Jeu de chaises musicales annoncé en 2017 avec la fin des parlementaires cumulards
2017 marque la mise en application de la loi relative au non-cumul des mandats. Les députés qui seront élus en juin devront quitter leurs fonctions exécutives locales, tous comme les sénateurs déjà en situation de cumul. Le début d'une série de nominations et d'élections internes, qui crée déjà des remous à droite.
La majorité municipale réunie aux voeux d'Yves Moraine, maire des 6e et 8e arrondissements dont, à gauche, Valérie Boyer et Dominique Tian. S'ils sont (ré)élus députés, ils devront quitter leur mairie de secteur.
Jean-Claude Gaudin est superstitieux, se plaisent à raconter ses amis. Il n’aime rien moins que de faire des plans sur la comète, en tout cas publiquement, ce qui est plus facile quand ses ambitions se déclinent au passé. Mais pour ceux, à droite surtout, qui piaffent de monter dans la hiérarchie municipale, 2017 est une année charnière.
Les premiers rôles, de ceux qui porteront les couleurs du parti Les Républicains pour les législatives en juin, sont déjà désignés depuis longtemps. Guy Teissier, Dominique Tian et Valérie Boyer tenteront de garder leurs sièges quand le porte-parole de la majorité municipale Yves Moraine, l’adjoint aux sports Richard Miron et son homologue chargée des commerces Solange Biaggi rêvent de les rejoindre. Derrière eux, on se prépare – discrètement – à récupérer les (belles) miettes qu’ils laisseront. 2017 marquera la mise en place d’un encadrement plus strict du cumul des mandats : un parlementaire ne pourra coupler cette fonction avec un exécutif local, ce qui veut dire mairie de secteur, poste d’adjoint au maire, vice-président du département ou de la région notamment.
Tous réticents au non-cumul
Tous les concernés devront choisir et l’on peut inclure à la liste les opposants maires de secteur et sénateurs Stéphane Ravier (FN) et Samia Ghali (PS), tenus eux aussi de renoncer à un poste. Pour nombre d’entre eux, cela se fera à contre-cœur. Jean-Claude Gaudin a longtemps espéré poursuivre son mandat de sénateur (celui qu’il laissera pour rester maire) jusqu’en 2020 par le biais d’un petit amendement qui n’est jamais venu et sur lequel comptait aussi Stéphane Ravier. D’autres ont misé sur François Fillon pour qu’il s’engage – s’il devait être élu président – à revenir sur cette règle qui, assurent-ils, va créer des élus “hors-sol”. Samia Ghali a signé à la fin de l’été une proposition de loi pour assouplir la règle. Toutes ces intentions ont depuis rejoint la même corbeille des mesures malvenues car impopulaires.
Le renouvellement se prépare donc bon gré mal gré et chacun tente d’imposer son successeur pour ne pas totalement perdre la main. “Il faut que cette équipe reste unie. Aujourd’hui, nous avons tout mais le parti socialiste reviendra un jour. Alors, je souhaite que l’on ne s’écharpe pas et que l’on respecte les vœux des maires de secteur”, nous confiait en septembre Jean-Claude Gaudin. Lui choisira son nouveau premier adjoint en cas de réélection comme député de l’actuel, Dominique Tian, dans les bien à droite quartiers Sud. Et il aura son mot à dire sur tous les autres, à commencer par la présidence du conseil de territoire, échelon intermédiaire entre la mairie et la métropole qu’il dirige aussi. Guy Teissier, l’actuel président, compte bien faire valoir son soutien de longue date au vainqueur des primaires de droite François Fillon pour pousser un de ses proches à ce poste.
Marine Pustorino, maire du 4/5
Le plus précautionneux des parlementaires est sans doute le maire des 4e et 5e arrondissements. Bruno Gilles, qui estime qu’il faut être parlementaire pour continuer à diriger l’imposante fédération Les Républicains des Bouches-du-Rhône, restera sénateur et veut installer à son siège Marine Pustorino, déjà adjointe au maire et vice-présidente du département – un poste qu’elle pourra cumuler avec celui de maire de secteur sans trop de problèmes. Bruno Gilles devrait confirmer cette désignation à ses administrés lors de ses vœux, le 27 janvier.
Dans les autres secteurs, c’est plus flou. Samia Ghali devrait, selon plusieurs élus socialistes, préférer le Sénat mais ne s’exprime pas officiellement sur le sujet. Stéphane Ravier, après avoir renoncé aux législatives, maintient le suspense mais pourrait privilégier la mairie comme piste d’élan pour les municipales de 2020. Surtout, la succession à droite est compliquée dans les 11e et 12e arrondissements comme dans les 6e et 8e.
La filloniste Valérie Boyer ne fait pas l’unanimité
Dans le “11/12”, s’il ne fait aucun doute que Valérie Boyer préférerait un mandat de députée à celui de maire de secteur, on s’interroge encore sur l’avenir de l’actuelle patronne. “Si Fillon gagne, il y a des chances qu’elle soit nommée au gouvernement et alors, il n’y aura plus de succession à penser car la mairie de secteur est compatible avec un poste de ministre”, note un ponte de la Gaudinie. Cela n’a pas empêché Valérie Boyer de souffler il y a quelques mois le nom de son ancien assistant parlementaire devenu conseiller municipal, Julien Ravier.
Selon nos informations, la tentative a vite entraîné une levée de boucliers qui a fait comprendre à Valérie Boyer qu’elle n’aurait pas forcément gain de cause. “Elle sait que lors d’un vote à bulletins secrets, elle ne serait pas forcément majoritaire”, glisse un élu “boyer-compatible” du secteur. Alors, quelques ambitions se font jour. “Je ne suis candidat à rien mais je pense avoir une légitimité étant élu depuis 1995 dans le secteur”, explique ainsi l’élu départemental et municipal Maurice Rey (UDI), notoirement fâché avec Valérie Boyer. L’adjointe de Gaudin aux affaires sociales Sylvie Carrega ne dirait pas non non plus. “Dans le 11/12, il y a au moins dix courants”, souffle une élue du secteur pas candidate à un nouveau poste.
“Maire de secteur, ça ne fait plus rêver grand monde”
La pile de CV est bien moins haute plus au Sud, dans les 6e et 8e arrondissements de Marseille, ceux où sont élus Jean-Claude Gaudin et la présidente du département Martine Vassal, dont l’influence grandit chaque mois un peu plus. La victoire d’Yves Moraine est certes loin d’être acquise dans une circonscription conquise par le parti socialiste en 2012 et où un candidat UDI, Maurice Di Nocera et un Modem, Patrick Thévenin sont annoncés. Interrogé, Yves Moraine revient à la superstition avant d’avouer que lui-même ne voit pas qui acceptera le poste alors que la présidente d’Euroméditerranée Laure-Agnès Caradec n’est pas tentée. Ces temps-ci, le nom de Xavier Méry, directeur d’un établissement scolaire privé et adjoint au maire délégué à l’Exclusion, revient avec insistance. Mais l’homme reste inexpérimenté. “La loi permet désormais de piocher parmi les conseillers d’arrondissements, il ne faut pas écarter cette possibilité”, lâche même un proche du maire apportant ainsi une nouvelle preuve de l’embarras.
“La vérité, c’est que maire de secteur, ça ne fait plus rêver grand monde, assure un adjoint de Jean-Claude Gaudin. Maire de secteur, vous avez très peu de pouvoir, pas de budget mais les emmerdes, la propreté, les potelets, faut aimer ! Jusqu’à présent, c’était un tremplin et une assise pour un mandat parlementaire. Maintenant, ce n’est plus le cas et, en plus, vous allez devoir faire avec celui que vous remplacez qui sera toujours sur votre dos et voudra garder le contrôle”. Autant dire qu’entre réticences et bataille de chapelle, l’année risque vraiment d’être agitée.
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