La Ville de Marseille en opération déminage pour éviter une rentrée explosive
Jean-Claude Gaudin présentait jeudi les nouveautés de la rentrée des écoles 2018. Un rendez-vous stratégique pour éviter un mois de septembre tendu, entre fronde des agents et inquiétude des parents.
Jean-Claude Gaudin, et Danièle Casanova, adjointe aux écoles, présentent à la presse les enjeux de la rentrée 2018. (Image Lisa Castelly)
“Les difficultés arrivent toujours huit jours après”. Lors de la présentation à la presse de la rentrée scolaire, Jean-Claude Gaudin se veut philosophe. Depuis la polémique qui a accompagné l’incapacité de la Ville à offrir des temps d’activités périscolaires en 2014, ce rendez-vous est devenu un enjeu déterminant pour la municipalité, bien décidée à démontrer que “la Ville de Marseille fait d’énormes efforts”, comme le martèle le maire. Sauf qu’une fois de plus, la liste des points à déminer est longue. Et c’est entouré de l’adjointe aux écoles, Danièle Casanova et de plusieurs fonctionnaires, dont le directeur général des services, que le maire y fait face.
Le principal bouleversement : la fin des temps d’activités périscolaires (TAP) telles que lancés par Vincent Peillon en 2013. Retour à la semaine de quatre jours, après plusieurs années d’application dans la douleur de la réforme. Un choix approuvé “par 302 conseils d’école” sur les 318 a avoir répondu, brandit le maire. Ce dernier annonce donc la réorganisation du temps périscolaire. Les garderies seront améliorées pour “garantir une qualité pédagogique. […] Il ne s’agira plus de simples garderies mais d’animations en lien avec les projets pédagogiques de l’école”.
Elles ouvriront aussi 30 minutes supplémentaires, jusqu’à 18 heures. Autre bonne nouvelle pour les parents, le tarif maximum passe de 3 euros à 2,50 euros, pour les gardes du matin et seront davantage progressifs, en fonction des revenus familiaux. Enfin, le dispositif “coup de pouce” qui propose une aide aux devoirs aux élèves de CP et CE1 gagnera aussi en “qualité”, puisqu’ils se feront désormais systématiquement en présence d’un enseignant. Les nouvelles associations prestataires seront quant à elles désignées “début juillet” suite à un appel d’offres.
20 millions d’euros à réinvestir… ou pas
Ces avancées apparentes sont présentées comme le fruit des économies générées par la fin des TAP. Là où la Ville a toujours évoqué un coût annuel d’une vingtaine de millions d’euros pour ces derniers, il est clair que ce n’est pas la même somme qui sera investie dans ces petites avancées. “Nous allons d’abord voir combien nous coûtent ces nouvelles activités”, se veut prudente Danièle Casanova, qui, relancée, évoque une fourchette prévisionnelle de huit à dix millions d’euros. Un peu plus tard, l’adjoint aux finances Rolland Blum avance la somme de 15 millions “en net”, c’est-à-dire une fois retirée les aides de l’État. L’élue pointe en effet, pour justifier ces économies, la fin d’un financement de l’État d’une valeur de 6,7 millions d’euros attribuée en raison du niveau de pauvreté dans la ville. “Nous ne faisons plus partie des 250 villes les plus pauvres, ce qui est une bonne nouvelle, mais cela veut aussi dire que nous n’aurons plus ce financement”. “Et on met 40 millions sur les travaux !”, rappelle Jean-Claude Gaudin.
Par communiqué, le président du groupe socialiste au conseil municipal Benoît Payan a, en amont de la conférence de presse, demandé à la Ville de réinvestir l’argent des TAP dans des activités éducatives ainsi que dans l’entretien des écoles. Il souhaiterait aussi voir les impôts locaux baisser, car à ses yeux, “la majorité LR n’a eu de cesse de se servir des temps d’activités périscolaires (TAP) pour justifier ses augmentations d’impôts”. Après avoir fait campagne sur la stabilisation des impôts lors des municipales 2014, Jean-Claude Gaudin avait en effet pris prétexte de ces nouveaux rythmes scolaires pour justifier cette hausse deux mois après l’élection.
Quant aux mercredis matins, durant lesquels les petits Marseillais seront de nouveau à la maison, rien n’est encore décidé. L’annonce, mardi, par le ministre de l’Éducation nationale, d’un “plan mercredi” pour financer des activités ces jours-là, , a pris la Ville de Marseille de court. “On en avait eu des échos indirects, mais maintenant, j’attends que le décret soit publié pour m’avancer”, déclare l’adjointe aux écoles.
Dédoublements de classe : “Ça ne pourra pas continuer à l’infini”
Autre “réforme gouvernementale” qui donne du fil à retordre à la municipalité, les dédoublements de classes en zone prioritaire. Après les CP classés REP+ l’an passé, c’est au tour des CE1 de REP+ ainsi que des CP classés REP. Jean-Claude Gaudin annonce que 65 % de ces classes pourront être “physiquement dédoublées”, c’est-à-dire installées dans de nouveaux locaux ou dans des classes séparées de cloisons. Les autres découvriront le “co-enseignement”, la classe avec deux professeurs. “Ça ne pourra pas continuer à l’infini”, déplore le maire pour qui “c’est la Ville qui apporte toujours le plus”.
En dehors du nouveau marché des cantines, les autres sujets de préoccupation pour la rentrée prochaine sont davantage politiques. En plein chantier de modification des temps de travail des agents, la municipalité fait face à un mouvement de grève d’une grande ampleur de la part des agents des cantines, mais aussi des écoles. Trois préavis de grève ont été déposés pour ces derniers par Force ouvrière, l’Unsa et la FSU. Les agents réclament la régularisation des jours de récupération gelés par l’administration, le passage à temps complet des agents employés à temps partiel mais aussi une nouvelle négociation concernant les astreintes des concierges. FO a cependant suspendu sa mobilisation estimant que “le dénouement est proche”. “On nous impose aujourd’hui de faire travailler les agents 1607 heures, il faut les faire, répond le maire. Nous sommes à l’écoute et nous essayons de faire au mieux”.
De la pédagogie sur le PPP des écoles
Dernier sujet qui suscite l’inquiétude des parents et des administrés en général, le massif partenariat public-privé à un milliard d’euros pour reconstruire 34 écoles [Lire notre dossier]. Le directeur général des services, Jean-Claude Gondard, fait distribuer à l’assistance un document d’une dizaine de pages, noircies recto-verso, pour résumer le sujet en “dix questions”, de façon pédagogique. “On dit que les écoles vont être privatisées, pas du tout. Il y aura peut-être un loyer, mais les écoles resteront sous la maîtrise publique !”. “Ce sera plus rapide, moins cher, moins risqué, plus performant, et les bâtiments seront mieux entretenus dans le temps (…). En passant par une procédure normale, ça aurait été plus cher, avec un emprunt qui équivaudrait à certainement plus que la redevance que nous aurons à payer”.
Le haut fonctionnaire balaye les accusations de favoriser, par ce choix juridique, les grosses entreprises au désavantage des petits acteurs locaux. “Les grands groupes auront recours à des sous-traitants, il y aura forcément des artisans, des travailleurs locaux, ils ne vont pas venir de la planète Mars !”. Un peu plus tard, Jean-Claude Gaudin glisse un scoop, “nous avons retenu hier cinq groupes pour le PPP et je crois qu’il y en a un local”. Cinq groupes qui seront mis en concurrence, avant de n’en retenir que trois. L’opération de déminage est rodée, mais suffira-t-elle à garantir une rentrée sans accroc ?
Commentaires
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Une pétaudière dont le seul responsable est un vieillard cacochyme qui se glorifie d’avoir une cantine moins chère qu’à Lyon, argument un brin dérisoire quand tout s’écroule alentour.
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Les 3 vieillards (Gaudin, Gondard, Casanova) représentent à eux seuls près de 200 ans d’âge cumulés…. Un peu beaucoup pour s’occuper de l’avenir de nos minots non ? Je ne fais aucun jeunisme, mais vu les responsabilités dans la 2éme ville de France, on a du mal à imaginer dans leurs têtes, de l’idée, du renouvellement, de la logique, de la pensée éducative.
Mais il parait qu’ils sont bien entourés… On le constate quasiment tous les jours !
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Monsieur le maire “déplore” que « c’est la Ville qui apporte toujours le plus »… OK, il ne s’agit après tout que de nos minots, hein, un détail coûteux, une ligne comptable enquiquinante… En revanche, le stade, lui, n’est jamais trop cher. Comme disait l’autre, “si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance”.
Après qu’il ait laissé en déshérence les écoles de sa ville pendant deux décennies, jusqu’à ce que leur état devienne un scandale national, on attendrait de cet individu un peu de pudeur, à défaut d’excuses.
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Gaudin dans sa réponse aux journaliste s’insurge de leurs insistances et avance “Mais pour qui me prenez vous ?”.
Mais pour simplement ce que vous êtes: un mauvais maire .
Nous n’allons pas rentrer dans les détails, car trois ou quatre inventaires à la “Prévert” ne suffiraient pas . Le “Gabian” est là pour en faire la liste quotidiennement.
Mais ce qui change aujourd’hui c’est qu’à force de raconter des histoires et face aux faits et aux dérives , l’enfumage ne fonctionne plus .Les relations incestueuses avec FO battent de l’aile. Rué veut garder la main mise sur la ville , mais la ville est obligée de revenir sur toutes ces dérives accordées sous la pression de la brigade financière et ceci, il suffit de le constater au travers de tous les conflits dans tous les services municipaux à l’heure actuelle.
Rué fait pression par la grève ( 70% des cantines votent FO) , il en veut plus .
Gaudin, Gondard et Casanova ne peuvent plus rien donner au contraire.
Alors ….
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Je partage cette analyse. La fin de règne est longue.
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S’insurger et éructer à tout propos, c’est la dernière ligne “politique” de ce vieillard.
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C’est une catastrophe et cela commence à faire la Une de la presse nationale (France Info toute à l’heure, Le Moniteur depuis le début mai,…).
La vérité c’est que :
1°) La Ville depuis le début du premier mandat de JC Gaudin au milieu des années 1990 ne s’est pas occupé d’avoir une politique scolaire, parce que de toute façon, personne parmi les élus n’a la moindre idée de ce que pourrait être une politique publique (pas plus dans le scolaire que dans les autres domaines), qu’ils confondent avec l’administration au quotidien et au fil de l’eau, laissée à la diligence de services.
2°) Les services sont de toute façon dans un tel état de décomposition qu’ils n’ont plus les capacités professionnelles et techniques de mettre en oeuvre les opérations nécessaires à un fonctionnement “normal” (comme on vient de le voir avec l’incroyable histoire de la notification pour les Maisons pour tous !), a fortiori de lancer un programme de travaux pluri-annuels destiner à reconstruire presque toutes les écoles !
Je lis souvent dans les commentaires un espoir de “mise sous tutelle de l’Etat” ; mais la loi ne prévoit pas de mise sous-tutelle des collectivités territoriales pour “incompétence généralisée” des élus et des fonctionnaires. De plus une mise sous tutelle, ne permet pas au Préfet de lancer des politiques publiques, mais simplement d’exécuter le budget par tranches et sans prendre de décision de fond. Cela ne résoudrait donc rien même si cela arrivait.
Un autre espoir souvent exprimé c’est de voir les prochaines élections nous débarrasser de cette clique de “bras cassés”. Mais où voyez-vous l’opposition susceptible de renouveler la représentation politique de Marseille et de la Métropole ? Surtout compte-tenu du courage, du savoir-faire technique et de la patience qu’il va falloir mettre en oeuvre pour prendre des décisions toutes plus compliquées et plus impopulaires les unes que les autres pendant au moins deux mandats.
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Vous décrivez bien la double impasse dans laquelle nous nous trouvons, malheureusement :
– une impasse politique : d’une part, en effet, on ne voit pas bien où est la relève, et d’autre part, le prochain maire héritera d’un tel champ de ruines assaisonné de multiples DSP/PPP/concessions qu’il n’aura aucune marge de manoeuvre,
– et une impasse technique : j’ai déjà entendu, de la bouche de bons connaisseurs du système, ce constat de l’état de décomposition des services de la ville, entre incompétence et découragement. La “gestion” des ressources humaines assurée par le syndicat maison et la faiblesse comme l’absence de vision des élus n’y sont probablement pas pour rien.
Il faut peut-être envisager, aux prochaines municipales, une liste qui dépasse les clivages politiques “classiques”, bâtie autour de quelques priorités fortes et urgentes – et autour de la nécessité de sortir les sortants, aussi…
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Et alors nous reprenons les mêmes ?
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Avant de plonger dans un process hors parti, etc….etc…. allez visiter forcalquier, une simple visite sera édifiante!
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Et alors, nous reprenons les mêmes ?
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Je suis aussi à court de solution que vous Antoine…
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La solution préfectorale permettrait peut être de nettoyer les écuries de qui vous savez, au moins cela !
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A la lecture de tous ces excellents (et épouvantables!) commentaires, dont je félicite les auteurs, je vais aller me coucher avec une migraine phénoménale… Il n’y donc rien à attendre de personne dans cette municipalité. Que laissons nous à nos minots?
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Le Gaudinus éructanus va leur laisser des problèmes et des dettes pour au moins deux générations. J’espère qu’avant de rejoindre son Ephad il aura droit à sa “bronca” en quittant la mairie. Çà pourrait du reste s’organiser, la “Grande Bronca” avec haie de déshonneur…
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Commentaire rédigé à 23 heures 06…
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“Ce sera plus rapide, moins cher, moins risqué, plus performant, et[…] mieux entretenus dans le temps (…)” , ça a l’air magique ce PPP: peut-être pourrait-on déléguer la mairie en PPP ? Au moins on changerait de maire plus souvent :o))
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Ah ben oui tout les 30 ans…
Ah ben non cela ne changerait pas tant que cela.
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