guerre” 100 % financé par la dette
La collectivité est prise en tenaille entre des dépenses de solidarité en hausse constante et le poids croissant de la dette. En deux ans, elle a perdu toute marge de manœuvre. Mais, à quatre mois des élections et au nom de la relance, la majorité veut continuer à investir massivement.
Le département lance un “plan d’investissement d’après-guerre” 100 % financé par la dette
“Nous allons être rattrapés par la patrouille.” La sirène est actionnée par Frédéric Vigouroux, maire de Miramas et président du groupe socialistes, républicains et indépendants. En 2021, le conseil départemental prévoit dans son budget une capacité d’investissement réduite à néant. Une première pour cette institution dont la solidité financière faisait naguère la jalousie de ses homologues communales et régionales.
Avec 2,4 milliards d’euros de recettes et 2,3 milliards de dépenses de fonctionnement, elle ne devrait plus dégager qu’un excédent de 98 millions d’euros. Lequel sera immédiatement mangé par le remboursement de la dette, qui a explosé lors des deux derniers mandats. C’est donc avec le seul recours à l’emprunt que la présidente LR Martine Vassal entend financer “un plan d’investissement historique, un plan d’investissement d’après-guerre, car nous sommes en guerre.” Une redite aggravée de l’exercice 2020, plombé par la crise, où elle ne s’appuyait que sur 8 millions d’euros d’autofinancement. Loin de ralentir la cadence, sa majorité ambitionne de porter l’investissement à 687 millions d’euros, légèrement plus qu’en 2020 mais surtout bien au-dessus du début de mandat, qui tournait entre 400 et 450 millions par an.
“Qui s’est plaint de l’investissement du département pour le boulevard urbain sud, pour le Jarret, pour les dizaines d’équipements sportifs, d’écoles ?”, interroge Martine Vassal depuis la salle de visioconférence où elle préside désormais les séances. Pour elle, il s’agit de rattraper “le retard important, en particulier en matière de transports, d’un territoire qui a trop longtemps souffert d’un manque d’investissements stratégiques” mais aussi de soutenir l’économie locale par la commande publique.
La plus grande enveloppe est dédiée à l’aide aux communes.
Dans le détail, la mobilité représentera effectivement 121 millions d’euros, versés à la métropole pour l’extension du tramway, le renouvellement des rames de métro ou encore la mise en accessibilité des stations. Les collèges, qu’il s’agisse de rénovation ou de construction, requièrent également un volume croissant (+ 30 millions). Mais la plus grosse enveloppe est dédiée à l’aide aux communes, où la hausse de 40 millions d’euros décidée en 2020 est prolongée. Une ligne budgétaire très surveillée par les maires et adoptée sans débat en début de séance. À quatre mois des élections départementales, difficile de ne pas y voir, aussi, une manière de souder la majorité voire de l’élargir en faisant ruisseler les subventions dans les 29 cantons des Bouches-du-Rhône.
Le dilemme de l’opposition
“Ce n’est pas nous qui allons vous reprocher d’investir, en période de crise sanitaire, et aujourd’hui encore j’ai réclamé des moyens pour l’enfance en danger”, reconnaît Josette Sportiello (PS). Pendant les quatre heures où les vice-présidents défendent une à une les 40 lignes budgétaires, l’opposition se montre globalement peu critique, d’autant plus que plusieurs thèmes sensibles comme la culture ou le sport sont soigneusement reconduits à l’identique.
Elle trouve tout de même matière à demander plus de crédits en fonctionnement sur les mineurs non accompagnés – politique dont la chambre régionale des comptes a pointé la “gestion défaillante” mais qui subit une coupe de 16 % – ainsi que le handicap par la voix du communiste martégal Gérard Frau. La socialiste marseillaise se dit dans le même temps inquiète de la hausse continue de la dette et des “marges de manœuvre” laissées au futur exécutif.
On en fait trop ou pas assez ? Il faudrait quand même que vous assumiez une ligne.
Didier Réault, vice-président LR au budget
Au point de s’attirer les sarcasmes de Didier Réault, vice-président LR en charge des finances : “Je voudrais savoir ce qu’il faudrait que nous fassions ? On en fait trop ou pas assez ? Il faudrait quand même que vous assumiez une ligne.” Dans une intervention dont la présidente “n’aurai[t] pas changé un mot”, Frédéric Vigouroux reconnaît que la “lente et continue dégradation de notre institution” est imputable en grande partie “aux choix successifs de l’État, avec une forme de délestage sur les politiques de solidarité.” En cinq ans, les trois allocations de solidarité dont le département a la charge (RSA, prestation de compensation du handicap et allocation personnalisée d’autonomie) ont crû de plus de 100 millions d’euros, sans compensation équivalente de l’État.
Avec sa binôme, Martine Amsellem, le maire de Miramas est le seul au sein de l’opposition à s’abstenir. “C’est très difficile de voter contre car c’est un budget de relance, justifie-t-il. Mais tout cela ne pourra pas durer très longtemps si nous ne rééquilibrons pas nos comptes. Il faudra faire valider ces choix par les électeurs.” Une campagne sur les coupes budgétaires, voilà qui serait original.
Commentaires
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Merci @JulienVinzent, c’est comme si on y était mais on comprend mieux que si on n’y avait été (en tout cas moi).
+ les pointes d’humour — auxquelles il est vrai les protagonistes tendent les bras, parfois malgré eux :p
Et j’ai découvert un truc : MartineCD13 peut donc verser des subventions pour le tram à MartineAMPM — quel monde merveilleux ! Tchou ! Tchou !
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Après avoir ruiné Marseille,nos génies de la gestion et de la finance sont en train de fiche en l’air celles du département. Les chantres de la rigueur budgétaire, qui passent leur temps à critiquer l’action de l’Etat font tout le contraire de ce qu’ils prêchent depuis des années à commencer dès le début de leurs formations au CJD 13 , centre de réflexion des petits patrons qui sévissent dans la région et qui se recyclent en politique faute mieux . Le département par ses choix financiers passés caractérisé par l’arrosage intensif des communes,et oui il faut bien payer sa dette aux maires pour remboursement de son élection, se trouve dans l’obligation d’emprunter pour faire face. Vassal à visiblement plus appris en finance option clientélisme avec Gaudin qu’à Kedgeuuuuuuuu.
Ces ennemis de l’impôt, ces pourfendeurs de la pression fiscale vont très vite se retrouver face à leurs contradictions,mais cela sera comme d’habitude la faute de Lucien, de Louis ou de Jean Nono.
Cette hérésie va malheureusement faire l’objet d’un rapport cinglant de la CRC ,un de plus concernant cette droite libérale locale avec des options économique s fantaisistes,mais il sera trop tard.
A ce niveau d’incompétence,je vous file mon billet que cette politique de gestion va se retrouver comme ce que l’on appelle dans les business school un ” cas” de tout ce qu’il ne faut pas faire. On a les titres de gloire que l’on mérite.
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Vous voyez quand c’est argumenté, sans attaque personnelle qui n’apporte rien au débat (il y en a quelques unes mais moins que d’habitude) et discrédite votre commentaire, je peux être d’accord avec vous !
Je rajouterai que tous les conseils départementaux appliquent la même politique clientéliste auprès des territoires…ça s’appelle aussi la politique.
Le précédent faisait pareil, voir pire, ce n’est pas une excuse j’en conviens, et le prochain fera de même !
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Par rapport à votre dernier commentaire et je vais corriger votre ton professoral puisque j’ai droit à une bonne note, n’oubliez pas mon image d’ailleurs,que la situation locale est particulièrement différente des autres départements, c’est le jeu électif départemental ajouté au phénomène de la métropole. Le principal bassin de population ( Marseille) ne bénéficie pas proportionnellement des subsides départementaux ajouté à la pléthore d’élus qui ne vendent pas leurs âmes,cela est fait depuis longtemps ,mais leurs votes.
Alors que diable , sortez des généralités, le 13 est vraiment particulier judiciairement parlant,ceci expliquant cela. Ici l’on ne parle pas de démocratie,l’on negocie son vote. Difficile d’aller voter en Juin et de choisir, d’ailleurs.
Après, effectivement vous semblez bien maîtriser la politique clientéliste ,sans doute une habitude terrain de votre part, ce n’est pas la mienne.
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Ah , j’allais oublier,vous devriez parlez de vous même carrément à la troisième personne.
Après s’être penché vers nous du haut de votre intelligence,et maintenant en tant que professeur,dites maintenant dans vos interventions Pierre 12 ,pense que.
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C’est vraiment dommage que les comptes du département, métropole et ville ne soient pas transparents et connus de la population. Les plans d’investissement du type “après-guerre” genre plan Marshall étaient financés par les capitaux américains gigantesques. Nous on veut vivre à credit sur nos dettes. Pour commencer, j’aimerais voir la liste des dépenses que ces instances ont décidé de réduire ou supprimer, les doublons, les frais divers. S’il n’y a rien dans les caisses, on n’a pas besoin d’autant de monde pour gérer rien. Tout n’est pas protégé par un statut de fonctionnaire.
Il y a quelques temps, je cherchais les instances qui peuvent aider les personnes handicapées moteur au niveau municipal, départemental et métropole. J’ai été sidérée de voir qu’il y avait des quantités d’instances, de groupes de travail, de groupes transversaux, de services dédiés aux handicapés. Je les ai appelés un à un. En fait, ils font des réunions de travail et des coordinations, mais aucune action concrète ne se produit. Un monde gigantesque gère des sommes ridicules d’aides financières aux personnes handicapées, parce qu’il faut des systèmes de gestion et validation des dossiers au nombre incroyable. Un monde fou pour gérer quatre sous. Dans les trois niveaux ville, département, métropole, il y a doublons et surtout incapacité à faire (du moins c’est ce qu’ils disent) pour rendre la ville plus accessible par exemple. Même dans le plan d’urbanisme, il n’est pas prévu de rendre les trottoirs et la ville plus accessible aux fauteuils roulants.
C’est juste un exemple. On peut optimiser partout avant d’emprunter pour faire des grands travaux, juste parce que c’est le domaine du département ou de la métropole.
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j ai pour ma part un peu de mal a cerner cette “aide aux communes” qui est un postes du budget très important. je comprends bien ce système de subventions qui fait surtout ruisseler les voix vers le-la patron-ne du département.
Mais ce poste opaque me consterne un peu. comment sont utilisées ces subventions ? et pourquoi tant d’argent ?
par ailleurs je m’inscris en soutien de l’interrogation de “jasmin” : dans certains services, et pas les moins importants, loin de là, c’est un genre de chasse au trésor pour avoir le début d’un bout de renseignement, et on aboutit rarement à une solution ! alors effectivement pourquoi tant de monde pour ne “rien” gérer ?
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Clientélisme
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Pour moi l aide aux communes c est de l argent versé aux communes pour des actions de compétence communales que le département ne pourrait pas effectuer directement . Normalement c est pour rétablir une forme de justice géographique en complément des échelons groupement de communes et Etat ..? Et on revient au millefeuille de la décentralisation….
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Brallaisse, vous avez sûrement raison sur le clientélisme, c’est à dire le fait de caser la famille et les copains sur les postes vacants, même si ceux-ci ne correspondent plus à un besoin. Est ce vraiment spécifique aux services publiques de Marseille? Tous mes amis et collègues qui pouvaient le faire, essayaient de caser leurs enfants en stage chez un client ou prestataire, et recrutaient eux-même des personnes recommandées par des gens qui leur retournaient le service plus tard. Dans les pays du Moyen-Orient, c’est d’ailleurs la seule méthode en place même dans les mariages entre familles qui veulent garder l’argent entre eux. Comment cela peut-il changer même un peu? Avez vous connu un temps ou des services où les gens étaient recrutés pour leur compétence, et où les postes vacants pour départ en retraite n’étaient pas pourvus si ce n’était pas la peine?
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Mon modeste cas personnel, où je suis passé par un cabinet de recrutement ,mais c’est sûr ce n’était pas pour rentrer à la ville, à la SEM, à la SECU, ou chez l’écureuil
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A priori la culture n a pas été reporté à l’identique ou alors peut être le chiffre total mais pas la distribution
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