Le collectif Air-Bel arrache un remaniement profond du projet de rénovation du quartier

Info Marsactu
le 25 Jan 2024
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Rejeté massivement par les habitants, le plan de rénovation de la cité des quartiers Est a été largement revu lors d'un comité de pilotage ce mardi. Le nombre de logements à démolir passerait de 118 à 40.

Air-Bel en janvier 2022. (Photo : BG)
Air-Bel en janvier 2022. (Photo : BG)

Air-Bel en janvier 2022. (Photo : BG)

Cinq longues heures, plusieurs allers et retours à la machine à café, de rares pauses clopes, ont permis à l’ensemble des protagonistes du projet de renouvellement urbain d’Air-Bel (11/12) de sortir satisfaits d’une nouvelle réunion du comité de pilotage. En novembre dernier, la réunion publique sur ce projet, piloté par la métropole Aix Marseille Provence et financé par l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), avait tourné à l’empoignade. Au point que le préfet délégué pour l’égalité des chances, Mickaël Sibilleau, avait averti que tout retard pris dans la mise en œuvre du projet pouvait entraîner la perte des crédits nationaux.

“Sur les 160 millions d’euros du projet, il y a 60 millions de l’ANRU, disait-il en substance. Si ces crédits ne sont pas engagés avant 2026, ils seront perdus”. Il avait donc programmé une nouvelle réunion du comité de pilotage dit “élargi” pour le début de l’année. L’ensemble des associations locales étaient appelées à retravailler le projet, déjà validé en commission nationale d’engagement, et adopté par les conseils métropolitain et municipal.

De 118 à 40 logements démolis

En toute fin de journée, le soulagement et un certain épuisement se lisaient sur les visages. “Cette fois, on peut dire que nous avons réellement été concertés, se satisfait Djamila Aouache, de l’association Il fait bon vivre au quartier. Nous restons prudents parce qu’il y a encore de nombreuses étapes à franchir, mais nous avons obtenu de vraies concessions de leur part“. D’après les premiers éléments recueillis à la nuit tombée, les bailleurs auraient accepté de réduire le nombre de logements démolis, de 118 à 40.

Il s’agissait du principal point de discorde. Ces démolitions étaient notamment liées à la percée d’une nouvelle voie métropolitaine, destinée à désenclaver le quartier en transformant la voirie existante, tortueuse et labyrinthique, en voie publique. “Mais, pour faire cette route, ils veulent démolir des petits bâtiments où les gens sont heureux, s’insurge Rania Aougaci. Ils voient des hérissons et des mésanges le matin. Ils sont à un quart d’heure du centre-ville en tramway et on veut les forcer à déménager“.

Les 1 200 logements répartis sur 21 hectares sont propriétés de trois bailleurs : Erilia, Unicil et logirem. Crédit : Soleam.

La force du collectif

Les associations locales sont venues en force, ce mardi, épaulées par le collectif Air-Bel, fondé en 2020.  Elles ont convié les sociologues Camille François et Charles Réveillère, auteur d’une thèse sur les quartiers en attente d’un projet de rénovation urbaine, Karima Berriche, militante historique du grand Saint-Barthélémy, et Mohamed Bensaada, du syndicat des quartiers populaires et ex-candidat LFI dans les 13/14. Tous membres du collectif d’Air-Bel, sans vivre forcément sur place, ils épaulent les habitants face aux partenaires institutionnels. Sur le perron du siège de la métropole Aix-Marseille-Provence, ils patientent en attendant Soraya Slimani, l’avocate du collectif.

Elle est là comme observatrice“, sourit Rania Aougaci, la coordinatrice de l’amicale de locataires. Il y a peu, l’avocate a permis à des locataires d’Air-bel d’obtenir une victoire inédite face aux trois logeurs de la cité, pour le “trouble de jouissance” engendré par la présence massive de légionellose depuis de longues années. Les représentants des locataires espéraient donc faire la passe de deux en obtenant des autorités publiques comme des bailleurs, une modification en profondeur du projet présenté en novembre dernier.

Pour asseoir sa légitimité dans la représentation des habitants concernés, le collectif Air-Bel a mené un travail de fourmi, avec un porte-à-porte, à la rencontre des ménages dans les bâtiments destinés à la démolition. “Sur les 220 logements initialement visés par la démolition, 124 sont réellement occupés, explique Charles Réveillère qui a réalisé une bonne partie du travail de terrain avec son collègue Camille François. Nous avons fait remplir un questionnaire à 89% d’entre eux. À 74%, ils sont opposés à l’idée de partir“.

Avenant à la convention avant juillet

Du côté des pouvoirs publics, on se réjouit d’avoir trouvé un point de concorde entre les institutions et les associations d’habitants. “C’est le but de la concertation d’obtenir de tels ajustements, se félicite Michaël Sibilleau, le préfet délégué pour l’égalité des chances. Il va donner lieu à un avenant à la convention déjà validée par l’Anru. D’ici là, nous aurons d’autres réunions techniques, puis un nouveau comité de pilotage en mars, avant une présentation en comité d’engagement à l’Anru, en juin prochain“. Même si le délai est serré, il devrait permettre d’engager les crédits avant la fin de l’année 2026 pour un début des travaux, espéré en 2030. “La crainte d’une perte des financements de l’Anru s’éloigne un peu, constate Denis Rossi, élu métropolitain délégué aux projets de rénovation urbaine (DVD), ravi de voir “les collectivités et l’État, avancer en pack, comme au rugby“.

Après le prochain comité de pilotage, nous avons également programmé une restitution aux habitants, ajoute Samia Ghali, la maire-adjointe (DVG) qui supervise les dossiers de rénovation urbaine pour le compte de la municipalité. Je pense depuis le début que ce projet est mal ficelé. Je me réjouis donc qu’on puisse trouver un terrain d’entente qui satisfasse tout le monde, même s’il faudra encore faire des études de faisabilité“. Cette opposition de principe n’avait pas empêché l’élue des 15/16 de voter la convention Air-Bel en conseil métropolitain et municipal.

Le plan initial de le tracé de la route. (Crédit: urban act)

Tout passe par la route

Les ajustements encore à l’étude concernent le tracé précis de la voie nord/sud, axe central du projet. “Selon le tracé, on doit également revoir le positionnement du futur centre social et du groupe scolaire“, constate la maire-adjointe. En attendant, le projet se poursuit notamment par la désignation d’une maîtrise d’œuvre urbaine et sociale, qui doit accompagner les habitants dans leur éventuel relogement. Les trois bailleurs doivent initier le volet réhabilitation, avec la question de l’isolation thermique des bâtiments.

C’est donc sur cette base que le projet urbain doit être repris, sans forcément toucher au principe même de voie traversante. “Moi, je tiens à cette rue traversante, prévient Sylvain Souvestre, le maire de secteur (LR). Une bonne partie des habitants du secteur, passe déjà par Air-Bel pour éviter le secteur de la Parette quand il est saturé. En créant une voie métropolitaine, on peut améliorer l’existant, assurer un meilleur éclairage et mettre des caméras pour assurer une plus grande sécurité aux habitants du quartier“. Il reste donc assez de divergence pour nourrir les débats à venir.

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Commentaires

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  1. 9zéros 9zéros

    La rue traversante, que quelqu’un nous explique techniquement comment elle passe le bout de colline qui bloque son passage et sur lequel se trouve l’une des dernières bastides Marseillaises
    Va-t-elle grimpée ? ou bien sera-t-elle creusée ? et puis quel impact sur la circulation déjà bloquée à son arrivée au croisement avec le tramway. L’idée est-elle vraiment de rendre l’accès a Air Bel plus aisé ou bien de permettre un raccourci pour éviter des embouteillages ? ou comme il est entendu d’ouvrir la cité afin de faciliter le passage de la police? Ce qui est certain c’est l’augmentation des nuisances pour les gens qui habitent autour, sonores et polluantes.

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  2. jacques jacques

    On ne fait pas d’omelette……….

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  3. Moaàa Moaàa

    On devrait mettre des caméras de vidéos surveillances à la mairie du 11&12, On serait surpris et choqués…

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