La Ville vise le 3e arrondissement pour creuser sa première piscine avant la fin du mandat

La piscine de Frais-Vallon (13e). (Illustration / Diane Pezeron-Dubois)

L’année dernière, seuls 56 % des Marseillais et Marseillaises en classe de CM2 savaient nager, contre 88 % à l’échelle nationale. Dans les quartiers les plus carencés en piscine, la proportion de jeunes nageurs tombe même en dessous des 30 %. Entrer au collège en sachant nager, c’est encore loin d’être acquis, rappelle la Ville de Marseille. Un constat qui sert de justificatif à la validation d’une convention de partenariat avec Euroméditerranée, ce vendredi lors du conseil municipal. L’objectif est d’étudier la faisabilité de l’implantation d’une nouvelle piscine dans le périmètre de l’établissement public d’aménagement qui couvre en partie les 2e, 3e et 15e arrondissements.

La délibération soumise au vote vendredi fait de ce projet de piscine au sein d’Euromed la “phase 1” d’un “plan de modernisation des piscines municipales”. Il s’accompagne de la réhabilitation lourde de la piscine de la Castellane, estimée à 6 millions d’euros. Le manque d’équipements – seulement 14 piscines en activité sur toute la ville – défavorise en premier lieu les quartiers Nord. Ces derniers offrent à peine 4,3 m2 de bassin par habitant, contre 7,5 m² pour les nageurs des quartiers Sud. Dans les 2e et 3e arrondissements, aucune piscine municipale n’existe à ce jour. Pour les nageurs du secteur, c’est donc la piscine Saint-Charles qui s’avère être l’option la plus proche.

Un vieux projet réajusté

Comme on peut le lire sur la convention de partenariat, la Ville et Euroméditerranée ont identifié deux sites capables d’accueillir la future piscine municipale, tous deux dans le 3e. Celle-ci serait construite soit en continuité du parc de Bougainville, du côté de Félix-Pyat, soit sur le même îlot que le gymnase Ruffi, à la Villette. Une étude de faisabilité doit prochainement être réalisée pour départager les deux options. L’étude tiendra compte des contraintes propres à chaque site, et permettra de produire une estimation financière du coût du chantier. Coordonné par un comité technique associant les deux signataires, le chantier devrait s’étendre d’octobre 2023 jusqu’à l’été 2026. À une longueur de la fin du mandat.

Il y a quelques années, la majorité alors menée par Jean-Claude Gaudin avait déjà imaginé sa “piscine Euroméditerranée”, mais à un tout autre emplacement. Elle devait voir le jour au pied de la tour CMA-CGM, au cœur du nouveau quartier d’affaires de ce secteur à la fracture sociale si marquée. En 2016, un appel d’offres rassemblant ce projet ainsi que la remise à flots de la piscine de Luminy avait été lancé. Deux ans plus tard, le site choisi à Arenc était identifié comme inondable en cas de crues du ruisseau des Aygalades. Le projet est donc resté à l’arrêt. Celui de faire renaître la piscine de Luminy aussi.

À LIRE

Le projet de la piscine d’Euroméditerranée prend l’eau

Le risque d’inondation peut-il ressurgir aujourd’hui ? Le site voisin à Félix-Pyat est, prévient la convention, également “impacté par la zone inondable”. Mais le document ajoute qu’en raison de la “forte différence de niveau” sur le site, encadré par la rue Caravelle et la rue Édouard-Crémieux, il est viable de “construire avec cette contrainte”. Quant au site de Ruffi, il présente la contrainte de surplomber le tunnel ferroviaire de Lajout. Il faudrait donc implanter la piscine “de part et d’autre du tunnel” et, pourquoi pas, imaginer un “bâtiment pont” au-dessus de celui-ci.

Quant à la réhabilitation de la piscine de la Castellane, en activité mais vieillissante, le conseil municipal de vendredi actera simplement le lancement des premières études. Passée cette première phase, le reste du plan n’est pas détaillé mais les piscines candidates évidentes sont connues. Fermée depuis maintenant 13 ans, la piscine Nord (15e) a fait l’objet d’une délibération en avril 2021, sans que la suite soit évoquée pour la phase 1. Elle aussi fermée depuis plus de dix ans, celle de Luminy (9e) attend encore un lancement officiel de projet. Votée en toute fin de la dernière mandature Gaudin, la reconstruction de la piscine de Frais-Vallon (13e) est quant à elle lestée par l’absence d’avancée du projet de rénovation urbaine du quartier. Entre temps, la Ville a pris du retard dans la remise à flots de celle de la Bombardière (12e). Rénover les piscines vétustes ou ressusciter les piscines fantômes, la Ville aura l’embarras du choix pour écrire les chapitres suivants de son plan.