La Macronie cherche ses futurs députés entre marcheurs historiques et encombrants ralliés

Actualité
le 29 Avr 2022
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Les investitures pour les législatives font l'objet de larges tractations dans le camp présidentiel. La décision entre les mains du président, chacun espère que ses réseaux porteront suffisamment pour faire valoir sa candidature.

La Macronie cherche ses futurs députés entre marcheurs historiques et encombrants ralliés
La Macronie cherche ses futurs députés entre marcheurs historiques et encombrants ralliés

La Macronie cherche ses futurs députés entre marcheurs historiques et encombrants ralliés

C’est l’heure des spéculations, des certitudes éphémères et des angoisses soudaines. À l’approche des investitures pour les législatives, la Macronie est dans le dur : elle doit commencer à faire des déçus. La situation dans le département est particulièrement tendue car les ralliements de poids se sont succédé depuis la droite locale. Le président de région Renaud Muselier, l’ancien maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, la présidente de la métropole et du département Martine Vassal, le maire des 9e et 10e arrondissements Lionel Royer-Perreaut : tous ont fait savoir leur soutien au président sortant et tous peuvent se sentir légitimes pour peser sur le choix des 16 candidats à la députation les 12 et 19 juin prochain dans les Bouches-du-Rhône.

Personne ou presque n’est sûr à ce stade que son nom sera couché sur les bulletins dans un mois et demi. Pas même les sortants, jure un macroniste expérimenté : “Deux lignes s’opposent : garder les sortants ou faire surgir de nouvelles têtes. Ils sont tous potentiellement en concurrence avec de nouveaux visages. On regarde ceux qui ont mobilisé ou pas, on regarde ceux qui ont des troupes ou pas.” Une mise en balance qui pousse Anne-Laurence Petel, députée LREM d’Aix, à défendre son bilan et celui de ses homologues : “J’entends ici ou là qu’il ne faut plus de députés tirés au sort. On a prouvé qu’on était travailleurs et qu’on savait tenir la route dans un moment de tempête avec la plus grande pandémie depuis plus d’un siècle.” 

“Chacun use de son réseau”

“Il n’y a pas un processus clairement identifié, chacun use de son réseau ou de son pouvoir d’influence pour porter sa voix et ses préférences”, résume le conseiller régional Bertrand Mas-Fraissinet, référent départemental de La République en marche et membre du bureau exécutif du parti. “J’ai mes anciens amis et je m’en suis fait de nouveaux”, illustre Bruno Gilles, ex-sénateur et pilier local de LR passé avec armes et bagages chez Horizons, le parti d’Edouard Philippe dont il est le référent marseillais. “Tout se passe sous les radars habituels et chacun espère que ses canaux portent jusqu’à l’Elysée”, poursuit un autre macroniste actif.

Les pontes ont leurs entrées directes, leurs préférences et leurs anathèmes. À Arles, la guerre de Renaud Muselier avec le maire Patrick de Carolis font de l’investiture de l’édile ou d’un de ses proches un casus belli pour le patron de la région. Martine Vassal aurait aimé qu’on ménage quelques élus de sa majorité à la métropole ou au département comme Didier Réault, vice-président des deux institutions et candidat LR dans la 6e circonscription, au sud de Marseille. On s’achemine pourtant vers un duel face à Lionel Royer-Perreaut, lui aussi longtemps chaperonné par Guy Teissier. À l’Est de Marseille, Jean-Claude Gaudin souligne régulièrement les qualités de son ancien adjoint à l’économie Didier Parakian.

Une première circonscription particulièrement convoitée

La première circonscription de l’Est marseillais est certainement l’une des plus chaudes du département. Au moins quatre candidatures sont sur les rangs pour succéder au sortant LR Julien Ravier. Remplaçant de Valérie Boyer en cours de mandat, ce dernier est désormais inéligible suite à l’affaire des fausses procurations. Sur un territoire où le RN a réussi à atteindre le second tour, la partie n’est pas gagnée mais les participants potentiels ne manque pas. Sur la ligne de départ en plus de Didier Parakian, Bruno Gilles qui a quitté son secteur de prédilection pour s’y présenter, Isabelle Savon qui mise sur sa participation à la majorité Renaud Muselier et Pascal Chamassian qui revendique à la fois son implantation, son travail militant de marcheur et ses anciens états de service comme compagnon de route du PS.

Hors de Marseille les ambitions fleurissent aussi dans la 10e circonscription, autour de Gardanne, où LREM l’avait emporté en 2017 avant qu’une fois élu, François-Michel Lambert ne se désolidarise de la majorité. Ce dernier étant désormais investi politiquement dans le Gers, plusieurs candidatures sont évoquées. L’élu régional UDE Christophe Madrolle, l’ancien candidat à la mairie de Marseille Yvon Berland ou la conseillère municipale de Roquevaire Lyne Fricker sont fréquemment cités.

Outre les valeurs de chaque candidature, la liste des 16 devra répondre à de savants équilibres. Au jeu de la majorité très plurielle, Bertrand Mas-Fraissinet, lui-même pressenti pour la 9e circonscription autour d’Aubagne plaide pour que LREM canal historique ne soit pas oubliée : “Nous avions sept élus en 2017, un a quitté la majorité, Monica Michel et Saïd Ahamada sont désormais chez Territoires de progrès, Alexandra Louis chez Agir/Horizons : on a déjà perdu beaucoup de députés”, argumente-t-il. Un moyen de tenter de réduire à la portion congrue la proportion des nouveaux venus. “L’amour, c’est aussi des preuves d’amour, plaide une autre macroniste de 2017. Qu’on regarde ceux qui militent, ceux qui viennent avec des troupes et ceux qui n’ont quasiment pas fait un tweet pour le président avant le premier tour.” En regard, Bruno Gilles joue lui une autre carte, celle de l’expérience : “face au RN qui est de plus en plus fort, il faut des candidats de terrain, avec un savoir-faire dans les campagnes”. Verdict attendu la semaine prochaine.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Quel dommage que nous n’ayons pas à Marseille une adaptation de ” The Voice”,version je me présente aux législatives.
    Ainsi nous aurions Bruno Gilles dans sa fameuse danse des 7 voiles ,se devoilant au fur et à mesure de la cadence pour nous présenter ses plus beaux atours,et le pétillant Lionel dans un contre “ut” magistral nous entonnerait ” Notre,notre Canebière”.
    Ah! Quel spectacle cela eût été de voir ces gens prêt à tout et surtout ,à se renier.

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    • Patafanari Patafanari

      Peuchère, vous allez lui briser le cœur une deuxième fois.

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  2. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Bruno Gilles qui essaie de survivre, en « candidat de terrain » après une élection municipale catastrophique, une claque dans son secteur qu’il dirigeait depuis 25 ans et la mise à jour de la « gestion » si particulière de son électorat à coup de pizzas…
    Cet être est absolument pathétique

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    • MarsKaa MarsKaa

      Il n’est pas pire que les autres de la bande rpr ump LR en place depuis des décennies… un bon représentant de ce groupe…

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  3. julijo julijo

    oui, ils essaient tous de survivre. pour certains c’est plus visible que pour d’autres il n’en demeure pas moins que la france entière s’est aperçu que l’assemblée nationale avec sa majorité lrem était inutile en l’état et à l’état.
    les grands stratèges qui nous gouvernent avec mac kinsey et les sondeurs s’en sont ils aperçus ?? on peut valablement se poser la question
    et après on s’interrogera sur le chiffre important d’abstentions.

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  4. Manipulite Manipulite

    Les « ralliés » n’ont guère brillé pendant la présidentielle. Renaud Muselier (et Estrosi ) n’ont pas mobilisé beaucoup lors des meetings ternes au Pharo et à Nice.
    Muselier a même réussi à être mentionné par Le Pen dans le débat de l’entre deux tours pour sa commande de vaccins Spoutnik à la Russie.
    Le représentant du FN s’est payé le luxe de remercier Muselier ce matin en plénière du conseil régional pour avoir permis de faire du RN le premier parti de PACA par sa politique.

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  5. Malleus Maleficarum Malleus Maleficarum

    LRP : FN, LR, LREM et ensuite ? Retour au RN voire à RECONQUETE, ou carrément LFI ? On voit toute la conviction, tout le propos : “moi, ma gueule et mon pouvoir”.

    Catastrophique de voir des gens comme lui, politiques de métier qui n’ont aucune expérience professionnelle hors cela, être encore et toujours au premier plan.

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  6. Alain Dex Alain Dex

    La 6e circo n’est pas au sud de Marseille, mais *dans* le sud. Au sud, c’est la mer.

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  7. MarsKaa MarsKaa

    Tout ce petit monde ne pense absolument pas à ce que veulent ou pas les habitants du territoire. Ils pensent à eux, à leur place, leur poids, leur reseau, leurs amis, leurs ennemis, mais que font-ils et feront-ils de leur mandat d’élu.e ? Representeront-ils la volonté des habitants ? On en doute en lisant leurs petites phrases de stratégie politicienne.

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    • julijo julijo

      LE ROLE DU DEPUTE :
      Bien qu’élu dans le cadre d’une circonscription, chaque député, compte tenu de la mission de vote de la loi et de contrôle de l’action du Gouvernement dévolue à l’Assemblée nationale, REPRESENTE LA NATION tout entière et exerce à ce titre un MANDAT NATIONAL. “La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum” (article 3 de la Constitution). La Constitution interdit le mandat impératif (article 27). En conséquence, les députés se déterminent librement dans l’exercice de leur mandat.
      (site de l’assemblée nationale)
      Ils représentent donc bien la volonté des habitants, mais dans le sens général. et donc, il n’a pas forcément besoin d’être constamment sur les trottoirs du quartier….ça c’est le rôle des élus locaux.

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