La métropole fait le beurre des régies pub
La métropole fait le beurre des régies pub
Ce mardi encore, les Bouches-du-Rhône avaient droit à une pleine page dans Le Figaro. La dernière en plus, mais rien à voir avec une volonté de la rédaction du quotidien. Il faut plutôt chercher son auteur du côté d'Aix-en-Provence à la communauté d'agglomération. Ce "publi-rédactionnel" annonce la couleur dès le titre en grosses lettres violettes, "Non à la métropole marseillaise, oui à la coopération métropolitaine". Un manifeste suit estimant que "les élus des Bouches-du-Rhône refusent la métropole marseillaise" et laisse le bas de page à une carte qui, outre le fait de souligner les grands axes de déplacement, situent aussi le fameux corset montagneux qui entoure Marseille et délégitime la ville pour être le coeur du territoire. Au profit de qui ? Du "pays d'Aix, carrefour d'un grand territoire", pardi.
Mais qu'est-ce qui peut pousser cette communauté d'agglomération, Marseille Provence Métropole ou l'union des maires à agir ainsi ? Leur position est pourtant connue. Quel besoin d'acheter ces espaces publicitaires ? S'agit-il de convaincre les journalistes nationaux de s'intéresser plus largement au sujet ? Pas vraiment répond-on à la CPA où l'on avance un autre argument, plus étonnant. "Si l'on fait la dernière page du Figaro ce mardi, c'est que la présidente de la CPA a rendez- vous avec Marylise Lebranchu ce jour-là. La dernière fois qu'on avait fait cela, c'était sur la LGV. Quand Maryse Joissains était entrée dans le bureau de Jean-Louis Borloo, il avait le journal ouvert sur cette page."
Les ministres, de simples consommateurs de publicité ? La thèse n'est pas particulièrement démentie au pays d'Aubagne dont la présidente, Magali Giovanangeli, a signé l'appel des maires, parlementaires et présidents d'intercommunalités publié dans La Provence mais aussi dans Libération lundi. "On choisit les médias en fonction de leur audience de leur popularité et de leur influence." S'agissait-il de choisir Libération, un quotidien de gauche, pour convaincre un pouvoir de gauche ? "Forcément un peu. Mais, dans l'appel, il y a des élus de toutes tendances confondues et Libération est un journal qui s'intéresse beaucoup à ces questions."
30 à 40 000 euros pour la der' du Figaro
La publicité reste donc un moyen comme un autre d'avancer ses pions. Comme un autre ou presque car le coût de ces opérations est pointé par certains élus. Sur le plateau de LCM mardi soir, Patrick Mennucci s'interrogeait : "Comment ils payent ces pages de pub ?" Une question qui pourrait lui être retournée car Marseille Provence métropole dont il est élu multiplie également les campagnes – favorables à la métropole celles-là. Sans compter la région, où il siège là encore, qui se répand à coups de panneaux de 4 par 3 dans la ville.
Derrière le jeu politicien, la question n'en reste pas moins pertinente. Contrairement aux défenseurs "du manifeste métropolitain" qui se sont cotisés pour se payer une double page dans La Provence ou à Dominique Tian qui paie sur ces deniers personnels, toute cette com' est payée sur des deniers publics. Une dernière page dans Le Figaro est annoncée par la régie publicitaire au tarif de 89 000 euros bruts, ce qui, après moult ristournes habituelles, donne un net aux alentours de 30 000 à 40 000 euros la page. La décision appartient à l'exécutif : à l'échelle d'une collectivité, la somme n'est pas si astronomique. "Cela ne fait pas l'objet d'un vote spécifique, explique-t-on à la CPA. De toute façon, chez nous, tout le monde est contre la métropole. C'est prélevé classiquement sur le budget communication déjà voté." Tous les acteurs interrogés évoquent "une situation exceptionnelle" voire "un non-sujet".
Il existe pourtant des moyens qui coûtent bien moins chers : les tribunes (ou manifestes en ligne), les interviews. Encore faut-il pour cela convaincre les rédactions de la pertinence et de l'intérêt du propos. "C'est prévu", nous indique-t-on à la communauté d'Aubagne. Mais les publicités permettent à coup sûr de maîtriser le timing de publication, histoire de se rappeler au moment idoine au bon souvenir d'une ministre, par exemple. Et de peser sur la décision ?
A nos lecteurs : il s'agit d'un article de 2012. La direction de la communication de MPM nous précise qu'aujourd'hui la métropole désormais présidée par Guy Teissier ne fait plus ce type de publicité.
Commentaires
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On espère que ces roitelets locaux, si prompts à demander un référendum au sujet de la Métropole, ne manqueront pas d’en organiser un pour savoir si tout cet argent doit être utilisé en publicité plutôt qu’en aides sociales…
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CELA EST PUREMENT SCANDALEUX. C’EST UNE PRISE DE POSITION POLITIQUE QUI N’A PAS À ETRE PAYÉ PAR L’ARGENT DU CONTRIBUABLE.
LES PARTIS POLITIQUES RECOIVENT DU FINANCEMENT PUBLIC, QU’ILS S’EN SERVENT !!!
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Bravo Marsactu pour cet article. toutes ces campagnes de pub avec l’argent public sont scandaleuses. Les affiches de la Région sur les panneaux 4 par 3 dans toute la ville sont une honte alors que les gens n’arrivent pas à finir les mois. Il y avait encore aujourd’hui une double page dans La Provence avec un texte signé de M. Viard et Bouletex. savez vous qui l’a payé? est ce l’argent du contribuable?
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Chaque année je permets grâce à mes impôts à Caselli, Gaudin etc de m’offrir leurs vœux sur des panneaux Decaux Il y aussi la gazette de Guèrini « L’Accent » et les campagnes de pubs récurrentes pour telle ou telle collectivité territoriale Actuellement c’est la Région Tout cela c’est du vent Pourtant c ’est comme ça que grâce à nos élus Decaux , Havas ,Publicis etc ne connaissent pas la crise
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bonjour jean marie,
c’est Marylise lebranchu et non Maryse, il n’existe pas de lapsus disait Lacan, il n’y a que des vérités, alors rectifie avant que l’on se méprenne sur ton toi intérieur.
bravo quand même et bon courage.
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Il suffit de lire un passage du dernier livre de J. D ‘ARRIGO pour comprendre comment certains journaux et non des moindres s’aplatissent devant les élus qui en échange commandent des paged de publicité ou d’appel d’offres .
A Marseille JC.GAUDIN gave la régie publicitaire de La Provence moyennant des articles complaisants notamment du service politique .
E.CASELLI sans doute guidé par sa nouvelle recrue ( ex cheftaine du service politique de…..La Provence prend la même tactique que GAUDIN depuis quelques mois.
Quant à P.MENNUCCI , peut être aura-t-il l’audace de poser ouvertement la question à CASELLI lors d’une prochaine séance publique de MPM ?
CHIICHE!
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Ce gaspillage manifeste d’argent public ne peut qu’interroger ! Est-ce bien raisonnable par ces temps de rigueur budgétaire non dite et contestée par Delphine Batho avec la conséquence que l’on sait ? Combien cela fait-il en tout : beau sujet d’investigation pour MARSACTU ?! Cet argent claqué en l’air ne pourrait-il pas plutôt être consacré aux politiques publiques concrètes mises en oeuvre localement, en particulier pour le secteur culturel et artistique ? Un secteur qui commence d’ores et déjà à pâtir de manière anticipée des restrictions budgétaires à venir, dont il se dit qu’elles seront catastrophiques après l’expiration de l’année 2013 !
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mouais c’est surtout que Marsactu est dégue de pas avoir d’achat d’espace pub ; car les 40.000 Euros comme par hasard vous les aurez bien encaissé vous aussi !
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On va dire que cela fait survivre les journaux mais si l’argent sortait de la poche des élus et pas de la notre, cela serait préférable
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Et même que gaudin sera
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Ces dépenses de propagande politique ne doivent pas être payées par les budgets des collectivités locales.
Les dépenses de communication doivent concerner les réalisations et projets des collectivités.
Riques graves pour ces élus, si ceux qui sont censés les contrôler se réveillent un jour (préfet, chambre des comptes…) La presse qui a bénéficié de ces achats de pages ne risque pas de faire des enquêtes gênantes sur cette question. Vive la presse libre ! (Rêvons un peu)
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Il n’est pas si sûr que ça que cette publicité défende la cause qu’elle veut servir. La réaction du public est souvent empreinte d’hostilité. Ce fût le cas des publicités de MPM dans le métro, que tout le monde a interprété comme une campagne pré-primaires de Caselli, avec le succès que l’on sait. Malgré la présence de Viard parmi ses conseils, avant qu’il ne saute dans l’équipe de Menucci lorsque le vent a tourné. C’est le cas de la campagne massive actuelle de la Région sur tout ce qu’elle fait de bon (avec notre argent, ce qui pourrait être rappelé dans la pub), qui est assez automatiquement interprétée comme une façon de renflouer le crédit de Vauzelle, dont même les bonnes initiatives sont critiquées, tellement est grand le ras-le-bol à l’égard du personnage et de « sa » région, de « sa Villa Méditerranée » et de « sa » politique d’affectation des subventions.
Les responsables des boites de com font partie du cercle des proches conseillers des élus et les consensus qui se dégagent au sein de l’entourage des élus peuvent échapper à une prise en compte plus rationnelle de la situation et de l’impact d’une campagne. Les agences de pub, bien payées sur certains dossiers peuvent également serrer leurs prix lorsqu’il s’agira d’accompagner une campagne électorale qui s’imputera dans les frais de campagne.
Quant aux publicités dans la presse, il est évident que celle-ci sera mieux disposée pour relayer favorablement les idées et le travail des équipes en place, tout comme les idées encore hors sol de ceux qui aspirent à les remplacer. Qu’elle débine un élu enfoncé dans les « affaires », l’institution qu’il préside s’abstiendra de confier de la pub au journal.
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