La fin de la gare du Canet ouvre la voie au grand parc des quartiers Nord

Actualité
le 13 Jan 2022
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Euroméditerranée et la SNCF viennent de signer un accord actant la cession de ce vaste site ferroviaire. Une étape importante dans la réalisation du parc des Aygalades et du programme immobilier qui l'accompagnera.

Les voies de la gare du Canet prenaient une importante surface du futur parc des Aygalades. (Photo : JV)
Les voies de la gare du Canet prenaient une importante surface du futur parc des Aygalades. (Photo : JV)

Les voies de la gare du Canet prenaient une importante surface du futur parc des Aygalades. (Photo : JV)

Le parc des Aygalades va-t-il enfin voir le jour ? C’est ce qu’annoncent Euroméditerranée et SNCF Immobilier dans un communiqué de presse. Après des années d’attente et de négociation, la vente des 25 hectares de la gare de fret du Canet a fait l’objet d’un premier accord. Verrou majeur pour la suite de cette opération d’aménagement, le faisceau ferroviaire devrait être libéré fin 2023.

Ce déménagement permettra la réalisation d’un “parc urbain d’ampleur métropolitaine”, de Bougainville à Gèze, le long du quartier des Crottes (15e). Cet équipement d’une taille comparable à Borély, dont il n’existe pas d’équivalent de cette envergure dans le Nord de la ville, était un des points emblématiques du projet Euroméditerranée 2, pensé par l’urbaniste François Leclercq. Marqué par la remise à l’air libre du ruisseau des Aygalades, actuellement enfoui sous la gare, il formera une quasi-continuité avec le parc François-Billoux au nord et le futur parc Bougainville, version plus réduite prévue pour 2024.

Vue d’artiste du parc des Aygalades. (visuel : Euroméditerranée)

Une pièce maîtresse du puzzle Euromed 2

Pour Euroméditerranée, c’est aussi une pièce essentielle d’un puzzle plus global de 170 hectares. En bordure du parc, l’établissement public prévoit “la réalisation de 2000 à 3000 logements, dont 25% de logements sociaux”. Ce vaste programme est conditionné par la capacité du parc à réduire l’inondabilité de la zone, par sa capacité de rétention d’eau, puisqu’il sera conçu pour laisser le niveau du ruisseau monter. En 2018, les partenaires publics d’Euroméditerranée (État et collectivités) y voyaient aussi un enjeu d’“image” pour les investisseurs et in fine les futurs habitants. Le parc permet en effet de “réduire les risques hydrauliques dont souffrent ces quartiers, mais surtout d’apporter une amélioration significative dans leur vie quotidienne aux habitants actuels et futurs de cette partie de la ville”.

Devant la longueur des négociations, Euroméditerranée avait concentré l’avancée de l’opération plus à l’ouest sur les zones qui n’en dépendaient pas, avec Smartseille, les Fabriques et la mutation des Crottes. En 2016, une visite avait même été organisée pour le ministre de l’Aménagement, afin de défendre la cause. “Nous avons toujours été favorable à la fermeture du site pour ce projet, soutenant les objectifs d’aménagement urbain tout en préservant les activités ferroviaires, précise-t-on à la branche immobilière de la SNCF. Un important travail partenarial a été mis en place pour permettre de poser les conditions juridiques et financières d’un projet complexe et à l’envergure exceptionnelle.”

Pas de date d’ouverture

“On se réjouit de la signature du protocole, car la question de la libération du Canet est au cœur du projet. On a des briques qui commencent à s’emboîter, et il faut avancer, notamment par rapport à l’élaboration du parc des Aygalades”, commente la présidente d’Euroméditerranée Laure-Agnès Caradec (LR). Des études viennent à peine de commencer pour ce projet “entièrement en discussions” qui augurent d’un calendrier encore large. Sa surface définitive n’est d’ailleurs pas encore déterminée. “Elle sera variable en fonction des options retenues, mais sera a minima de 14 hectares, précise Laure-Agnès Caradec. Il ne s’agit pas d’une question financière, mais de prendre en compte les résultats des études qui seront menées sur le projet.” Comme pour le parc Bougainville, la commercialisation de surfaces à bâtir viendra cependant participer à l’équilibre financier global de l’opération.

Bien que la “libération” du site soit actée, les discussions sont en cours en ce qui concerne la relocalisation des activités SNCF. Selon Laure-Agnès Caradec, les grandes lignes du projet ne devraient pas changer : “On va mettre en place une procédure de reconstitution des fonctionnalités du site, notamment en relocalisant les activités ferroviaires et industrielles existantes”. Cela devrait se faire en direction de Miramas et, surtout, de Mourepiane, site stratégique en vue l’arrêt de la gare de fret du Canet. Viendra enfin, à l’approche de la livraison du parc, la nécessaire discussion avec la Ville qui héritera de sa gestion. Un sujet loin d’être anodin au vu des difficultés actuelles pour ouvrir le premier parc livré par Euroméditerranée, bien plus modeste, à la porte d’Aix.

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Commentaires

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  1. Stéphane Coppey Stéphane Coppey

    Quand on connaît le discours de certains “responsables” sur le ferroviaire dans Marseille, on aimerait plus d’explications sur la “reconstitution des fonctionnalités” : sera-t-il possible de couper/assembler des trains à Arenc, et même s’y charger/décharger des wagons sur les installations qui jouxtent ce faisceau ferroviaire (cf. Sogaris et sa place à retrouver dans la logistique urbaine) ?

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  2. MarsKaa MarsKaa

    Je trouve positif de transformer le paysage urbain, de créer un parc pour les habitants du XVe arrdt et au delà, cela donne de l’espoir, car rien de pire que le marasme et l’abandon de ces quartiers.
    Mais… j’ai du mal à avoir pleinement confiance étant donné le passif des acteurs de ce projet. Si c’est une opération immobilière avant tout, une affaire de fric, alors une enclave sera créée, et le parc risque fort, comme celui du XXVIè centenaire (Cantini) d’être mal entretenu, devenir une zone annexe pour travaux, etc…

    ( la gestion, l’entretien et l’évolution de la superficie de ce parc du XXVIè centenaire mériterait d’ailleurs un petit article, ainsi que la degradation rapide du bâti de certaines résidences tout autour).

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    • Otox Otox

      Exactement ! Marsactu, voilà une idée d’enquête. Ce parc constitue un sujet très intéressant au regard de la faible exploitation de son potentiel dans la ville. A la fois sa conception, sa réalisation et sa “vie” depuis maintenant 20 ans forment véritablement un sujet d’article, voir même d’une thèse d’urbanisme ou en science sociale au regard des nombreux ratés.
      Et oui, je vous rejoins, la dégradation du bâti, en plus de la médiocrité architecturale, est spectaculaire… De même pour la vie de quartier et l’aménagement des espaces publics.
      A mettre sur le compte de la gestion et de la vision urbaine de la municipalité Gaudin à travers ses ZACS…

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  3. Dark Vador Dark Vador

    Entièrement du même avis que ceux précédents. La seule remarque c’est qu’une nouvelle équipe municipale est là. Martine étant aux manettes, je m’inquiètes quand même… “spes, qui vivet, vide” (espérance, qui vivra verra…).

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  4. Pascal L Pascal L

    C’est à vérifier mais il me semble que la SNCF vends un terrain qu’elle n’a jamais payé puisque c’est l’état (et donc les contribuables) qui lui a offert le site, non ?

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    • Pascal L Pascal L

      Et, d’ailleurs, on devrait également confisquer à la SNCF la moitié de la gare d’Arenc (qu’elle n’a pas payée non plus) car sur les 25 voies de la gare de triage seules une ou deux sont utilisées.
      Quel bel espace en bord de mer pour les Marseillais. On pourrait y faire de quoi rendre attractive, voire “touristique”, cette zone finalement assez proche du centre ville.

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  5. Forza Forza

    Excellent article qui pose bien les pièces du “puzzle”. Merci Jonas !
    J’espère pour ma part une qualité de la concertation égale à celle qui eu lieu pour la première tranche (et qui vit certains projets immobiliers remaniés suite aux demandes des participants).
    https://www.euromediterranee.fr/concertation-bougainville

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  6. PierreLP PierreLP

    C’est un peu léger de dire que la SNCF n’a pas payé le terrain ! celui-ci fait partie de son patrimoine de part la loi.
    Et concernant ce qu’elle a payé/pas payé, il faut aussi savoir que le raccordement de Mourepiane (celui qui passe au-dessus de l’autoroute du littoral) construit dans les années 1950 devait être financé par l’État (budget du Ministère des Transports). La SNCF a réalisé et préfinancé les travaux. Lorsqu’elle a demandé à l’État le remboursement des sommes engagées, l’État a fait traîner pendant plusieurs années pour finir par répondre que la demande avait été présentée trop tard !!!

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    • Pascal L Pascal L

      SNCF, GPMM, Euromed ne sont que des EPIC donc des organismes sous tutelle de l’état ou de collectivité territoriales (comme la RTM), non ?
      Donc financés par le contribuables, non ?
      Ça ne me dérange pas outre mesure mais quand ces EPIC jouent au marchand de tapis, voire au seigneur de l’ancien régime, au détriment de l’intérêt du public et du service public, là ça m’énerve un peu.

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  7. Alceste. Alceste.

    Et oui , mais cela tiens aussi aux gens issus des grandes écoles et des grands corps de l’Etat qui dans les décisions techniques se pensent au dessus de tout.
    Ainsi , et cela est du vécu , lors de réunions de travail mettez un “X” , un gars des “Ponts et Chaussées” et un Centralien , vous n’avez pas idée de la condescendance des uns envers les autres pour être courtois.Je ne vous parle pas des “Gadzarts” qui sont pris par les trois autres pour de vulgaires plombiers.
    Précision je ne suis pas “Gadzarts”.
    Les Enarques sont criticables , mais pas qu’eux.
    En revanche je ne parle pas des zélus , comme d’habitude je pourrais être désagréable, mais ils le valent bien!

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  8. Andre Andre

    Si on était “mauvaise langue” en risquant de paraître négatif, on pourrait faire remarquer que les dits parcs de Euromed sont programmés dans des terrains absolument inconstructible. Ici il s’agit d’espaces inondables et, sur la première tranche au Sud de Lessrps, il s’agissait de terrains très pollués et qui plus est vaseux pour lesquels toute surcharge et donc des bâtiments pourrait déstabiliser l’ ouvrage du métro construit sur pieux.
    A demeurant le parc du ruisseau des Aygzlades dans le lit du cours d’eau sera un parc tout en longueur donc difficile à gérer ce qui renvoie aux commentaires qui évoquent l’état du parc du Centenaire près de Cantini.

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    • Andre Andre

      Le parc du 26me centenaire, malgré son nom pompeux, n’en est pas mieux entretenu, d’après les commentateurs.
      Aménager un espace n’est pas un exercice facile mais toute réalisation exige par la suite une bonne gestion et c’est bien ce qui a toujours fait défaut à Marseille.
      Tout d’abord, faire en sorte de concevoir des espaces gérables dont la configuration d’une part et la compkexité des installations d’autre part ne rendent pas la chose impossible. Ce sera je le crains le cas des espaces en question.
      Ensuite quel que soit l’aménagement, se donner les moyens de les entretenir. On attend encore la nouvelle équipe municipale sur ce sujet.
      Enfin, on aurait aimé que Euromed choisisse ses sites de parcs non pas uniquement en fonction des opportunités foncières et de l’impossibilité de construire sur les terrains choisis mais dans le cadre d’un stratégie d’aménagement pensée à l’échelle de ce gros morceau de ville.
      Ce n’est manifestement pas le cas.

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  9. Patafanari Patafanari

    Les « vues d’artiste » sont toujours flatteuses mais l’illustrateur a cependant ajouté la touche marseillaise avec le couple qui fait un roue arrière au premier plan et le braquage d’une scooter (dans un parc!!) un peu plus loin.

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