La Marseillaise veut s’en sortir avec moins de salariés et moins de journaux

Actualité
le 24 Jan 2018
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Après plus d'un an de redressement judiciaire, le quotidien proche du parti communiste se prépare à vivre une nouvelle réorganisation forcée. Malgré les 44 suppressions de postes, la direction veut installer une "nouvelle dynamique" avec une offre éditoriale repensée autour d'hebdomadaires.

La Marseillaise veut s’en sortir avec moins de salariés et moins de journaux
La Marseillaise veut s’en sortir avec moins de salariés et moins de journaux

La Marseillaise veut s’en sortir avec moins de salariés et moins de journaux

Pressenti depuis plusieurs semaines, le couperet est tombé vendredi. La Marseillaise se prépare à une nouvelle vague de licenciements, la troisième depuis la reprise du titre en 2015 par les Éditions des fédérés. Depuis des mois, les syndicats fixaient pourtant les 86 postes actuels comme la limite basse, dans une structure qui dépassait les 200 personnes quelques années auparavant. “Aucune nouvelle saignée des effectifs ne sera acceptée”, avait posé Nathalie Fredon, représentante des salariés dans le cadre du redressement judiciaire, lors de l’audience du 15 novembre au tribunal de commerce.

Ce lundi, une rencontre avec la direction au siège du journal a permis aux salariés de prendre connaissance directement du plan déjà présenté par la direction lors du comité d’entreprise de vendredi. Le jour de cette annonce, alors que les élus du personnel étaient soufflés par l’ampleur des coupes – 44 postes dont 20 journalistes – la une de leur quotidien était barrée par un gros titre – “L’élan” – en référence à l’appel à soutien lancé depuis le 18 décembre. Président des Éditions des fédérés et ancien vice-président communiste de la région, Alain Hayot n’y voit ni déni ni provocation. “Cette une, c’est parce que nous ne sommes pas dans l’idée d’un repli, nous voulons partir sur une nouvelle dynamique, répond-il. On ne voulait pas faire la même chose avec moins de moyens. On ne pouvait que faire plus mal. On ne s’est donc pas contentés de réduire, on a travaillé sur un modèle éditorial qui se fondait sur les moyens dont on dispose.”

L'”échec” des fusions d’éditions

Le plan de redressement qui sera présenté au tribunal de commerce le 31 janvier prévoit donc la transformation du “quotidien progressiste du grand sudest” en hebdomadaires départementaux, dans l’Hérault, le Gard et peut-être le Var. Seuls les lecteurs des Bouches-du-Rhône trouveraient un quotidien en kiosques en plus de ce magazine. Quant au Vaucluse et aux Alpes-de-Haute-Provence, la Marseillaise cesserait d’y paraître.

De sept éditions (dont deux dans les Bouches-du-Rhône) en 2015, La Marseillaise était progressivement passée à deux (Provence et Languedoc). Si cette nouvelle formule tout en couleur lancée en 2016 vantait un quotidien plus proche de vous”, un abonné marseillais ou martégal doit depuis naviguer entre les informations de la Seyne-sur-Mer, Avignon et Digne pour y trouver une information de proximité. Et le week-end, une édition unique ouverte par un dossier transversal a la lourde tâche de couvrir les attentes des lecteurs de six départements différents. “C’est l’enseignement qu’on a tiré d’un échec”, confirme Alain Hayot lorsqu’on lui expose ces préoccupations.

“Un des axes est de retravailler sur la proximité, mais comment faire avec six journalistes en moins sur cette édition des Bouches-du-Rhône ?”, interroge Jean-Marie Dinh, délégué SNJ-CGT, pour démentir l’idée d’un “regroupement des forces” sur ce cœur historique marseillais.

Un calendrier tendu

Le syndicat s’inquiète également d’un projet “qui reste au stade de l’idée, sans précisions quand à l’organisation pour le mettre en place”. Alors que les départs doivent démarrer dès février, l’équipe restante devra encaisser cette réorganisation tout en assurant le quotidien. Et ce dans des délais contraints. “Malheureusement le tribunal de commerce nous donne un calendrier rapide. Je pense qu’on attend de nous que les choses [l’arrivée des hebdomadaires, ndlr] soient au moins enclenchées en mai”, avant la dernière audience de la période d’observation, le 28. La mobilisation que cela suppose “fait partie du pari”, reconnaît Alain Hayot.

D’autant plus que la genèse de cette mutation elle-même a été rapide. “Ça maturait à l’échelle de la direction du journal, reprend Alain Hayot. Et après le couperet qui a failli tomber en novembre, on a compris qu’il fallait passer à une étape ultérieure et faire appel à une aide extérieure pour formaliser cela.” Mais les “quelques entretiens individuels” conduits par le conseiller éditorial André Ciccodicola, nommé en novembre, et la réflexion menée sur la promotion par groupe Médias et publicités, nouvel actionnaire, ont laissé au syndicaliste Jean-Marie Dinh le sentiment d’une réorganisation préparée dans “la verticalité et l’opacité”. Les négociations dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi commencent dès jeudi.

Dans la foulée d’un communiqué du SNJ-CGT et du Filpac-CGT publié le 22 décembre, qui marquait une prise de distance notable avec la stratégie de la direction, certains salariés planchent sur un projet alternatif de reprise en vue de l’audience du 28 mai. Une piste qui ne serait pas la moindre des révolutions, pour un titre qui a vu l’emprise du parti communiste se renforcer ces dernières années.

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