La riposte de la Ville de Marseille pour limiter les grèves de cantine
La mairie négocie actuellement avec les organisations syndicales pour encadrer le droit de grève, notamment dans les cantines. Lors du conseil municipal du 21 décembre prochain une délibération devrait être votée en ce sens. Elle permettra d'empêcher les agents de ne poser qu'une seule heure de grève par jour et les obligera à se déclarer 48 h à l'avance.
Une cantine d'école (Photo BG)
C’est LE sujet brûlant de la majorité municipale : pas une semaine ne passe sans un mouvement d’humeur de parents d’élèves qui protestent contre les fermetures intempestives de cantines scolaires, voire même d’écoles. Or, comme La Marseillaise s’en est fait l’écho, la majorité a trouvé une parade pour limiter les effets délétères de ce mouvement social à bas bruit. Il s’agit d’une disposition de la loi de transformation de la fonction publique, votée en 2019, que la précédente majorité s’était bien gardée de mettre en œuvre, histoire de ne pas ouvrir un nouveau front social.
L’article 56 prévoit en effet d’encadrer le droit de grève de la fonction publique territoriale en mettant fin à ce que le législateur présente comme une méthode de “grève perlée”. C’est à dire très prosaïquement la possibilité pour les agents d’arrêter le travail seulement durant une heure dans le cadre d’un préavis de grève. Ainsi, un préavis déposé par l’UNSA – puis suspendu – qui courait jusqu’au 18 décembre, donnait aux agents des cantines la possibilité de faire grève selon trois modes d’organisation : “de 0 à 24 h, de 11 h à 12 h ou de 11 h 30 à 13 h 30”.
“Dès la prise de service et jusqu’à son terme”
Si la Ville appliquait le nouveau dispositif, les agents grévistes seraient obligés d’exercer ce droit “dès leur prise de service et jusqu’à son terme”. Cette disposition concerne les services “nécessaires à la satisfaction des besoins essentiels des usagers” dont “la collecte et le traitement des déchets des ménages, le transport public de personnes, l’aide aux personnes âgées et handicapées, l’accueil des enfants de moins de trois ans, l’accueil périscolaire, la restauration collective et scolaire”.
La Ville pourrait donc mettre fin aux heures de grève posées de-ci de-là par un petit nombre d’agents qui perturbent l’organisation des repas depuis le début de l’année. En cette fin d’année, les agents des cantines avaient toujours la possibilité de faire grève pendant une heure dans le cadre du préavis national déposé par l’union syndicale Solidaires valable du 1er septembre jusqu’à la fin décembre.
Une majorité se dégage parmi les syndicats
Nous sommes prêts à trouver un accord si la municipalité renonce aux réquisitions de personnel gréviste par exemple
Patrick Rué (Force ouvrière)
L’application de cette loi laisse place à la négociation. Elle pourrait être instaurée dès à présent par voie d’arrêté à condition que la municipalité obtienne le soutien de la majorité des organisations syndicales qui siègent au comité technique (CT). Lors de la dernière séance, l’adjointe à la modernisation des services municipaux, Olivia Fortin, a donc formellement ouvert un round de négociations, auquel participe aussi le directeur de cabinet de la maire, Christophe Pierrel. En cas d’échec des discussions, la mesure pourra être imposée dans un an au plus tôt. Vu le climat social et l’urgence d’éteindre le conflit des cantines scolaires, les négociateurs entendent bien arriver à un accord d’ici le conseil municipal du 21 décembre, histoire de s’assurer une rentrée plus apaisée en janvier. Et ils sont proches d’y arriver.
“Par tradition, nous proposons aux agents de se mobiliser sur une journée d’action comme cela a été le cas le 5 novembre dernier. Donc nous ne sommes pas directement concernés, plaide Patrick Rué, patron des municipaux chez Force ouvrière. Par principe, nous sommes toujours opposés à tout ce qui restreint le droit de grève. Mais nous sommes prêts à trouver un accord si la municipalité renonce aux réquisitions de personnel gréviste par exemple“.
Si elle n’a plus la majorité à elle seule, Force ouvrière pèse lourd dans la balance. Il lui suffit d’être rejointe par un autre syndicat pour faire basculer la majorité. Or, l’alliance CFTC-CFE-CGC qui dispose de deux élus en CT est aussi en faveur d’un accord. “Nous sommes toujours favorables à la négociation surtout quand un mouvement fait des dégâts considérables auprès des administrés, constate Ludovic Bedrossian qui siège au nom de cette alliance. En contrepartie, nous souhaitons que les agents non grévistes bénéficient d’un ticket resto alors qu’elles sont contraintes de venir avec leur pique-nique, les jours de grève“.
En face, la FSU, la CGT et l’UNSA s’organisent en intersyndicale. “Nous avons eu déjà deux réunions, précise Josselyne Cozzolino pour l’UNSA. Mais la position de la Ville n’a pas bougé d’un iota”. Les trois syndicats se savent minoritaires mais ils espèrent faire bouger l’administration municipale sur le calendrier des réformes.
Une déclaration 48 h à l’avance pour organiser le service
Au-delà des limitations du droit de grève, ces dispositions visent avant tout à organiser le service minimum pour permettre aux cantines de fonctionner même en période de grève. Les agents seraient tenus de prévenir la Ville 48 heures à l’avance de leur intention de débrayer. Ces dispositions rejoignent celles déjà applicables pour les professeurs des écoles. “En réalité cela ne changerait pas grand chose puisqu’elles le font déjà”, confie un syndicaliste sous couvert d’anonymat. “Pour cela, il faudra au moins savoir de combien la Ville dispose d’agents dans les cantines avant de fixer un effectif cible à atteindre pour mettre en place ce service minimum, regrette par ailleurs la syndicaliste UNSA. C’est comme le taux d’encadrement ou le fait d’avoir une ATSEM par classe, nous aimerions avoir des gages et un calendrier sur ces points avant d’avancer sur le droit de grève”.
Quelques mois après l’installation de la nouvelle majorité, ces négociations sont aussi un moment clef où chaque syndicat tente de placer ses pions après des décennies de co-gestion municipale avec le syndicat Force ouvrière, dont la position majoritaire le plaçait en toujours en arbitre des conflits. Ni les services de la Ville, ni Olivia Fortin n’ont donné suite à nos questions sur ces négociations délicates.
Commentaires
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La grève perlée est illégale.
La grève d’une durée inférieure à une journée existe en dehors de la fpt, dans le privé c’est le cas, et ce n’est pas une grève perlée mais une grève tout court.
Plutôt que d’annoncer des recrutements massif de statutaires pour la rentrée de septembre et le recours à des entreprises de nettoyage privées en attendant, pour régler la grève, la nouvelle municipalité préfère limiter le droit de grève. Même Gaudin n’avait pas osé. Il va donc falloir s’appuyer sur FO et la CFE-CGC… La classe !
Il me semblait que la nouvelle mairie était de gauche. J’ai dû mal comprendre. J’aurais du rester sur ma première impression lorsque les élus LREM étaient au premier rang de la sauterie madmars en juin 2019.
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qui est de gauche dans ce rassemblement ? PAYANT, GHALI, les ralliés comme BARLES ou l’ex PRG/GAUDINISTE ?
il y a sans doute des gens honnêtes et de bonne volonté mais cela ne constitue pas un programme politique
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Recrutement massif pour Septembre, soit, si on a le budget. Pour le recours en attendant, je crains que ce ne soit pas possible non ? https://www.editions-tissot.fr/actualite/droit-du-travail/greve-remplacement-des-salaries-grevistes
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il ne s’agirait pas de remplacer les grévistes par des entreprises privées, c’est interdit et heureusement mais d’éviter la grève.
Les agents font la grève à cause du manque de personnel.
Si la mairie s’ENGAGE à recruter un nombre conséquent de personnel statutaire à la rentrée de septembre 2021, le recours au privé servirait à les soulager en attendant ces recrutements qui ne peuvent pas être immédiats. Tout les monde y gagnerait: les enfants, les agents et les parents.
Pour l’instant les recrutements ne sont pas à la hauteur malgré les annonces (peu de postes statutaires, beaucoup de contrats précaires à temps très partiel…) qui ne font que remplacer les départs à la retraite et reclassements.
Les syndicats attendent des engagements et un calendrier de recrutement mais rien ne vient.
Il faut que les parents se rendent compte que c’est le bien être et la sécurité de leurs enfants qui est en jeu. Les responsables de la situation sont en maison de retraite maintenant et ceux qui sont aux commandes actuellement ne font pas assez et brident le droit de grève.
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Et niveau budget, pas de problème. Une dizaine de millions sur 1 milliard de fonctionnement…
Il est bien question de recruter 100 flics municipaux de plus. Je ne vais pas m’étendre sur le bien fondé ou non de la mesure mais c’est en tout cas révélateur des priorités de la mairie et/ou du pouvoir de persuasion de l’adjoint.
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Et ça prétend être une mairie de gauche !!!! FO qui n’est pas à un retournement de veste prêt semble donner son accord.
Ce sont ces mêmes élus qui vont en 2022 fustiger la politique antisociale de Macron et nous demander de voter pour changer de politique ?!!!
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Bravo à la nouvelle municipalité! On attend de la gauche, de la rigueur, le respect des lois et des organisations syndicales et voilà qu’enfin on a une équipe courageuse qui semble réussir à concilier tout cela au service des Marseillais
J’avais des doutes mais je retrouve l’espoir!!
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C’est ironique ?
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Je suis extrêmement déçue. Cette municipalité fait comme France Telecom face à la vague de suicides. Bloquer les fenetres pour que les gens ne sautent pas. Même fonctionnement que le clan Gaudin. Connaissent-ils les conditions de travail des ATSEM? Leur ont-ils redonné la place qui leur est dûe dans les Conseils d’Ecole? Savent-ils que quand ils enlèvent une ou 2 ATSEM dans une école maternelle pour la mettre ailleurs, ils foutent la merde dans l’organisation, mettent les enfants en danger, augmentent la charge de travail des ATSEM restantes, obligent les enseignants à faire en plus du leur le travail des “sorties”. Depuis plusieurs années, c’est moi qui allais chercher les enfants dans la cour pour les coucher à la sieste, sur mon temps libre, car mon ATSEM était sortie un jour sur 2. Les agents sont épuisées, dégoûtées, démotivées. On espérait au moins que le respect viendrait avec cette équipe… Se tourner de nouveau vers FO pour négocier, c’est une trahison ! Rien n’a changé. Je suis écoeurée !
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Merci d’avoir apporté vécu à l’info qu’il peut nous manquer. Tout ce que l’on peut constater c’est que, comme pas mal de partis, les syndicats sont tombés dans la compromission et que l’analyse du bien-fondé des revendications ne fait plus partie des objectifs dès lors qu’elles sortent de leur champ d’influence.
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Vous soulevez un point important pour cette majorité qui annonce vouloir négocier, et pour les parents qui ne comprennent pas ce qui se passe : les personnels municipaux sont absents des conseils d’écoles, où la mairie précédente préférait envoyer un élu de secteur de temps en temps… Et comme les absents ont toujours tord …
Bref, il faut une représentation directe du personnel municipal en Conseil d’Ecole, du personnel en plus, des chiffres exacts sur qui est présent et où, qui est déplacé … des correspondants sectoriels, bref des éléments pour gérer l’encadrement des enfants confiés au secteur public.
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Grand père de jumeaux dont la maman travaille je suis mobilisé à chaque grève. Comment font les autres mamans otages des grèves surprises qui ne leur laissent souvent pas le temps de s’organiser.
Les parents ignorent le pourquoi de ces grèves à répétition qui imposent parfois de trouver une solution alternative pour la journée et d’engager des frais supplémentaires de garde quand les agents grévistes perdent une seule heure de salaire.
Les grands sermons sur l’engagement à gauche pour défendre les salariés da
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C’est le principe des grèves. Si elles ne gênaient personne, cela voudrait dire que le service n’est pas utile et qu’il ne servirait à rien de faire grève : éternel débat. Malheureusement ce sont toujours les mêmes qui en souffrent. Plutôt que de faire le forcing devant la porte des écoles les parents devraient plutôt prendre connaissance des revendications et, mettre la pression sur la mairie.
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vous voulez connaitre les raisons de la grève, lisez le message au dessus…
Si on veut que ses petits enfants soient bien à l’école, il faut peut-être se poser des questions sur les conditions d’accueil de ceux-ci avant de dégainer la prise d’otage.
Pour vous, on se fiche qu’il n’y ait que 2 agents pour surveiller toute une école durant l’inter-classe tant que la cantine est ouverte. Les enfants sont en danger. Les personnels sont épuisés.
Lamentable.
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JuH, c’est bien parce que j’ai lu le commentaire de MaxMama13, que j’ai remerciée d’ailleurs, que j’ai fait ce commentaire plus général sur le droit de grève en réponse à Jb. Soit vous m’avez mal lu, soit je me suis mal exprimé.
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Désolé juH, je viens de comprendre que vous répondiez à Jb. Décidemment j’ai des difficultés avec l’organisation de ces commentaires.
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oui, jacques89, j’aurais dû tagger ma réponse… J’approuve tout à fait votre réponse.
@marsactu, ça serait chouette de pouvoir répondre à une réponse… Juste une suggestion.
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da
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La toute nouvelle municipalité ouvre des négociations pour préserver le droit de grève sans pénaliser les parents, eux aussi complètement à bout. Le personnel souffre et ce depuis des années. Laissons à la mairie le temps de régler cet autre héritage et soutenons-les. D’autres essaieront de diviser, restons unis.
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Donc, au lieu de voir les enfants privés de cantine en raison d’une grève de une heure… nous aurons les enfants privés d’école et de cantine en raison d’une grève d’une journée. Je ne suis pas certain que nous autres parents d’élèves marseillais gagnions au change… Sinon, pour éviter une grève, répondre aux revendications c’est pas mal comme piste de travail…
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tout à fait.
Ils comptent probablement sur le sacrifice supplémentaire que cela représente. Qui a fait grève un jour sait qu’on ne fait jamais grève par plaisir.
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Je ne suis pas sûre que les ATSEM fassent grève sur une journée.
Elles debrayent car elles ne perdent qu’une heure de salaire.
Sur une journée entière elles vont réfléchir à 2 fois avant de prendre les parents en otage.
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La mairie a changé, mais les Atsem sont toujours là avec leurs légitimes revendications. Les parents sont toujours là qui n’en peuvent plus de ce service intermittent et on les comprend. Et FO et la CGt (qui a soutenu l’actuelle municipalité) sont toujours là. Bon courage à toute l’équipe pour en sortir par le haut. Il y aura d’un côté les mécontents, et de l’autre les ingrats… suggestion : voir comment la Sodexo pourrait contribuer à la résolution du problème car elle a beaucoup à perdre dans ces greves (les repas non-pris ne sont pas facturés)
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Pour être exact, la CGT a soutenu le printemps marseillais jusqu’au 7 janvier 2020.
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Elle ne la soutient plus ?
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Non, plus depuis janvier 2020
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Disons qu’elle est bienveillante pour l’instant, mais avec des accords pareil avec FO, ça risque de changer très vite…
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La loi n° 2019-828 du 6 août 2019 dite de transformation de la fonction publique, visait à revenir, dans la fonction publique territoriale et pour un nombre limité d’activités “indispensables”, à l’équivalent de la règle du “trentième indivisible”, à nouveau appliquée dans la fonction publique d’état.
Mais le législateur n’a pas osé aller au bout de l’intention…
On voit à quoi aboutit le “en même temps” et l’arrêt au “milieu du gué”…
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