L’ancien directeur du conservatoire d’Aix renvoyé en correctionnelle pour harcèlement sexuel
Jean-Philippe Dambreville doit désormais se préparer à un procès. Suite à nos révélations en avril 2022, la justice avait ouvert une enquête pour harcèlement sexuel à l'encontre de l'ancien directeur du conservatoire d'Aix. Une dizaine de femmes ont été entendues, mais seule l'une d'elles est, pour l'heure, partie civile.
Le conservatoire à rayonnement régional Darius-Milhaud d'Aix-en-Provence. (Photo : ID)
La nouvelle arrive un an après la libération de la parole, presque jour pour jour. Jean-Philippe Dambreville, directeur du conservatoire d’Aix-en-Provence jusqu’à sa suspension l’été dernier, va être jugé par le tribunal correctionnel d’Aix pour harcèlement sexuel. Dans ce type de dossiers sensibles, les procédures s’étalent souvent sur plusieurs années. Mais concernant Jean-Philippe Dambreville, le processus est allé très vite à compter des révélations publiées sur Marsactu, au printemps dernier. Le procès, fixé au 30 juin, fait suite à une enquête rapidement menée.
Le 7 avril 2022, nous révélions les témoignages concordants de neuf femmes, salariées ou anciennes élèves, s’estimant victimes de harcèlement moral et sexuel de la part du directeur du conservatoire. Toutes nos sources dépeignent un homme “tactile” au comportement “malsain”, qui multiplie les allusions sexuelles. Nous faisons alors aussi état de l’enquête interne ouverte au sein de la mairie d’Aix. Dans le cadre de ces entretiens, une salariée rapporte un “baiser dans le cou” non consenti et décrit son mal-être : “Il me dit que je suis coincée sexuellement. (…) Quand je ripostais, ça l’amusait beaucoup. (…) Il prenait plaisir à me torturer.”
Le jour de la parution de notre article, alors que l’enquête interne court depuis plusieurs mois, la mairie d’Aix annonce suspendre Jean-Philippe Dambreville à titre conservatoire. Les faits sont rapidement transmis au parquet d’Aix, et ce dernier ouvre une enquête fin avril. Au début de l’été 2022, le directeur écope d’une suspension de ses fonctions. En septembre, il est entendu sous le régime de la garde-à-vue.
Une dizaine de femmes entendues par la police
Le parquet d’Aix, contacté ce vendredi, explique “qu’une dizaine de femmes ont été entendues” au cours de l’enquête. Mais les magistrats n’ont pas pris l’initiative de toutes les retenir comme “victimes” au sens juridique. Pour l’heure, une seule femme, la seule à avoir déposé plainte, est à ce stade partie civile. “Nous avons estimé que les faits dénoncés par les autres femmes ne pouvaient pas aboutir devant un tribunal correctionnel”, rapporte Olivier Poulet, procureur adjoint au parquet d’Aix. Parmi elles, certaines font pourtant état de “gestes déplacés”. Une ancienne élève, 17 ans à l’époque, a par exemple rapporté à Marsactu une “main sur la cuisse” dont elle reste “traumatisée”, comme nous le racontions dans une deuxième enquête.
Le procureur adjoint d’Aix rappelle que “les autres femmes entendues peuvent toujours déposer plainte jusqu’à la date du procès”. Qu’elles le fassent ou non, le magistrat estime que les dépositions faites durant l’enquête “vont évidemment colorer le dossier lors de l’audience”.
Sollicité par Marsactu, Jean-Philippe Dambreville a répondu à nos questions quelques heures après la parution de cet article. “Je conteste l’ensemble de ces faits et le dossier s’est dégonflé, estime-t-il. Le procès est sans commune mesure avec les faits annoncés, beaucoup de choses se sont envolées. Moi aussi, j’ai des éléments objectifs qui seront remis à la justice, dont je réserve la primeur à mon avocat”. Il indique par ailleurs avoir fait appel de sa suspension auprès du tribunal administratif.
Un autre élément aura aussi une influence sur l’audience à venir : la position de la mairie. Selon plusieurs victimes et élus syndicaux, les cadres de la ville ont été informés par plusieurs biais du comportement de Jean-Philippe Dambreville dès 2016. Contactée à l’occasion de nos différents articles, la maire Sophie Joissains n’a pas répondu à nos sollicitations. Mais lors du conseil municipal de juillet dernier, son directeur général des services, Bernard Magnan, a reconnu avoir été “alerté” en 2016. Pourtant, la ville n’a ouvert une enquête interne qu’à l’automne 2021. Puis n’a signalé les faits à la justice qu’en avril dernier, à la suite de notre article. Ce vendredi, la ville dit “prendre acte de la décision du procureur”.
Actualisation à 21 h le 14/04/23 : ajout du commentaire de Jean-Philippe Dambreville.
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