Pour la rentrée, Jean-Claude Gaudin joue les bons élèves du dédoublement des CP

Actualité
le 4 Sep 2017
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Grande nouveauté de la rentrée 2017, la Ville a dû trouver durant l'été de nouvelles salles pour accueillir des CP limités à 12 élèves dans les établissements REP+, d'éducation prioritaire. Une petite révolution qui retombe surtout sur les enseignants.

Jean-Claude Gaudin, entourée de DAnièle Casanova à gauche et Annick Devaux lors de la présentation de la rentrée 2017. Photo : B.G.
Jean-Claude Gaudin, entourée de DAnièle Casanova à gauche et Annick Devaux lors de la présentation de la rentrée 2017. Photo : B.G.

Jean-Claude Gaudin, entourée de DAnièle Casanova à gauche et Annick Devaux lors de la présentation de la rentrée 2017. Photo : B.G.

L’exercice est bien réglé avec, à chaque rentrée, une nouveauté au programme, souvent tombée depuis des hauteurs parisiennes. Flanqué de Danièle Casanova, l’élue en charge des écoles, et de la déléguée générale à l’éducation, Annick Devaux, Jean-Claude Gaudin récite donc sa leçon en bon élève qui a retenu les erreurs des années précédentes. Il se joue des problèmes arithmétiques (444 écoles pour 77 000 élèves dont 1000 nouveaux inscrits), excelle dans les exercices d’expression orale, musclée de grands coups du plat de la main pour fustiger les coups de kalach’ récents dans les fenêtres des écoles de Font-Vert (14e) et Kalliste (15e). Des faits démentis par La Provence, samedi, après vérifications auprès de la police : les tirs à Kalliste sont ceux de carabines à plomb. Qant à Font-Vert, “rien ne corrobore” un quelconque incident indique la même source. Passons.

Au programme encore, un peu d’histoire contemporaine, avec les travaux d’urgence dans les écoles. Après le scandale national de l’hiver 2016, la Ville avait programmé en catastrophe la mise à niveau de nombreux groupes scolaires, avec le concours de l’Etat. “J’ai vu que le préfet rappelait récemment les crédits apportés par l’Etat pour les écoles, mais c’était 5 millions quand nous en avons débloqué 45”, précise le maire. Une somme “tout compris” qui court jusqu’en 2018 puisque la Ville avait promis un plan d’investissement sur 3 ans. En attendant, la principale nouveauté de la rentrée concerne la géographie prioritaire.

237 classes à trouver ou équiper

Promesse du candidat Macron, la mise en place des classes de CP à 12 élèves dans les écoles du réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+) a occupé les services de la Ville une bonne partie de l’été. Ils ont dû trouver de nouveaux locaux pour permettre le dédoublement des classes là où c’est possible. C’est-à-dire, “237 classes, soit 84% des CP concernés. Les autres étant assurées en co-enseignement”, précise le maire. “L’inspecteur d’académie a été étonné qu’on y arrive en si peu de temps”, se félicite l’adjointe aux écoles. Nous avons largement concerté avec les directeurs d’école pour savoir quelles salles étaient disponibles.” Pour les 46 autres classes de CP à 12, soit les 16 % restant, elles seront réparties dans 23 salles où deux enseignants feront classe en tandem.

Si la Ville a dû une nouvelle fois pousser les murs des écoles, la véritable inconnue est pour la rentrée suivante : “En 2018, les CE1 du réseau d’éducation prioritaire renforcé devront aussi passer à 12. Et en 2019 et 2020, les CP puis les CE1 des écoles en réseau d’éducation prioritaire dans leur ensemble”, explique Danièle Casanova qui juge la réforme “impossible” dans l’état actuel du patrimoine scolaire des écoles.

Il faudra donc une aide supplémentaire de l’Etat, ou une nouvelle équation public privé comme celle qui se dessine pour les 56 écoles à charpentes métalliques, dites GEEP, bientôt en fin de vie. Le 16 octobre, la Ville votera le principe “d’un accord cadre global qui fixera plusieurs marchés de partenariat avec des groupes privés”. Comme dans la région parisienne, ils assureront la démolition, la reconstruction et la gestion des groupes scolaires flambant neuf.

Cinq CP à 12 à l’école Kléber

En attendant de connaître le détail de cette nouvelle façon de pousser les murs, exercice pratique, à l’école Kléber (3e) où cinq CP feront leur rentrée lundi dans un cadre nouveau. L’adjointe aux écoles, Danièle Casanova y a enseigné “il y a 41 ans”. “Cela a bien changé, surtout le quartier”, ajoute-t-elle, plus acide que la madeleine de Proust. Construite après-guerre, l’école offre des couleurs pimpantes malgré l’autoroute qui la surplombe.

Les cinq CP ont été répartis dans trois salles : à l’étage une salle avec une enseignante devant 13 élèves là où il y en avait 22 l’an dernier et deux salles où ils devront enseigner de concert. “L’inspection d’académie a fait en sorte que cela soit des enseignants volontaires, expérimentés et plutôt favorables à la mesure”, précise Dominique Soumier, le directeur. Côté organisation, ces deux salles ne diffèrent guère des autres, si ce n’est que deux tableaux sont côte à côte et les bureaux des élèves répartis en deux groupes séparés par une ligne invisible. Là où la Ville avait un temps prévu une cloison amovible.

Une classe où deux enseignants travailleront ensemble en CP.

Une hypothèse qui fait doucement rire Anne Laucci, professeure de CP dans cette école. “C’est une absurdité. La personne qui a eu cette idée a oublié depuis longtemps ce qu’était l’école. Nos salles sont beaucoup trop petites pour y faire deux classes avec une cloison. Vous imaginez le bruit ?” Danièle Casanova a dû apprécier.

Faire classe à deux, “une découverte”

Pour le reste, l’enseignante voit arriver la rentrée avec une grande part d’incertitude : “Nous aurions préféré un an de plus pour s’y préparer”. En l’occurrence, la formation spécifique au co-enseignement n’est pas prévue avant plusieurs semaines. Une formation qui devrait durer trois jours selon le rectorat qui réfléchit en ce moment aux modalités. Heureusement, Anne Laucci et sa collègue se connaissent bien. “Nous avons décidé de ne pas séparer les groupes dans l’enseignement, explique-t-elle. Ce n’est pas possible de faire chanter 12 élèves pendant que d’autres font des maths. Forcément, on se retrouve en concurrence. Les groupes de 12, cela fonctionnera surtout dans la relation avec les parents.”

Avec 13 ans d’expérience, l’enseignante ne s’affole pas à l’idée de cette rentrée inédite. Enseignante PARE jusqu’ici, sorte de “maîtresse en plus” pour aider les élèves en difficulté, elle dit avoir l’habitude d’intervenir dans la classe des autres. “Cela va être une découverte. On va être moins seule, avec un regard extérieur sur nos pratiques. Ça ne sera pas forcément évident mais ça peut être positif.”

Deux profs manquants

Dans une classe voisine, une autre enseignante expérimente le dispositif avec 13 élèves dans une salle qui en accueillait 22 jusqu’à lors. Une situation très différente de celle de ses collègues. “Cela sera positif surtout pour les élèves les plus en difficultés. Et on sait de nos collègues de maternelle que c’est le cas de beaucoup d’élèves qui arrivent”, explique-t-elle. Elle y est donc favorable même si, pour elle, “le bon compromis est 18 élèves pour maintenir une dynamique de classe.”

En attendant de tirer un bilan du dispositif, la rentrée a un lot plus habituel d’incertitudes : cette enseignante n’est pas sûre d’être maintenue en CP puisque l’inspection d’académie a nommé une autre enseignante en “mi-temps thérapeutique” sur son poste. Et deux enseignants de CE1 manquent toujours à l’appel. Les joies d’une rentrée sans réelle nouveauté.

Actualisation lundi 4 septembre à 9 h 45 : ajout de la citation de La Provence démentant les “tirs de kalach” dans les écoles.

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Commentaires

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  1. corsaire vert corsaire vert

    Depuis des années l’école publique à Marseille crie au secours et on a attendu l’été 2017 pour se remuer !
    L’essentiel c’est que les écoles privées ne manquent de rien , depuis qu’elles pompent les crédits de l’éducation dans notre bonne ville, elles doivent pouvoir répondre sans problème aux directives nationales …

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  2. P38 P38

    Livraison ce matin dans notre école (publique), à dos de minots, de 250 ramettes de papier A4 et 250 boites de mouchoirs en papier fournies par les familles….

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    • julijo julijo

      Selon ma mémoire, et l’âge de mes enfants, c’est dans les années 86-87…. Vigouroux, maire, a considérablement baissé le quota financier attribué pour chaque élève.
      Les cahiers ont disparu rapidement.

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