Laissera-t-on la L2 rouler sans filtre ?
Laissera-t-on la L2 rouler sans filtre ?
"On nous répond qu'il faut attendre que le contrat soit finalisé, mais ça sera trop tard" s'inquiètent les membres du collectif anti-nuisances L2 (CAN L2). Mais les informations sur les négociations autour du contrat de la rocade L2, censée lier les autoroutes A7 et A50, ne filtrent pas. Les récentes avancées du projet, avec la désignation de Bouygues comme pépépéiste par l'Etat, ne changent rien. "Je ne peux pas vous donner de chiffres. Tout simplement parce que nous sommes encore en phase de discussion entre l'entreprise privée et l'administration et si je le faisais, on pourrait me le reprocher pénalement", justifiait en conférence de presse le ministre des transports Frédéric Cuvillier.
Le CAN L2, créé en 2010, a déjà obtenu la couverture de la rocade au niveau de leurs quartiers, Montolivet et Bois Luzy (12e). Aujourd'hui, le collectif souhaite alerter sur la pollution de l’air par des microparticules – PM2,5 – causes de problèmes cardiaques. Son président Richard Hardouin explique que "pour l’instant, une cheminée au parc de la Moline est censée permettre d’évacuer ces particules causées par la circulation. Non seulement cela ne fait que les rejeter à la surface, mais notre modélisation montre que cela n’enlève que 30% de l’air pollué".
Pour imposer leur requête, Richard Hardouin et son équipe s’appuient sur un argument de poids : la directive européenne concernant la qualité de l’air ambiant. Elle demande une émission de 10 microgrammes par m³, en l’état actuel des choses le niveau est à 12 μg. "D’après nos modélisations, sans cheminée, le niveau aux sorties [du tronçon enterré] est à plus de 25 μg, ce qui est totalement en infraction européenne".
"Un problème pour tout Marseille"
Pour le collectif, "il faut installer une filtration avec captage des gaz pollués sur toute la longueur de l’ouvrage. Cela doit apparaître dans le cahier des charges". Un document technique impossible d'accès, la Dreal – direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement – n'a transmis en octobre 2012 qu'un aperçu de trois pages au collectif.
La présence d’une station de filtration ne permet pas seulement d’éviter que la pollution soit recrachée au beau milieu du quartier. "C’est un problème qui concerne tout Marseille, précise Daniel Livrelli, membre du conseil d’administration du CAN L2. La particule est très volatile et il y a 13 vents à Marseille, elle peut donc très rapidement se répandre partout dans la ville". Ce tunnel est pour eux une opportunité de lutter contre la pollution dans "la ville la plus pollué d’Europe !". Un titre qui se traduit par "une perte de vie de 7 mois et un coût de santé de 1000 euros par heure" avance le collectif.
"La crainte de la jurisprudence"
Rapidement la question du coût intervient, pas vraiment un obstacle pour Richard Hardouin "il est minime, 1 million pour l’installation et 1 million pour l’entretien pendant 30 ans". Des chiffres qui paraissent dérisoires mais "confirmés par la Dreal" nous affirme-t-on. Nous n'avons pas réussi à joindre ce service de l'État. Daniel Livrelli en remet une couche : "L’Etat risque de payer une amende de 240 000 € par jour en cas de non respect des normes de pollution, alors qu’en 5 jours la filtration est financée". Un coût que la région est prête à supporter selon les dires de Jean Marc Coppola, vice-président chargé des investissements.
Pour Daniel Livrelli, "le problème vient de la crainte que cela fasse une jurisprudence. S’ils nous l’accordent à nous, ils doivent le faire pour tout le monde". Pour l'instant le CAN L2 s'appuie sur ses soutiens politiques, Valérie Boyer et Roland Blum notamment, et compte sur la juridiction européenne pour faire fléchir la Dreal. S'il le faut, "nous n’hésiterons pas à aller au tribunal si nous ne sommes pas entendu, prévient Richard Hardouin. On se rapprochera également d’autres associations pour réaliser des manifestations gênantes". En attendant la prochaine étape est une réunion avec la Dreal le 20 juin.
Commentaires
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En attendant les embouteillages perdurent avec une pollution importante et un impact considérable sur le budget des automobilistes (vous savez les proies des politiques !) qui mettent plus de temps qu’il n’en faut pour se déplacer parce qu’aucun élu n’a su prendre les choses en main. 20 ans de travaux et toujours rien ! Quelle honte
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Fatiguant qu’il faille se battre pour tout, même les choses les plus élémentaires…
Mme Boyer et Mr Blum militaient-ils pour ce système quand ils étaient dans la majorité ?
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Oui, pour la L2 il faut des filtres, mais l’urgence pour des millions d’habitants et d’automobilistes, c’est que le carcan de la traversée de Marseille par le Jarret soit supprimé. Et si ces filtres sont si peu cher, c’est un scandale de ne pas en avoir mis sur le Jarret, sur le cours Lieutaud et toutes les voies de grandes circulation où les immeubles d’habitation sont très rapprochés des pots d’échappement des véhicules. Il y a à mon avis des priorités, des urgences et des équités que les décideurs doivent s’appliquer à respecter. Ce n’est pas parce que des très puissants empêchent la réalisation de la L2 depuis 30 ans, parce que la citoyenne Boyer et le citoyen Blum ont des clientèles qu’il faut passer outre à ces urgences, priorités et équités.
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C’est choquant de dire que Blum et Boyer privilégient les quartiers où ils sont élus ??????
Choquant de dire qu’il y a 3000 élèves à la Fourragère où il n’y a même pas de couverture ?????
Alors les fumées toxiques ????? sont plus toxiques chez les bourgeois ?
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Pour une fois, La Provence a fait un papier plus fouillé que MARSACTU sur la L2 et surtout son financement !
Un pirouette comptable du PPP pour masquer une dette de l’ Etat
Avec un surcôut de 300 millions pour rembourser les intérêts ???
A creuser.
http://www.laprovence.com/article/edition-marseille/2391812/ce-que-coutera-vraiment-la-rocade-l2.html
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Le tunnel Vieux Port, le Prado Carénage, le tunnel Joliette et le tunnel St Charles ont-ils été équipé de filtres ? ce serait intéressant de poser la question.
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Les filtres, c’est sûrement très bien, mais il ne faut pas confondre la cause et les effets. l’hyper-pollution atmosphérique dont souffre Marseille (ville la plus polluée de France par les particules fines liées à la circulation automobile selon l’INVS) est due à la conjonction de deux phénomènes : la fiscalité aberrante du gazole, unique en Europe, qui a conduit la majorité des automobilistes à s’équiper de motorisations polluantes, et le déficit de transport public dans et autour de Marseille.
On peut toujours mettre des filtres dans un tunnel, mais c’est tout Marseille qui est pollué : la seule solution réelle, c’est de diminuer la circulation automobile et d’encourager les moteurs “propres”.
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Apparemment, on n’a pas tellement de recul sur ces filtres. Il y en a très peu dans le monde (quelques dizaines à peine), à l’efficacité très discutée, au coût nettement supérieur à celui annoncé. Le Grand Lyon vient d’ailleurs de décider de ne pas en installer dans le Tunnel de la Croix-Rousse qu’ils sont en train de rénover.
“Compte tenu des coûts de fonctionnement élevés et du bilan environnemental très incertain des systèmes de traitement de l’air dans les tunnels routiers, le Grand Lyon a choisi de ne pas filtrer l’air du tunnel de la Croix-Rousse.”
“Le tunnel de la M5 East, à Sydney, est à la fois doté d’un système de traitement des particules et d’élimination des gaz d’échappement, les dioxydes d’azote (NO2).
Outre l’investissement (61 millions d’euros), le coût d’exploitation annuel (632.000 euros pour 6 heures par jour) et le coût annuel de l’électricité (28.000 euros), l’efficacité de l’usine de filtration n’a pas été démontrée. À tel point que, le 24 octobre dernier, le ministère des Routes de Nouvelle-Galles-du-Sud a annoncé l’arrêt complet du système.”
“En paratique, explique le Cetu, lorsque les dispositifs sont utilisés pour améliorer la visibilité dans les ouvrages, il est avéré que le résultat est atteint. Dans le cadre d’une utilisation pour limiter l’impact des rejets sur l’environnement (…), il n’existe pas à notre connaissance de retour sur expérience précis.”
(Extraits de Lyon Capitale-le mensuel n°721, le 29 mars 2013.)
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Pour info la pollution du prado carénage est rejetée en plein centre ville, rue Bossuet (à côté rue Breteuil), avec des écoles à proximité (on voit la cheminée depuis la cour d’école)…. Bien pire qu’au milieu d’un parc comme evoque dans l’article….et personne ne dis rien. 2 poids, 2 mesures entre les habitants du centre ville et ceux de montolivet???
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“Faire fléchir la DREAL” c’est un contre-sens puisque la DREAL est POUR cet équipement des tunnels par de la filtration…
En effet le Plan de Protection de l’Atmosphère du 13 (qui vient d’être approuvé) prévoit explicitement cette mesure à caractère réglementaire (voir p. 103 de ce document un peu volumineux, que nous avons étudié lors de son enquête publique) :
http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_PPA13_version_finale_signee_17052013_cle577b2e.pdf
Donc il n’y a aucune raison de croire que la DREAL pourrait être hostile ou réticente à cet équipement.
Par ailleurs cette mesure prévoir également de réaliser des études d’optimisation pour les tunnels qui existent déjà. A chacun de s’en saisir pour faire pression sur les “tunneliers” !
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La décision de couvrir la L2 au niveau de Montolivet-Bois-Luzy a été arrêtée en 1974 par le maire de Marseille à la suite du combat mené par les CIQ de Montolivet, Bois-Luzy et Petit-Bosquet. Ensuite, lorsque la maîtrise d’ouvrage est passée à l’Etat, la décision de couvrir la tranchée a été maintenue. Lorsque la DUP a été signée en 1992, les CIQ ont continué leur mobilisation et ont réussi à obtenir un allongement de la partie couverte et certains aménagements dont le parc de la Moline (cf. livre d’Eric Brassart, alors directeur de la DDE, «la L2 ou le sens de la ville»). Le combat des CIQ n’a jamais cessé, hier comme aujourd’hui, ils continuent de demander l’application des normes contre le bruit et la pollution et des mesures de traitement des nuisances au niveau des entrées et sorties des tunnels. Ils ont d’ailleurs des Rdv réguliers avec la DREAL.
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