Le chantier cahoteux du très grand bus de Saint-Antoine

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le 3 Juin 2014
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Le chantier cahoteux du très grand bus de Saint-Antoine
Le chantier cahoteux du très grand bus de Saint-Antoine

Le chantier cahoteux du très grand bus de Saint-Antoine

Bientôt, les très grands bus de la RTM vont débarquer sur l'ancienne route nationale, de Saint-Antoine à la rue de Lyon. Avec la livraison de cette ligne de bus à haut niveau de service (BHNS), les quartiers Nord sont censés entrer de plain-pied dans la modernité des transports avec pistes cyclables et voies réservées aux transports en commun. Or, de sa conception aux premiers coups de pioche, un certain nombre de riverains et commerçants s'opposent au projet et à la façon dont les travaux sont menés par Eiffage Travaux publics.

A quelques mois du terme du chantier attendu pour août, la grogne a repris de la vigueur. A Saint-Antoine, au snack Indian's food, Mohamed n'en peut plus : "Sur l’avenue, les travaux sont bâclés, ils ne nous ont pas respectés, les trottoirs sont très dangereux pour les passants. Il y a des trous partout". A quelques mètres, au bar-tabac La Civette, Samir reprend le même discours en pointant les parpaings placés à la va-vite devant sa terrasse. "On a demandé qu’on nous pose ces pierres, il y a deux ou trois mois car avec mes collègues nous avons dû éponger l’eau qui ruisselle depuis la route quand il pleut".

Défaut de finition

Lors de la dernière séance du conseil communautaire, ces critiques ont été relayées par la maire de secteur, Samia Ghali. Elle a demandé au président de la communauté urbaine, Guy Teissier, de ne pas réceptionner le chantier. Ce dernier lui a répondu qu'il prendrait le temps d'effectuer toutes les vérifications avant de couper le ruban.

"C'est mon devoir de maire d'intervenir alors que l'entreprise n'a pas encore été payée, explique Samia Ghali, quelques jours après son intervention dans l'hémicycle. J'ai visité le chantier il y a trois mois avec l'entreprise Eiffage et le directeur des infrastructures de la communauté urbaine et nous avons listé toutes les malfaçons. Il y a toujours des aléas sur un chantier mais là, on trouve des problèmes tout au long du parcours". Elle entreprend alors une liste à la Prévert des malfaçons, défauts de finition, bosses et trous en pagaille. 

Un inventaire que son adjoint délégué au cadre de vie et à la circulation, Roland Cazzola reprend sur le terrain en pointant les défauts de la rue de Lyon à Saint-Antoine : "Il y a de gros problèmes de finition même dans les parties où les travaux sont terminés. L'entreprise a pris du retard et n'a pas tenu ses engagements". Nous avons donc placé sur une carte, les principaux points noirs de ce chantier en cours.

"En 25 ans, je n'ai jamais connu ça"

Du côté de l'entreprise en charge du chantier, Eiffage Travaux publics, les responsables ont d'abord choisi de faire le dos rond face au feu croisé de critiques. Mais, après plusieurs articles considérés comme à charge, ils ont accepté de répondre : "C'est un chantier très compliqué sur 10 kilomètres où il faut agir simultanément tout en maintenant la circulation. En 25 ans de métier, je dois dire que je n'ai jamais connu une pareille situation, constate Jean-Marc Saillard, directeur régional d'Eiffage TP. Depuis avril 2013, date du début de chantier, nos équipes subissent un grand nombre d'incivilités. Nous avons d'ailleurs eu une réunion avec le préfet de police et les élus concernés le 16 mai dernier. Si nous n'avons pas communiqué, c'est pour éviter de nouvelles difficultés pour nos équipes".

Ces problèmes de gestion de chantier ne suffisent pas à expliquer les trous non rebouchés, les dalles manquantes et la chaussée au revêtement rapiécé. "Les enrobés ont commencé à être repris. Mais, dans tous les cas, nous agissons dans le cadre du cahier des charges. S'il y a des imperfections, il est prévu une période de finitions et de reprises avant réception. Marseille Provence Métropole peut également émettre des réserves qui feront alors l'objet de travaux supplémentaires"

Quant aux défauts de finition sur les parties du chantier censées être terminées, Jean-Marc Saillard avance un autre argument : "Concernant les câbles apparents et les regards techniques, nous ne sommes pas seuls acteurs du chantier. Nous n'avons pas le droit d'intervenir, cela relève de la responsabilité des autres acteurs comme GRDF". A eux donc de boucher les trous qui restent encore.

En plus des difficultés quotidiennes rencontrées sur le chantier, le directeur régional fait état de difficultés liées à la "conception du cahier des charges sur lequel nous n'avons pas la main". Même s'il ne s'étend pas sur le sujet, il soulève la question du caractère très pointillé du site propre où le très grand bus est censé rouler. L'un des chauffeurs du bus 26 qui chemine péniblement sur ce tracé est sans illusion : "Les grands bus vont être abandonnés très vite. La chaussée est trop étroite. Sans parler des voitures qui continueront à circuler sur les voies des bus, des incivilités et des embouteillages…"

A cet argument, Samia Ghali répond sans fard : "Le très grand bus ne va pas voler, on le sait. Le BHNS, j'étais contre, je voulais un métro. Vis-à-vis des riverains, je n'ai jamais mis en avant que ça allait améliorer la circulation mais qu'il s'agissait de travaux d'embellissement". Il reste trois mois pour que cette promesse devienne réalité.

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Commentaires

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  1. Citoyen de l'Estaque Citoyen de l'Estaque

    Le représentant de l’entreprise en charge du chantier, Eiffage Travaux publics, Jean-Marc Saillard, directeur régional d’Eiffage se vise déjà les responsabilités du maître de l’ouvrage, ouvrant implicitement l’ouverture d’un contentieux, en déclarant “Les enrobés ont commencé à être repris._ (Ces travaux qui relèvent de malfaçons seront à la charge de l’entreprise)- Mais, dans tous les cas, nous agissons dans le cadre du cahier des charges. S’il y a des imperfections, il est prévu une période de finitions et de reprises avant réception. Marseille Provence Métropole peut également émettre des réserves qui feront alors l’objet de travaux supplémentaires”. Et c’est précisément-là que les choses se corsent car en marché public, les mots tels que travaux supplémentaires veulent dire que l’entreprise ne fera rien de plus à sa charge car les prestations réalisées sont quasiment conformes aux prescriptions écrites au contrat initial et que donc les prestations commandées par MPM seront alors à nouveau facturées au trésor public……Qui commande paie dit-on dans
    les TP !Ce n’est pourtant qu’un chantier d’embellissement sur 10 km qui aura coûté plus de 33 millions d’euros et qui aura mécontenté tous les habitants des quartiers traversés,les usagers de la route, sans pour autant favoriser les déplacements des transports en commun. L’entreprise a de sérieuses circonstances atténuantes en l’espèce, car les responsables de la commande publique ont quant eux complètement perdu le nord.

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  2. Anonyme Anonyme

    Là encore on manque de courage,de vrais responsables,de patrons.
    On demande pendant des semaines à l entreprise de ne pas faire de bruit,de poussière,de bouchon,on ne veut pas froisser les électeurs juste avant les élections dans le secteur ,on a un cahier des charges nul à chier et on pense ensuite faire de la politique sur le sujet dans les assemblées d Mpm.
    Eiffage assumera,et Eiffage fera payer ce qui n est pas prévu,normal.
    La métropole ne fera qu accentuer la dérive et l irresponsabilité.
    ( de la maîtrise qui dit “c est ce nul de chef”.qui dit “c est le directeur du service qui n ose pas dire la vérité au DG”.ce même DG qui est là par miracle et qui ne contredit pas le DGS ,qui lui ne veut pas de vagues car le politique en fait sa priorité)
    Le tout entre maladies,formations,rtt,états d âmes,jours du maire ,du président,de ponts et syndicalisme,
    Nous là dans l abus d argent public.

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  3. Electeur du 8e Electeur du 8e

    En marge des mésaventures du futur BHNS marseillais, un article intéressant qui confirme que Marseille est, parmi les 100 plus grandes villes européennes, l’une de celles dont l’atmosphère – l’air que nous respirons – est la plus polluée : http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/06/05/dans-quelle-ville-en-europe-respire-t-on-le-mieux_4433073_3244.html.

    L’une des dernières phrases de cet article mérite d’être citée : “Plus généralement, parmi les villes les mieux classées, on retrouve celles qui pratiquent une politique dissuasive de circulation des voitures individuelles, et développent un politique de « mobilité douce ».”

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  4. loulou loulou

    Comme le dit citoyen de l’estaque, cela va être une course à l’avenant pour avoir qqc de correct.
    Ca ressemble plus à du gaspillage qu’à autre chose.

    En ce qui concerne le rêve de piste cyclable, il ne faut pas trop s’exciter. Il a été compté à partir des documents du cahier des charges commentés par Eiffage :
    120m de surélévation pour les passages piétons, 1300m pour les couloirs de bus unidirectionnel- ceux où ne passent que les bus por qu’ils aillent plus vite – et 300 m de piste/bande cyclable.
    Et tout cela pour 33 M€ pour un peu moins de 10 km !

    Il y a un souci effectivement sur le projet et le cahier des charges. Cela ne devrait pas empêcher Eiffage TP de travailler correctement !!

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  5. francoiscoste francoiscoste

    Et en plus MPM a sciemment oublié les vélos qui auraient pu se voir attribué une petite bande cyclable dans le sens de la montée… dans un secteur où Le Vélo est totalement absent et où il y a un grand lycée et de nombreux besoins de déplacements courts…

    Procés en cours… mais les travaux seront finis…

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