La métropole et la Ville de Marseille relancent leur dialogue de sourds

Actualité
le 18 Fév 2021
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Ce jeudi, Martine Vassal et Benoît Payan s'opposeront sur le contrat à 3,9 milliards proposé par la métropole à l'État. La présidente LR espérait l'unité pour aller chercher des fonds à Paris, mais le maire PS voudrait d'abord être associé aux choix pour son territoire. Un nouvel exemple du difficile dialogue entre les anciens rivaux aux municipales.

Élus marseillais de gauche et de droite continuent de s
Élus marseillais de gauche et de droite continuent de s'opposer dans les débats métropolitains. (Photo d'archives : Emilio Guzman)

Élus marseillais de gauche et de droite continuent de s'opposer dans les débats métropolitains. (Photo d'archives : Emilio Guzman)

L'enjeu

Le conseil métropolitain doit voter une liste de 185 projets soumis au financement de l'État dans le cadre du plan de relance.

Le contexte

Sept mois après leur installation à la tête des deux institutions, la gauche et la droite marseillaise multiplient les escarmouches, des chantiers de voirie aux grands projets.

La cohabitation ne s’arrange pas. Contraints de composer avec une ville-centre de gauche et une métropole gérée par la droite, les élus marseillais ont une nouvelle fois affiché leurs difficultés à travailler en commun, ce mardi. Comme en octobre dernier, courriers sans réponse, réunions attendues, projets contestés et concertations réclamées ont animé la séance du conseil de territoire Marseille-Provence, sorte de répétition à échelle réduite du conseil métropolitain qui se tient ce jeudi.

Le “contrat métropolitain” proposé à l’État constitue l’illustration la plus franche de ces désaccords de méthode. Il s’agit d’une vaste liste de courses de 185 projets évalués à 3,9 milliards d’euros pour lesquels l’intercommunalité espère le concours de l’État dans le cadre des crédits du grand plan de relance national. Cet après-midi, le maire de Marseille Benoît Payan (PS) justifiera l’abstention à ce sujet des élus qui composent sa majorité. En dépit d’un rendez-vous avec la présidente Martine Vassal (LR) le 11 février, il considère ne pas avoir été suffisamment associé au choix des priorités sur son territoire. “Quand elle refait la place de l’église à Carnoux, elle en parle avec le maire non ? Là c’est pareil. Sur les projets intercommunaux, il n’y a pas de sujet, mais sur les projets qui concernent Marseille on veut être concertés”, commente-t-on dans l’entourage du maire.

Nouvelle présidente du groupe “Pour une métropole du bien commun” et maire (PM) des 1/7, Sophie Camard avait déjà posé la ligne au conseil de territoire : “Aujourd’hui on ne voit pas pourquoi on rendrait un vote sur cette délibération, on considère que c’est presque une information et qu’on n’en est qu’au tout début de la concertation.” “Incompréhensible” pour le président du conseil de territoire Roland Giberti (divers droite), dont le communiqué illustre le durcissement des positions, à l’approche des élections départementales et régionales. Évoquant pêle-mêle la volonté de la Ville de Marseille d’augmenter les impôts et son refus de bénéficier de subventions pour installer de nouvelles caméras de vidéo-surveillance, il écarte toute nécessité de concertation : “Il s’agit en effet du plan de relance métropolitain, sur des compétences métropolitaines. Pourquoi le maire de la deuxième ville de France ne porte-t-il pas ses projets auprès du gouvernement ?”

Archéologie

Lionel Royer-Perreaut élu marseillais LR, argue qu’il s’agit aujourd’hui simplement de “s’insérer dans le tempo fixé par l’État”, qui se focalise sur des réalisations pouvant être lancées à court terme. “Or, les projets qui sont mûrs techniquement, politiquement et financièrement ont été peu ou prou lancés il y a 18 à 24 mois”, rappelle-t-il. D’où l’impression pour les nouveaux élus de se retrouver devant le fait accompli, avec un assortiment d’investissements déjà votés de longue date.

Mais, visiblement, la gauche marseillaise n’a pas encore fait le deuil de sa volonté de réorienter en profondeur la route de la machine métropolitaine. Quitte à faire de l’archéologie. Prune Helfter-Noah (LFI) s’émeut ainsi de la présence des 532 millions d’euros de l’automatisation du métro dans la liste des projets, ce qui laisse “implicitement zéro pour l’extension vers Saint-Loup, c’est scandaleux”. L’opération de renouvellement des rames de métro a été décidée… le 31 octobre 2013, sous la présidence du socialiste Eugène Caselli. “Cela montre l’intérêt de se structurer pour mieux nous faire entendre”, commente Sophie Camard qui, sans valider cet exemple, confirme la volonté des élus du Printemps marseillais de “tout passer en revue”.

“Crise politique” mais “à géométrie variable”

Même abstention de leur part sur la rallonge du budget métropolitain de 50 millions d’euros, dont 26,6 millions pour le territoire Marseille-Provence, à la faveur d’une subvention du conseil départemental. “Il s’agit de poursuivre des chantiers déjà partis avant l’élection, je pense à l’aménagement du Jarret ou du boulevard urbain sud. C’est compliqué pour nous de voter en bloc une telle subvention”, a justifié Sophie Camard. “Il n’est évidemment pas question de laisser en jachère le Jarret mais de le réorienter”, a tenu à préciser l’adjoint des 4/5 Vincent Kornprobst, face aux accusations d’immobilisme de la droite marseillaise.

Alors que Solange Biaggi (LR) allait récemment jusqu’à parler de “crise politique”, Sophie Camard veut nuancer l’impression donnée par ces échanges d’amabilités permanents en séance ou sur les réseaux sociaux. “Nous avons des relations à géométrie variable. Sur la lutte contre l’habitat indigne, cela reste douloureux mais on a réussi à dépasser ce stade. Sur d’autres sujets comme la voirie, la mobilité, cela reste très conflictuel.”

Reste à savoir si l’État se posera en arbitre. Pour Sophie Camard, c’est par ce biais que l’avis de la Ville sur les projets prioritaires pourrait être pris en compte. À moins que les tensions affichées n’affaiblissent la crédibilité de cette liste de courses portée par la métropole.

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Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Les élus PM ont raison. La droite défaite à Marseille, et empêtrée dans les affaires, veut continuer à régenter la ville. 26 ans ça suffit.

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  2. Alceste. Alceste.

    Le maire de Marseille et les élus doivent se défendre bec et ongles sur cette affaire.
    Les marseillais ont fait un choix , il sera bon ou mauvais l’avenir nous le dira , et ils n’ont pas à subir les choix des battus , d’autant plus que ces derniers ont laissé une ville dans un triste état sur tous les plans.
    Il faut donc jouer l’Etat à fond .

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    • patrick R patrick R

      les élus de la majorité municipale devraient déjà connaitre ce qui relève de la compétence de leur compétence et de celle de la Métropole. A titre d’exemple c’est le cas des transports urbains , l’automatisation des rames de métro est lancée depuis plusieurs années et les nouveaux élus marseillais le savent bien, à moins que dans l’opposition ils n’aient pas pris le temps d’étudier le dossier.

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  3. Mathieu Trigon Mathieu Trigon

    Ils sont sympas les élus de tous bords avec leurs chicayas et autres petits coups bas politiciens mais en attendant notre cadre de vie dans la métropole ne s’améliore pas significativement, comme dans toutes les autres grandes villes européennes. Un exemple, à Noailles nous sommes nombreux à demander, depuis des années, la piétonisation du quartier (la aussi comme dans tous les centres-villes des grandes villes françaises), une piétonisation pourtant prévue par le plan métropolitain pour le centre ville de Marseille… Au dernières nouvelles les élus (municipaux, métropolitains, départementaux…) ne répondent même pas aux mails leur demandant des précisions et des prises de positions sur ce projets que la population demande et qu’ils disent appeler de leurs vœux. Édifiant, n’est il pas?

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  4. Alceste. Alceste.

    Et pourtant nos élus passent leur temps à faire des mimis aux CIQ , et nomment des gens qui représentent la société civile, Sperling en l’occurence qui n’a jamais travaillé de sa vie dans le civil ? MAis nous n’en sommes pas à une contradiction de plus de leur part .

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  5. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    Avec ces deux articles du jour La métropole et la Ville de Marseille relancent leur dialogue de sourds » et « Plan de relance, le grand fourre-tout » il apparait, sauf erreur, que
    – dans le fameux « contrat » proposé par la Métropole gérée par Mme Vassal (« je »), la contribution de l’état serait de 4,61 % (rapport des chiffres des citations 1 et 2), c’est-à-dire pas grand-chose. Autrement dit beaucoup de bruit pour rien ou plutôt pour préparer les élections départementales et régionales.
    – que la part des projets PACA éligible dans le « plan de relance » national ne représente que 0,18 %, c’est-à-dire encore moins que pas grand-chose. Où vont donc passer les 100 000 000 000 € du fameux « plan de relance » national ?
    1. « Seule certitude, l’enveloppe pour la région Paca est de 180 millions d’euros. » (Rémi Baldy le 18 Fév 2021)
    2. « Ce jeudi, Martine Vassal et Benoît Payan s’opposeront sur le contrat à 3,9 milliards proposé par la métropole à l’État. » (Julien Vinzent le 18 Fév 2021)
    3. « Les 100 milliards d’euros du plan de relance du gouvernement font saliver les collectivités » (» (Rémi Baldy le 18 Fév 2021)

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    • Jacques89 Jacques89

      Entre les rallonges consenties à Bigpharma et les marchés douteux passés sans consultation (pour cause d’urgence) à McKinsey and Company , pas sûr qu’il reste grand-chose du « plan historique » mis en place par l’Europe. Surtout que c’est loin d’être fini et que les surprises vont apparaitre au fil de la dissipation du brouillard qu’on nous impose.

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  6. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Il y a une réalité factuelle : la reine de Provence se concerte avec tous les maires qui l’ont faite reine, et se considère comme maire de Marseille. Quand on a été battu au suffrage direct et qu’on profite du suffrage indirect pour se remettre en selle, c’est qu’on méprise les électeurs et les élus que ceux-ci ont choisi. C’est tout à fait logique.

    M. Giberti résume à sa façon ce mépris : ““Il s’agit du plan de relance métropolitain, sur des compétences métropolitaines.” Comme si ce que fait la métropole à Marseille ne concernait pas les Marseillais. Il n’y a qu’ici qu’on voit une telle médiocrité. Et on n’en est malheureusement pas surpris.

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  7. Alceste. Alceste.

    Les Reines , les vraies cher 8e ,ont de la tenue,une classe certaine. Nous avons avec Vassal depuis le début un comportement vulgaire.Je me rappelle sa campagne où son nom était plus gros que le mot République sur ses affiches. Et cela continue au quotidien avec sa politique.
    En langage vulgaire, cela s’appelle un commentaire d’epicier.

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  8. Alceste. Alceste.

    Comportement d’epicier

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