La pollution persistante du ruisseau des Aygalades contamine les projets d’Euroméditerranée

Enquête
le 9 Déc 2024
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Depuis 2013 au moins, le ruisseau des Aygalades et ses eaux souterraines présentent des taux de chrome VI, un métal lourd cancérogène, plus de quatre fois supérieurs aux obligations de la préfecture. L'entreprise Satys, qui a racheté le groupe à l'origine de cette contamination, tarde à dépolluer le cours d'eau, qui passera à ciel ouvert dans les parcs de Bougainville et des Aygalades.

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L'usine Satys est obligée de dépolluer le cours d'eau des Aygalades.

L'usine Satys est obligée de dépolluer le cours d'eau des Aygalades.

Fin 2019, on découvrait que les eaux souterraines des Aygalades étaient largement polluées au chrome VI, une substance cancérogène et mutagène. Cette contamination, connue par la Ville depuis 2013, émanait de la fuite d’une cuve de l’entreprise Protec Métaux Arenc (PMA), spécialisée dans la peinture aéronautique. Après de nombreux arrêtés imposant à la société des […]
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- Les objectifs de dépollution établis par AP (seuil de 0,08 mg/L de chrome VI) sont-ils atteints ? Sinon, quelle date est fixée pour les atteindre ?   Rappelons que l’objectif de cet AP porte sur le traitement des « eaux chromées » qui sont sorties du site par le passé, du temps où il était exploité par la société PMA, laquelle a déposé son bilan, et non Satys qui est l’exploitant actuel. Aujourd’hui le site ne créée aucune nouvelle pollution et ceci est contrôlé régulièrement par les services de l’Etat. Sans l’intervention de Satys, les salariés auraient été licenciés et personne n’aurait traité le sujet de la pollution historique. Dès la reprise de l’exploitation du site par Satys, les actions ont été menées pour la surveillance des points où des résurgences d’eaux chromées ont été identifiées, notamment dans le tunnel du Soulat. Un dispositif de collecte des eaux chromées a été mis en place dans le tunnel, sur environ 800 m. Ce dispositif fonctionne depuis l’été 2022 et permet après traitement un rejet dans le réseau avec des concentrations en chrome VI inférieures au seuil de 0,08 mg/l défini dans l’AP. En outre il a été constaté une diminution très nette du débit d’eaux chromées collectées. Ce traitement se poursuit pour l’instant tant que des résurgences résiduelles d’eaux chromées sont constatées. Il est difficile à ce stade de dater la fin du traitement.   - Où en êtes-vous de la rédaction du plan d'action pour la dépollution prévu pour 2025 ?   Nous continuerons à mettre en œuvre la dépollution en 2025 comme initiée depuis 2021 ( mesures de surveillances et du traitement des eaux collectées dans le tunnel). Le process technique est régulièrement modifié en fonction des analyses des différents points que nous suivons (selon l’arrêté préfectoral). Chaque modification est validée par la DREAL   et le BRGM.   - La préfecture m'a indiqué que vous deviez "quantifier puis récupérer les terres concentrées en chrome" situées sous un bâtiment qui a cessé son activité, qu'est-ce que cela signifie concrètement ?   Nous ne comprenons pas d’où vient cette information de la préfecture. Et nous ne prévoyons pas à ce stade de "quantifier puis récupérer les terres concentrées en chrome". Le site continue son exploitation sans nouvelle pollution pour le bien de ses salariés et de ses clients.   - L'opérateur Brownfields est aujourd'hui chargé de la dépollution, comment a-t-il été choisi ? Quelles sont ses actions ?   Brownfields est le propriétaire du site de l’usine, qu’il loue à Satys qui en assure l’exploitation. Dans le cadre du bail, il est prévu que Brownfields assure la maîtrise d’ouvrage des opérations prescrites dans l’AP et confiées d’une part à un bureau d’études certifié et à une entreprise de travaux de dépollution pour le traitement des eaux chromées. Brownfields est l’un des rares acteurs de référence dans le domaine en France et a une très forte crédibilité auprès des organes de contrôles. Quand Satys arrêtera son activité sur le site, il est d’ores et déjà prévu que Brownfields assurera la remise en état et la reconversion du site pour un usage qui sera défini avec la collectivité.   - Pourquoi le déménagement en 2023 à Marignane a-t-il été annulé ? Est-ce toujours un projet ?   Le déménagement à Marignane a en effet été annulé car la Mairie de Marignane a refusé le permis de construire. L’objectif premier de Satys était de maintenir l’emploi sur un site avec un savoir faire important et spécialisé. A ce stade, nous n’étudions pas d’autre projet.
Isis Marvyle

Commentaires

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  1. Pascal L Pascal L

    Donc quand on a bien pollué les sols, il suffit de revendre, de mettre la société en faillite et hop : responsable mais hors d’atteinte ? Il n’est pas possible de poursuivre pour empoisonnement ? Et est-on certain que les capitaux de SATYS sont très différents de ceux de PMA ?

    A priori, la rue Balthazar Blanc est légèrement au dessus de la zone contaminée donc probablement pas touchée par le ruissellement. Je n’aurais pas trop peur d’y jardiner. Il est probable que ce sont les endroits situés au nord et surtout à l’est qui sont contaminés.

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  2. Richard Mouren Richard Mouren

    Si cette pollution que je crains quasi pérenne pouvait servir de leçon à tous ceux qui réclament à cor et à cri une dérégulation des règlements environnementaux imposés par les ayatollahs de l’écologie, règlementations abusives qui freinent l’activité économique et entrainent des mises à pied…….

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    • petitvelo petitvelo

      Attention, vous frôlez l’apologie de l’éco-terrorisme 😉

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    • Oreo Oreo

      Les réponses à apporter aux problèmes environnementaux et écologiques sont porteuses de changements radicaux, “extrêmes”, dans notre façon d’envisager notre rapport au monde. Toute réponse qui ne serait pas radicale risque fort d’aggraver les problèmes- cf. La voiture électrique.

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  3. AlabArque AlabArque

    Ayant la joie d’habiter au-dessus de la crique dite ‘Bonne Brise’ (panneau officiel), face aux HLM de La Verrerie = à 1 arrêt de bus de la ci-devant usine Legré-Mante, j’éprouve un certain réconfort – désespéré – à l’idée que d’autres quartiers de Marseille sont impactés par ces saloperies chimiques, et je remercie le Gabian de nous tenir au courant de ces périls.
    Mon petit bout de jardin abrite 2 ou 3 fusains (plantés en 1929 !), un pin que j’arrosais au début des années 1980 quand il mesurait moins d’1 mètre et qui a bravement poussé tout tordu, un laurier-rose (blanc), un yucca arrivé en pot en 1994, transplanté au coin de la maison quand il est devenu intransportable dans le séjour : il dépasse maintenant les fenêtres du 1er étage – et à ma grande surprise, il a fleuri en 2023 et 2024, montant chaque fois de 30 à 40 cm. Je tenterai peut-être un albizia dans un coin, un poinsiana dans l’autre. Mais pour les ‘consommables’ (thym, romarin, verveine, sauge, basilic, même lavande) ce sera en bac sur terrasse, en terre ‘saine’.

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  4. AlabArque AlabArque

    D’autre part, je suis un peu étonnée dans le ‘diagnostic’ (commentaire de carte) de lire ‘… et ça n’est pas mieux pour la faune de ce ruisseau. Ainsi, les algues, les crevettes, etc …’ car, bigre, les ALGUES sont de la FLORE et non pas de la FAUNE comme le rappelle la chercheure de l’IMBE !-) petite étourderie. Je suggère de rajouter ‘flore & faune’. Bien à vous

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