Laurent Carrié, le préfet envoyé pour faire avancer le plan Macron à Marseille

Actualité
le 22 Oct 2021
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Nouveau préfet délégué pour l'égalité des chances, Laurent Carrié doit surtout suivre l'avancée du plan "Marseille en grand", lancé en septembre par Emmanuel Macron. Sa présentation à la presse est l'occasion d'un point d'étape des avancées avant l'arrivée de la ministre Jacqueline Gourault ce lundi pour débloquer la réforme métropolitaine.

Laurent Carrié, lors de sa présentation à la presse. Photo : B.G.
Laurent Carrié, lors de sa présentation à la presse. Photo : B.G.

Laurent Carrié, lors de sa présentation à la presse. Photo : B.G.

Il a la faconde de son Sud-Ouest natal qui rocaille et appelle au dialogue. Sa haute stature permet les grandes enjambées sur ce “terrain” qu’il dit aimer arpenter. Laurent Carrié a surtout le CV qui lui vaut d’être installé à Marseille comme préfet à double casquette. La première est celle, classique, du délégué pour l’égalité des chances qui coiffe la cohésion sociale, le logement, la politique de la ville et la rénovation urbaine. Le second couvre-chef relève d’une charge plus lourde et plus urgente, celle du suivi des engagements du président pour voir “Marseille en grand”.

À l’heure de sa présentation à la presse, Laurent Carrié dresse les chapitres de sa carrière qui correspondent aux particularités du poste : il est passé par la préfectorale et a dirigé les services de collectivités locales dont ceux du département de Gironde. “J’adore travailler avec les élus”, prévient-il, grand sourire.

Marseille après Matignon

Surtout Laurent Carrié arrive tout droit de Matignon, où il conseillait Édouard Philippe puis Jean Castex à propos des “territoires”, appellation technocratique de tout ce qui n’est pas Paris. “J’ai notamment suivi les questions de ruralité, de finances locales et la préparation de la loi 3DS, énumère-t-il. Mais j’ai aussi travaillé sur le comité interministériel à la Ville et j’ai coordonné de nombreux plans territoriaux dont celui de la Seine-Saint-Denis”.

Toujours à Matignon, il a travaillé sur les arbitrages budgétaires du plan Marseille en grand, alors que celui-ci était en gestation à l’Élysée. Cela explique en grande partie son débarquement précipité à Marseille en remplacement de Marie Aubert, nommée préfète du Bas-Rhin. Lors de son premier exercice médiatique, le caractère sensible de l’empilement de coiffes amène à un petit jeu de micro. Laurent Carrié est là “pour que la mayonnaise du plan prenne bien” mais c’est le plus souvent son N+1, Christophe Mirmand, préfet de région, qui répond quand la question s’avère corsée.

Prenons justement celle des arbitrages financiers. A-t-il une idée de la répartition par ministères des milliards promis à Marseille ? Un calendrier ? Et ce 1,5 milliard d’euros dont la presse s’est fait l’écho, est-il officiel ?

Sur les deux premiers aspects, Laurent Carrié godille avec aisance : “sur la rénovation des écoles, le chiffre de la participation de l’État n’est pas stabilisé”. Sur la mobilité, les 250 millions de subventions et 750 millions d’avances remboursables s’étaleront dans le temps entre les premiers crédits inscrits au projet de loi de finances et le déblocage au fur et à mesure de l’avancée des projets, “dans un délai probable de cinq à huit ans”.

Le duo des dossiers chauds

Quant au chiffre d’1,5 milliard, il assure ne “pas savoir d’où il vient”. “En tout cas, à Matignon, je n’en ai jamais entendu parler”, affirme-t-il. Oups, le chiffre magique est sorti dans la presse, le 2 septembre dernier, avec comme source l’Élysée… Un peu plus tard, Laurent Carrié se rattrape : “l’enveloppe finale sera bien supérieure au chiffre que vous avancez”.

Christophe Mirmand prend pour lui les trois-quarts des questions sur l’avancée du plan Macron. Il intervient notamment sur le sujet le plus brûlant : la réforme de la métropole pour laquelle la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, revient ce lundi.

Le préfet de région Christophe Mirmand et le nouveau préfet Laurent Carrié. (Photo : BG)

“Pas de retour en arrière” sur la métropole

Le préfet de région accrédite la thèse avancée par Martine Vassal d’une réforme par étapes de la gouvernance de l’établissement intercommunal. Dans la perspective de l’arrivée à l’Assemblée nationale de la loi 3DS, Christophe Mirmand défend donc l’idée d’une nouvelle répartition des compétences entre la proximité incarnée par les communes et la stratégie portée par la métropole : “L’idée est de rendre la gouvernance publique plus efficace en intégrant les compétences stratégiques à l’échelle métropolitaine. Le fait métropolitain est acquis et il ne faut pas de retour en arrière”. Pas question de nourrir les appétits de ceux qui voient dans la réforme annoncée une manière de désosser la métropole sans le dire.

Le terme de métropole à la carte doit être considéré avec beaucoup de prudence.

Ces compétences stratégiques ne pourront pas être déléguées à un échelon inférieur comme c’est le cas aujourd’hui. En revanche, à l’échelle communale, l’exercice des compétences de proximité peut donner lieu à une délégation à la métropole. Mais le préfet prévient tout de même : “le terme de métropole à la carte doit être considéré avec beaucoup de prudence”. Des montées, des descentes… Mais plus de niveau intermédiaire comme le sont les conseils de territoire. La métropole est appelée à réfléchir en son sein à “la déconcentration des compétences” mais sans assemblée d’élus ou échelon supplémentaire.

Les questions épineuses pour plus tard

Quant à la question financière, elle sera abordée dès ce lundi lors de la conférence des maires grâce notamment à l’appui de la chambre régionale des comptes “sur les questions financières et budgétaires”. En se concentrant sur ses compétences propres, l’établissement intercommunal est censé “dégager de nouvelles marges de manœuvre financières” mais le préfet ne dit pas comment. Le gisement n’est pas à trouver du côté des fameuses attributions de compensation qui “relèvent d’une question technique qui n’est pas essentielle”.

Côté carotte, l’État a promis de venir abonder les grands projets de mobilité. “L’agenda de la mobilité de la métropole prévoit un investissement de 7 milliards d’euros d’ici à 2030 qui comprennent notamment des infrastructures de transports collectifs, des pôles d’échanges. Sur cette somme, Martine Vassal a sollicité le plan de relance à hauteur de trois milliards d’euros. L’État est prêt à s’engager sur un milliard. À la métropole de dégager les finances nécessaires”, poursuit Christophe Mirmand.

Un tramway jusqu’à La Castellane mais pour quand ?

Concrètement, cela signifie que l’État est prêt s’engager rapidement sur le financement de la ligne de tramway vers La Castellane. Mais le représentant de l’État ne dit pas si “cette accélération” souhaitée pourra permettre de couper le ruban avant 2028, la date prévue dans le plan de déplacements urbains. Les autres projets prioritaires seront choisis en fonction de l’avancement des études. Cela obère un peu la possibilité de voir le tramway de la Belle-de-Mai accélérer pour déboucher boulevard National.

Côté plan écoles, la taille et le contenu de l’enveloppe étatique est en cours de discussion. Mais le préfet n’oublie pas de rattacher la réhabilitation lourde de “174 écoles sur 472” à “la refonte des projets pédagogiques” qu’Emmanuel Macron appelait de ses vœux. Et le préfet Mirmand ne manque pas de citer la municipalité parmi la liste des partenaires de la réforme, histoire d’enfoncer un petit aiguillon libéral dans le cœur à gauche du maire de Marseille. Celui-ci aura le message puisqu’une salariée de son service presse était présente tout comme le chef de ce même service à la métropole. La base d’un partenariat est la faculté de s’entendre. Pour cela, il est toujours utile d’avoir une oreille qui traîne.

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Commentaires

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  1. PierreLP PierreLP

    Malgré mes efforts je ne vois pas bien le rapport entre la rénovation des écoles et l

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  2. PierreLP PierreLP

    Malgré tous mes efforts je ne vois pas bien le lien entre la rénovation des écoles et la réforme pédagogique qui n’est pas plus de la compétence de Benoît Payan que de celle d’Anne Hidalgo ou du maire de Lamotte Beuvron…

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  3. Patafanari Patafanari

    Ancien conseiller d’Edouard Philippe et de Jean Castex.
    Et maintenant envoyé à Marseille pour concrétiser la pensée du Président.
    La mutation sanction est quand même assez rude.

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  4. Andre Andre

    Tout cela ressemble de plus en plus à une mise sous tutelle qui ne dirait pas son nom.
    Une Métropole imposée par le gouvernement et réformée selon le gouvernement. Une rénovation des écoles assortie d’une expérience pédagogique tombée comme le fait du prince et faisant des petits marseillais des cobayes. N’y a-t-il pas assez de problèmes éducatifs dans notre ville pour imposer une réforme pédagogique dont l’histoire nous enseigne chaque fois les conséquences!?
    Et la régionalisation dans tout ça? On est en plein centralisme napoléonien.
    Certains diront que de toute manière nos élus locaux n’auraient pas le niveau pour décider tous seuls. C’est vrai et ils nous l’ont prouvé. Mais ce n’est pas en restant couché qu’on apprend à marcher. La prise de responsabilité ça s’apprend aussi mais l’État jacobin, jaloux de ses prérogatives, préfère sans doute garder sous sa coupe des élus infantiles qu’il peut continuer à diriger et sermonner quand ils ne font que des bêtises, comme Mme Vassal.

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