La longue marche de Gardanne vers la transition énergétique
La longue marche de Gardanne vers la transition énergétique
La mine est fermée, mais la centrale tourne toujours et l’inamovible maire communiste aime toujours autant rappeler que son nom – Meï – signifie charbon en chinois. Mais depuis vendredi et jusqu’à dimanche, Gardanne n’a d’yeux que pour les énergies renouvelables, désormais fer de lance de la politique municipale.
Biogaz, bois, solaire, éolien, géothermie…
Un forum classique avec stands et débat, construit autour de l’inauguration de la centrale au biogaz de la ville. Le principe : produire de l’électricité et de la chaleur – d’où le terme cogénération – avec le méthane issu de la fermentation des déchets de la décharge de la Malespine. La première, environ 8 millions de kWh, est injectée sur le réseau. La deuxième sert à chauffer les lixivats (la partie la plus liquide des déchets) pour éviter qu’il ne s’infiltrent dans le sol.
Une solution parmi d’autres car « l’essentiel est de ne pas aller vers une seule forme d’énergie mais de diversifier », souligne le conseiller municipal délégué aux énergies renouvelables Anthony Pontet. En 2004, après la fermeture de la mine, la municipalité avait ainsi remplacé sa vieille chaudière au charbon par deux unités, l’une fonctionnant au bois, l’autre au gaz.
Aujourd’hui, la commune, qui va participer au plan climat du pays d’Aix, étudie l’installation d’une éolienne et la récupération de la chaleur des eaux de la mine. Dernière composante du mix gardannais : le soleil, via une centrale photovoltaïque dont les travaux devraient démarrer d’ici la fin de l’année sur les 17 hectares du terril des Sauvaires. Production prévue : 12,4 millions de kWh. Avec un objectif à terme : que ces différentes sources permettent à la ville de produire autant d’électricité qu’elle n’en consomme.
Maîtrise publique
De quoi ravir les écologistes de la ville ? Pas totalement. François-Michel Lambert, conseiller municipal Europe Ecologie-Les Verts, critique notamment le passage par un acteur privé – Eon (géant allemand de l’énergie), qui exploite déjà la centrale au charbon – pour la centrale solaire.
Pourquoi pas une prise en main directe de la centrale, par exemple via une société publique locale, au lieu de se contenter d’une redevance de 300 000 euros par an ? En confiant l’exploitation à Eon, « on ne prend pas de risques. C’est 15 millions d’euros d’investissement et ce sont eux qui se chargeront de la maintenance. Ils gèrent le terril, nous construisent une maison de l’environnement, et on partage les bénéfices à partir de 1400 heures d’ensoleillement. Et puis on a d’autres investissements à faire dans la ville », argumente Roger Meï. Plutôt étonnant toutefois vu le combat du parti communiste pour que l’énergie reste dans le giron du public…
Sobriété et urbanisme
Autre hic pour François-Michel Lambert : « on reste dans une logique productiviste. Les économies d’énergies à Gardanne, c’est 167 00 euros, soit 1% du budget d’investissement et quatre fois moins que le budget de communication ! » Une situation qu’il met en parallèle avec le discours de la vice-présidente du conseil régional chargée de l’énergie Annick Delhaye (EELV) vendredi lors de l’inauguration du forum : « je me félicité que Gardanne ait su prendre un autre départ en passant des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Mais celles-ci ne sont qu’une partie de la solution. La maîtrise de la consommation d’énergie doit être prioritaire, suivie de l’efficacité énergétique », a-t-elle lancé. En clair : consommons d’abord moins puis mieux avant de se soucier de produire.
Une logique que la municipalité a toutefois appliqué dans ses propres services avec le recrutement d’un économe de flux qui traque les consommations. Résultat : 9% d’économies sur la facture énergétique en 2010 par rapport à 2009. Anthony Pontet met aussi en avant le soutien au projet de réhabilitation de 400 logements du bailleur social Erilia. Une aide cependant limitée à 1 million d’euros sur un chantier de 20 millions…
Et pour son opposant vert, le parc municipal compte encore « des bâtiments énergivores au possible, et la mairie a les moyens d’essayer accompagner les particuliers », alors qu’elle se contente aujourd’hui se sensibilisation. « Mais le coeur du problème est l’urbanisme. Il y a un déficit de vision, on positionne des infrastructures découplées du reste », regrette-t-il, s’appuyant sur l’intervention du maire de Guy Moureau, maire d’Entraigues-sur-la-Sorgue (Vaucluse), axée sur les éco-quartiers et l’utilisation du levier du Plan local d’urbanisme, « une arme décisive pour orienter les promoteurs vers une démarche environnementale ».
Le programme du forum sur les énergies renouvelables, qui dure jusqu’à dimanche, sur le site de la ville de Gardanne
Gardanne s’associe avec le plan climat du pays d’Aix, sur Marsactu
Gardanne et 22 maires contre l’exploitation du gaz de charbon, sur Marsactu
Des boues rouges au large des Calanques : retour sur la sage industrielle gardannaise de Pechiney, sur Marsactu
Commentaires
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Depuis l’augmentation du pétrole et du gaz, nous vivons un intérêt croissant pour la Géothermie, même en rénovation.
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C’est sûr que le communisme renouvelé va nous réchauffer.
Le rouge, c’est une couleur chaude, non ?
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Bonne initiative !!!
Mais Gardanne, ce n’est pas la ville des règlements de comptes ? La maire a dit qu’il ne pouvait rien faire et que c’était la compétence de l’état. Moi, je pensais benoitement que quand un de ses administrés se faisait dessouder, ca le concernait un peu…..
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