À Marseille, les manifestants contre la loi sécurité hissent Zineb Redouane en symbole

Actualité
le 5 Déc 2020
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Ce samedi, des milliers de Marseillais se sont rassemblés pour protester contre la loi sécurité globale et en hommage à Zineb Redouane. La manifestation s'est dispersée dans les lacrymogènes devant le commissariat de Noailles.

Photo : VA
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Il y a tout juste deux ans, Zineb Redouane perdait la vie après avoir reçu une grenade lacrymogène, en marge d’une manifestation de gilets jaunes et contre l’habitat indigne. Ce samedi, des milliers de personnes se sont rassemblées en sa mémoire et, comme dans d’autres villes en France, pour protester contre la loi sécurité globale. Débutée à 14 heures dans le calme sur le Vieux-Port, la manifestation s’est dispersée devant le commissariat de Noailles dans les gaz lacrymogènes, trois heures plus tard. Quelques manifestants se sont ensuite rendus devant la préfecture, qui rapporte deux interpellations, trois policiers légèrement blessés et un véhicule dégradé par un cocktail molotov.

Si cette dernière annonce 2500 manifestants au plus fort de l’événement, le cortège, relativement jeune, paraissait bien plus conséquent. Il comprenait de nombreux gilets jaunes, syndicalistes, militants du Parti communiste ou encore figures du militantisme marseillais. “Nous sommes ici en hommage à Zineb Redouane, mais aussi à toutes les autres victimes des violences policières, relate Léa, “gilet jaune”. Pour Zineb, il n’y a eu aucune enquête et la police a refusé de fournir les armes, l’IGPN [l’inspection générale de la police nationale, ndlr] s’est presque excusée d’avoir dérangé !”

L’affaire Zineb Redouane résonne forcément avec la loi sécurité globale défendue par le gouvernement, qui octroie des pouvoirs et protections supplémentaires aux fonctionnaires de police. Venus avec leur bande de copains, Luce et Valentin, respectivement 14 et 15 ans, ont potassé la question. Même l’ONU est contre cette loi ! Elle donne plus de pouvoirs aux policiers alors qu’il y a tout un tas de problème dans la police qu’il faudrait d’abord régler”, se lance Valentin rejoint par Luce : “pourquoi interdire de filmer la police si les bavures n’existent pas ? C’est important d’avoir les preuves de ça, on a le droit de filmer ce que l’on veut ! En plus, les bavures policières ont souvent un rapport avec le racisme.”

Encartée au Parti communiste, Antoinette n’a elle non plus pas résisté à l’envie de manifester. “La liberté de la presse n’existe plus, on va vers une dictature, ose cette octogénaire. Ce qui se passe est grave pour le pays et je veux me battre pour l’avenir de mes petits enfants.” En quittant la porte d’Aix, le cortège a repris la direction du commissariat de Noailles, devant lequel il était déjà passé en criant des chants anti-police. Sur le chemin, des manifestants s’emparent de poubelles pour les déposer devant l’entrée du commissariat. En un rien de temps, elles seront brûlées entre les pétards, fumigènes et quelques jets de projectiles. Avant que les grenades lacrymogènes ne dispersent la foule, comme l’an dernier, lors d’un hommage à Zineb Redouane, qui un soir de décembre, regardait les manifestants dispersés par la police en fermant sa fenêtre.

 

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Commentaires

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  1. Danièle Jeammet Danièle Jeammet

    juste un oubli de la manif des sans papiers, des privés d’emploi et précaires , de la CGT ..Bravo !!!

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  2. Cécile Capponi Cécile Capponi

    Non la manif ne s’est pas arrếtée à Noailles: les violences policières étaient après, une fois les manifestants encerclés. J’en ai été témoin et c’était grotesque, violent, lacrymo dans les rues adjacentes pleines d’enfants et de bébés : passants qui sortaient du centre bourse forcés à rester dans ce huis-clos robocopés sur la Canebière. Les CRS sont des enfants, si jeunes adultes en fait, pour de vrai, pas encore le bagou pour dire non, qui avaient peur autant que nous, les passants, et pourtant tous enfermés dans cette même galère dictée par le salons parisiens. Oh, on se réveille !!!

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    • Jacques89 Jacques89

      Sont pas près de se réveiller ces jeunes qui rentrent dans la police comme d’autres votent Macron ; sans conviction, simplement parce qu’ils n’ont pas d’autre solution pour ne pas tomber dans le chao. La solution ne peut venir que de la Police mais la tâche va être âpre. Va falloir défaire des décennies de formations aux réflexes fascistes sur lesquels tous les gouvernements se sont appuyés pour abolir toute tentative de critique.

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  3. jasmin jasmin

    Autant sur le fond, la mauvaise loi, et sur la légitimité d’une protestation publique, il n’y a pas de doute, autant on ne peut s’empêcher de penser à l’ironie que ça représente de voir que le peuple manifeste contre la toute puissance de la police dans la ville la plus corrompue et criminelle de France.

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  4. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    Le 1er décembre 2018 c’était Zineb Redouane qui a été tuée par la police Marsactu faisait récemment état que l’enquête et la simulation 3 D de Disclose (média et une ONG de journalisme d’investigation), en collaboration avec Forensic Architecture qui prouvaient que les conclusions de l’IGPN étaient mensongères. La justice n’a encore rien fait de concret sur ce dossier et c’est absolument scandaleux.

    Le 8 décembre 2018, c’était une jeune femme à terre dont le crane était massacrée par des policiers en marge d’une manifestation de « gilets jaunes ». Son cerveau, notamment, a été endommagé. Marsactu pourrait-il nous donner des nouvelles de sa santé qui semblaient bien compromise ainsi que sa capacité à poursuivre le travail qu’elle effectuait auparavant et nous informer des suites ou de l’impasse judiciaire ?

    Ces deux dossiers font-ils partie des priorités de Mme procureure de Marseille que Marsactu a interviewée récemment en compagnie de ses collaborateurs ?

    Sur l’affaire de 8 décembre 2018 Voir pour rappel :

    https://marsactu.fr/bref/plainte-dune-jeune-femme-contre-des-policiers-a-marseille-le-procureur-ouvre-une-enquete/

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/03/a-marseille-la-police-visee-par-une-plainte-pour-tentative-d-homicide_5457740_3224.html

    Je signale à toute fins utiles qu’une manifestante lyonnaise, légèrement blessée par un tir de LBD en 2019, a obtenu une décision favorable du tribunal administratif mercredi. Quatre hommes ont déjà été récemment indemnisés par ce biais, sans condamnation pénale du tireur.». Bien sûr cela n’effacera pas la somme de souffrances physiques et morales ainsi qu’une santé compromise dès l’âge de 20 ans à peine.
    ( https://www.mediapart.fr/journal/france/261120/gilet-jaune-victime-du-lbd-l-etat-responsable-le-policier-pas-coupable?onglet=full )

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