Le corps de Zineb Rédouane, décédée après un tir de lacrymo, reste bloqué à la morgue
Zineb Rédouane est décédée le 12 décembre à l'hôpital après avoir été blessée par une grenade lacrymogène. Depuis lors, son corps reste à la morgue et sa famille n'a même pas pu le voir. Une attente pénible qui retarde l'enterrement et empêche ses proches vivant en Algérie d'obtenir le visa pour la France.
Photos Louise Fessard et DR.
Le 2 décembre dernier, Zineb Redouane décédait à l’hôpital après qu’une grenade lacrymogène l’a blessée au visage. Elle se trouvait alors à la fenêtre de son logement situé au 4e étage d’un immeuble, presque à l’angle de la rue des Feuillants et de la Canebière. Opérée à la Conception, la vieille dame âgée de 80 ans n’a pas tenu le choc. Depuis, son corps est bloqué à la morgue de l’hôpital de la Timone. Le juge d’instruction n’a en effet pas encore délivré de permis d’inhumer.
D’après une source proche de l’enquête, l’autopsie a pourtant été réalisée. Des analyses complémentaires auraient toutefois été demandées à un laboratoire lyonnais, mais elles concerneraient la trajectoire du projectile qui a frappé la victime. Et pour cause : la veille de son opération, Zineb Rédouane à clairement expliqué par téléphone à son fils avoir été “visée” par “deux policiers” armés de lance-grenades alors qu’elle fermait sa fenêtre. Nadjia Takouche, la voisine qui a porté secours à la victime, rapporte les mêmes accusations que l’IGPN, la police des polices qui conduit les investigations, va devoir évaluer.
Lire sur Marsactu : Zineb Redouane, blessée par une grenade lacrymo et décédée à l’hôpital à Marseille
“Nous entrons bientôt dans la période des fêtes. Dans le pire des cas, le temps que le laboratoire de Lyon fasse ses analyses et envoie son rapport, la famille risque de ne récupérer le corps qu’en janvier”, explique Philippe Chaudon, un avocat pénaliste. L’appréciation du juge d’instruction s’avère donc primordiale. Selon le code pénal, dès lors que la conservation du corps n’est plus utile pour l’enquête, l’autorité judiciaire doit délivrer l’autorisation de remise du corps et le permis d’inhumer dans les meilleurs délais. Au delà d’un délai d’un mois après l’autopsie, les proches pourront déposer une requête pour récupérer le corps et le juge aura un délai de quinze jours pour répondre par écrit.
“Je n’ai pas pu voir ma grand-mère”
Les enfants de Zineb Rédouane, qui vivent tous en Algérie, sont atterrés. Sans le permis d’inhumer, ils ne peuvent pas rapatrier le corps de leur mère et l’enterrer en Algérie, selon le rituel musulman. “Je n’ai même pas pu voir ma grand-mère à la morgue, raconte, dépité, le petit-fils de la victime, un commerçant venu spécialement d’Algérie. On ne nous a même pas remis le certificat de décès.”
Malgré ses multiples demandes auprès de l’officier de police chargé de l’enquête, la famille Rédouane n’a pas encore pu récupérer cet autre document sans lequel elle ne peut faire les démarches auprès des administrations (état civil et assurance-maladie), et en particulier auprès du Consulat de France à Alger pour la demande de visa. Pourtant, l’administration de l’hôpital de la Conception est formelle. Ce document figure bien dans le dossier remis aux agents des pompes funèbres lors du transfert du corps de la défunte à la morgue de l’hôpital de la Timone. À défaut, l’un des fils de Zineb Rédouane a dû fait appel au consul d’Algérie à Marseille afin de débloquer son visa.
Commentaires
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On attend avec impatience et curiosité les résultats de l’enquête de l’inspection générale de la police nationale. Est-il si compliqué de déterminer qui était « le gardien de la paix » (appellation statutaire des CRS,) qui détenait l’arme, qui a blessé grièvement la pauvre dame ? En principe on est entièrement responsable de son arme, qui vous est remise, contre décharge par l’armurerie.
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On sait tous (ou presque, seuls les médias mainstream font très souvent semblant de l’ignorer) que l’IGPN sert a blanchir les policiers. Voir le dossier exhaustif de Bastamag sur les violences policières :en plus de 40 ans et autant de morts, pas une seule condamnation a de la prison ferme pour ces fonctionnaires “indelicats”. La justice suit souvent l’avis de l’IGPN, qui pointe systématiquement “l’absence de faute” et “le respect du règlement “, y compris en cas d’homicide. Et des homicides, il y en a eu, il y en a et en aura hélas encore. Les policiers bénéficient d’une véritable impunité dans ce pays, quand on voit le traitement médiatique des “violences”des manifestants versus celles de la police….
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