La mairie de Marseille annule une conférence de Leila Shahid : acte de censure ou de responsabilité ?

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le 19 Jan 2011
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La mairie de Marseille annule une conférence de Leila Shahid : acte de censure ou de responsabilité ?
La mairie de Marseille annule une conférence de Leila Shahid : acte de censure ou de responsabilité ?

La mairie de Marseille annule une conférence de Leila Shahid : acte de censure ou de responsabilité ?

Les extrémistes israéliens seraient-ils si présents en France ? Alors que la polémique enfle autour de l’annulation – officiellement pour des raisons de sécurité – par l’Ecole normale supérieure d’une conférence-débat sur le boycott de produits israéliens, l’actualité bégaye avec une mesure identique concernant une journée consacrée à l’écrivain Jean Genet, que devait accueillir ce jeudi l’Ecole supérieure des beaux-arts de Marseille (Esbam). « Cette décision a été prise par la Ville de Marseille pour des raisons de sécurité. Quand on accueille une personnalité éminente, on doit pouvoir garantir des conditions de sécurité optimales », justifie-t-on du côté de la mairie.

Soupçon de « censure »

La personnalité éminente c’est Leila Shahid, déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union européenne qui devait aussi intervenir lors de la conférence de l’ENS. Tout comme la manifestation parisienne, qui à défaut de l’ENS a eu lieu au Panthéon devant un public nombreux, une solution de rechange a été trouvée avec la maison de la Région, la deuxième journée étant donc maintenue au Centre international de la poésie de Marseille (CIPM). Initiateur de l’événement et professeur à l’Esbam, Didier Morin rappelle qu’il était « prévu depuis juillet ». Avec l’aide d’Emmanuel Ponsard, co-organisateur en tant que directeur du CIPE, il a démarché « 5 ou 6 salles », avant de recevoir le feu vert de Michel Vauzelle.

Après s’être fait taper sur les doigts par la Halde et le tribunal administratif pour avoir voulu interdire à Attac l’accès à la Cité des associations, la mairie donne l’impression de tendre le bâton pour se faire battre… Dans un communiqué, le président du conseil régional ne s’en prive pas, espèrant que cette décision ne « dissimule [pas] une forme de censure, au moment même où un pays du sud de la Méditerranée célèbre sa liberté d’expression retrouvée. De plus en plus souvent des artistes ou des écrivains éprouvent des difficultés à trouver des lieux susceptibles d’accueillir débats et expositions. J’espère qu’il ne s’agit pas là d’une forme quelconque de discrimination et d’atteinte aux libertés ». Du côté de la mairie, on remarque que « Michel Vauzelle a pris une décision sans doute plus facile, notamment parce que la maison de la Région n’accueille pas de nombreux élèves. Chacun prend ses responsabilités. »

Genet face au massacre de Chatila

Il n’empêche, quand on demande à la mairie si elle a basé sa décision sur un quelconque rapport, une alerte, une analyse, la réponse se résume à un « non ». Et pour Philippe San Marco, conseiller à la communauté urbaine de Marseille et observateur attentif de l’évolution de l’Esbam, « ce n’est jamais en reculant devant les menaces qu’on garantit la paix publique. C’est au contraire la violence qu’on encourage ainsi. » Contacté, le fondateur de Convention citoyenne, qui a rompu récemment avec la majorité municipale UMP, dénonce une « décision munichoise. Leila Shahid venait en tant qu’amie de Jean Genet, ce n’était pas un meeting ! »

C’est aussi ce sur quoi insiste Didier Morin, qui rappelle que Leila Shahid faisait partie du « cercle des derniers amis de Genet ». D’ailleurs, quel était le programme ? Après les interventions d’Albert Dichy, biographe de l’écrivain, et de René de Ceccatty, « ce n’est pas précisément déterminé mais j’aimerais qu’elle parle du moment où elle a accompagné Genet à Beyrouth, lors des massacres de Sabra et Chatila », explique-t-il. « C’est un témoignage important car c’est là qu’il se remet à l’écriture après 26 ans. Je voudrais qu’elle parle de ce livre (Quatre heures à Chatila, ndlr) qui est vraiment une suite de toute ce qu’il a fait dans les années 60, mais avec un changement d’écriture, un côté plus journalistique. Après, pour la partie « politique », qu’elle explique comment Genet en est venu à défendre les Black Panthers aux Etats-Unis, les Zengakuren au Japon, les Palestiniens et les plus défavorisés en France. » Tout comme la conférence de Stéphane Hessel, la journée pourrait y avoir gagné une audience accrue.

Un lien Le programme (lieu non actualisé pour jeudi)

Un lien La wikibio de Jean Genet et de Leila Shahid

Un lien Un entretien avec Leila Shahid sur Genet à Chatila, sur le site de la revue Position d’Acte Sud

Tribunal d’Instance
Marseilles, France

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Commentaires

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  1. Marianne Marianne

    Rien de nouveau sous le soleil. Une gestion de la ville toujours aussi calamiteuse et pas que niveau financier !

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