"La situation aux Baumettes s'est encore aggravée depuis la visite de Delarue"

"La situation aux Baumettes s'est encore aggravée depuis la visite de Delarue"

Marsactu : Vous vous êtes rendu hier aux Baumettes. Qu'avez-vous retenu de cette visite par rapport aux recommandations de Jean-Marie Delarue ?
Benoît Vandermaesen : Non seulement nous avons constaté les traitements inhumains et dégradants dénoncés par le contrôleur général des lieux de privation de liberté, mais en plus de cela nous avons découvert une situation aggravée depuis sa visite en octobre dernier. Il y a au moins 100 détenus de plus, un taux d'occupation de plus de 150 %, les détenus sont entassés par trois dans les cellules. Hier, il y avait 1847 détenus en tout aux Baumettes pour 1190 places.

N'êtes-vous pas satisfait par la réponse de la garde des sceaux Christiane Taubira ? Que préconise le Syndicat de la magistrature ?
La réponse de Christiane Taubira reste technocratique. Nous sommes en faveur d'un numerus clausus pour lutter contre la surpopulation carcérale. Ensuite, nous souhaitons faire appliquer une circulaire en vue de supprimer les courtes peines d'emprisonnement, favorisant la récidive et la désocialisation. Cela n'a rien à voir avec un discours laxiste, c'est juste une mesure de bon sens que l'Allemagne applique déjà. Je précise que cela ne concerne pas les délinquants dangereux, mais des infractions qui ne justifient pas un emprisonnement. Enfin, nous voulons favoriser l'application des aménagements de peines avec la surveillance électronique. Cette mesure concerne les fins de peines. Aujourd'hui, pour vous donner un exemple, sur 589 personnes éligibles à cette mesure aux Baumettes, seules trois ont pu en bénéficier.

L'Union syndicale des magistrats n'est pas d'accord avec vous. Elle estime que la mesure du numerus clausus serait ingérable, notamment face à l'opinion publique. Que répondez-vous ?
Nous ne sommes pas du tout sur la même longueur d'onde que l'USM. Les magistrats de l'USM préconisent une rénovation en urgence des bâtiments, certes, mais estiment surtout qu'il faut construire d'autres prisons lorsqu'il n'y a plus de place. Je tiens à préciser que le directeur des Baumettes, Thierry Alves, qui s'apprête à quitter son poste est d'accord avec nous sur le principe. Aujourd'hui, on ne sait d'ailleurs toujours pas qui acceptera de le remplacer.