"La croisière c'est 110 millions d'euros pour Marseille en 2011"
"La croisière c'est 110 millions d'euros pour Marseille en 2011"
Le million, le million, le million. Longtemps annoncé pour 2010, 2011, puis 2012 le chiffre très symbolique du million de croisiéristes à Marseille devrait être atteint l'an prochain. Si tout va bien. Cette année ce seront 910 000 passagers qui seront passés par Marseille, un peu moins que les 950 000 espérés, la crise et le naufrage du Costa Concordia étant passés par là. Tout cela ne freine pas l'optimiste de Jacques Truau, le président du Club de la croisière Marseille Provence.
Nous sommes sur des taux de croissance à 2 chiffres, et nous visons entre 1,5 et 1,8 millions en 2015 ce qui devrait nous faire entrer dans le top 5 européen.
Si Marseille est aujourd'hui le premier port français de croisière, il est le 10e en Europe : "la concurrence est rude, Barcelone est le premier port de Méditerranée avec 2,8 millions de croisiéristes". Naples, le Pirée (même si ces gros rusés de Grecs incluent les transports vers les îles), Civitavecchia (le "port" de Rome) font aujourd'hui largement la course en tête. Pour accélérer, le Grand Port Maritime de Marseille et son actionnaire, l'Etat, ont sorti le carnet de chèque et devraient continuer à le faire. Selon Truau :
Le port a déjà investi 40 millions d'euros dans des terminaux et des postes à quai. Par exemple, on peut aujourd'hui embarquer et débarquer 30 000 passagers dans la même journée, mais c'est vrai qu'ils nous faut continuer à investir dans les infrastructures car avec 1 million de passagers, on sera quasiment à saturation.
Et l'ancien président du port de contester que ces investissements puissent se faire au détriment de l'activité industrielle : "il faut que les bassins Est conservent ces activités de marchandises et se développent, notamment vers l'est de la Méditerranée aujourd'hui la Turquie et demain l'Egypte et la Lybie". En attendant 2 gros investissements sont dans les cartons. Le premier concerne la remise en état de la forme 10 "la plus grande de Méditerranée pour la réparation navale". Prévue initialement pour l'entretien des pétroliers géants, morts-nés après les chocs pétroliers, elle pourrait aujourd'hui revivre grâce aux méga-paquebots de transports de passagers "avec 175 paquebots qui naviguent pendant la saison en Méditerranée, soit 75% de la flotte mondiale, cette activité de réparation navale dans la forme 10 est la seule vraie activité industrielle pour Marseille, créatrice d'emplois durables", explique Jacques Truau. Pour ça, il manque encore 22 millions d'euros. Le président du club de la croisière assure que le coup est parti.
En revanche, pour ce qui est de l'agrandissement de la passe Nord et de l'allongement de la digue du large – travaux qui devraient permettre d'accueillir les navires géants qui sont aujourd'hui détournés vers Toulon par fort mistral (plus de 35 noeuds) pour un investissement de 30 millions d'euros, la décision devrait être prise le 30 novembre prochain lors du prochain conseil de surveillance du Port. "Là aussi, je suis optimiste", ajoute Truau. Tout ça fait beaucoup d'argent public dépensé, et surtout pour se battre avec Toulon, dans la période qu'on connaît. Mais Jacques Truau défend son business de la croisière, persuadé de ses retombées pour l'économie marseillaise. Même si en terme de chiffres, on entend tout et n'importe quoi à ce sujet – notamment du côté de l'Hôtel de Ville – Truau défend l'objectivité des études qu'il réalise chaque année avec la Chambre de commerce.
"les retombées à Marseille c'est 110 millions en 2011, dont 14 en retombées directes, 24 indirectes (shopping) et 72 millions d'effets induits ( agents de voyages, autocaristes)".
Quant à l'engagement public, Jacques Truau souligne la mixité des investissements. Il estime que le privé participe aussi, les chantiers navals, San Giorgio et STX qui s'impliquent dans les projets de la forme 10 et les armateurs comme MSC, Carnaval et Royal Caribbean qui pourraient entrer au capital de la future société d'exploitation et qui sont déjà impliqués financièrement dans les terminaux de croisières. Même si encore une fois c'est l'argent du contribuable qui est mis majoritairement à contribution. Et autre sujet qui fâche de ce formidable business, ce sont les conditions de travail souvent effroyables dans lesquelles évoluent les équipages, en grand majorité issus d'Inde, du Pakistan ou des Philippines. Les deux navires de l'armateur grec Potamianos, saisis sur le port de Marseille il y a deux mois vont être désarmés,après que l'armateur ait fait faillite avec une dette de 7 millions d'euros (pas 700 millions, ndlr). Si certains crosiéristes n'ont pas pu embarquer, les équipages eux n'ont pas été payés et ne peuvent même pas rentrer chez eux. On espère pour eux qu' on fera au moins autant d'effort à les rapatrier qu'à aider les quelques touristes "en détresse".
Comme prévu quelques data fournies par la Chambre de Commerce et le Club de la Croisiére. Des datas qui datent un peu…. :
Commentaires
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Quelqu’un a eu entre les mains cette fameuse étude ? Et si où peut-on jeter un coup d’oeil dessus ?
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Cher Laurent, on vous met en ligne les études que nous ont passé les services de la CCI, demain si vous êtes sages. Ca vous oblige à revenir.
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Si le système des transports en commun était mieux fait à Marseille, la Ville gagnerait sans doute une partie de ces 72 millions d’euros d’effets induits.
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Bravo ! Voilà un homme qui fait beaucoup pour le port de Marseille. Hélas, les 5000 autocars ne vont pas tous amener les passagers dans notre centre ville mais à Aix, Avignon, les Baux de Provence etc…
Pourquoi ? Parce que ces villes sont plus propres et plus sures, dommage !
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Il n’existe pas d’étude récente, ni même ancienne, digne de ce nom portant sur la croisière à Marseille. Il s’agit de notes promotionnelles émanant de la CCIMP et officialisées dans le cadre du Club de la Croisière, s’appuyant sur des estimations et des extrapolations invérifiables.
Les études actuellement disponibles sur le tourisme et le commerce sont peu fiables, parce qu’on y est juge et partie. Elles sont souvent réalisées par des bureaux d’études filiales des grands groupes de croisière ou des enseignes commerciales, ou émanent de la CCIMP, en charge de la collecte des données pour le commerce, deux secteurs où elle se veut experte.
Jacques Truau évoque 110 M€ de retombées pour Marseille en 2011, tandis que Jean-Claude Gaudin dans la Provence évoque 130 M€ pour sa ville. La source de l’information est la même, sauf que se sont interposés les services de la ville et l’élu au tourisme ou au petit commerce, d’où cette distorsion vers plus mirobolant encore.
La CCIMP a révisé à la baisse ses estimations, pour donner les chiffres de 72 € pour un passager tête de ligne et 50 € pour un passager en transit, chiffres plausibles et repris pas Jacques Truau. L’estimation faite en Italie où l’activité croisière est mature et équilibrée entre passagers tête de ligne et en transit, est de 40 €.
Il faut dire que les grands groupes de croisière font tout pour que les passagers dépensent leur argent à bord, y compris les repas aux escales. 20 % des passagers ne sortent d’ailleurs pas du bateau à chaque escale. Les acteurs de la croisière ne donnent pas beaucoup d’informations sur la destination à terre de leurs passagers. Les retombées économiques données pour Marseille, valent en réalité pour l’ensemble des sites visités : Marseille, Pays d’Aix, Les Baux, Arles, Camargue, Vaucluse, Gard … Il se dit que seuls 20 % des passagers visiteraient Marseille. Chiffre probablement sous-évalué, mais comment en donner un plus fiable ?
Puisqu’on est au pays des estimations, disons que si l’on divisait par 3 ou 4 les retombées financières pour Marseille et les emplois « créés ou maintenus », on serait certainement plus près de la vérité.
C’est-à-dire que les investissement réclamés au GPMM pour assurer dans les meilleures conditions l’accroissement du volume des bateaux, des passagers et du nombre d’escales, ne sont pas ceux qui ont le plus grand impact sur l’emploi et l’économie marseillaise. Mais ces investissements servent heureusement aussi aux navires mixtes et aux marchandises pures que le port peut opérer en Méditerranée.
Les études internationales sur les retombées de la croisière concluent toutes dans le même sens : c’est dans la construction de ces bateaux, qui ne se fait pas chez nous, qu’elles sont les plus importantes. Le port de Marseille pourra en grappiller un peu dans l’entretien lorsque ces monstres auront accès à la forme 10.
Il nous reste aussi des progrès à faire dans l’exploitation de ces bateaux. Là où les américains, après avoir rentabilisé deux fois un porte conteneur en 40 ans, le transforment en navire de croisière, nous réalisons quant à nous dans les chantiers de St-Nazaire un navire qui a coûté plus d’un milliard de francs (dont 30 % de subventions publiques) et qui sombre 15 ans plus tard dans son port.
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