Guérini sort la kala et arrose Vauzelle, Mennucci et Montebourg

« C’est avec délectation et un immense bonheur de me retrouver parmi vous« . Ce sont les premiers mots adressés par Jean-Noël Guérini aux 6 membres présents de la commission d’enquête sur le fonctionnement de la fédé des Bouches-du-Rhône, et à leur président l’ancien ministre Alain Richard, hier en fin de matinée. Une semaine après son camarade Montebourg, le président du CG13 était entendu rue de Solférino au siège du PS. Un JNG très combatif, qui est venu  avec dans ses valises 35 kg de documents, enfin personne ne les a pesées, et qui a tenu à répondre point par point aux attaques du rapport Montebourg.

Si il a bien été obligé de reconnaitre ici ou là quelques petites entorses aux règlements du PS, comme son titre de président de la fédé du PS en février 2010, dont il avoue lui-même aujourd’hui qu’il ne s’agissait que d’une présidence d’opérette, (« un titre honorifique qui ne signifiait rien de plus que l’expression de la volonté des militants de s’associer collectivement à la défense de nos idéaux et d’exprimer leur solidarité« , bon on n’avait pas compris ça à l’époque) ou son élection comme premier secrétaire fédéral, là aussi en violation des statuts de son parti (c’était bien entendu « provisoirement« , et ça aussi ça nous avait échappé sur le coup). Et surtout parce que la patrie était en danger « à une période où les premières attaques d’une droite revancharde sur fond de campagne de presse violente sévissait« . Les pleins pouvoirs pour JNG, comme De Gaulle le 2 juin 1958. Pour rester aimable dans les références historiques.

Porteurs de valise

Bon tout ça, c’est du passé. Guérini n’est plus ni président de la fédé, ni premier fédéral. Les liens avec le Conseil Général ? Pff, «  il est absolument faux d’affirmer que tout le système fédéral est construit autour de la domination du CG ». C’est d’ailleurs tellement vrai que ses porteurs de valises de 35 kg, qui ont accompagné leur chef jusqu’à son rendez-vous solférinien, en l’occurrence, Jean-David Ciot qui a remplacé JNG comme premier secrétaire par intérim est à son cabinet au CG, et Gilbert Gaudin son « spin-doctor », qui cherchait lui à se faire tout petit hier face aux caméras présentes devant le siège national du PS, est également le dir com du département.

Mais heureusement, Jean-David Ciot a annoncé qu’il démissionnerait lui-aussi prochainement de son job au conseil général. Sans doute avant le 30 mai disent quelques méchantes langues, qui savent que Ciot aimerait se présenter aux législatives en 2012, et qu’une loi votée récemment oblige tout membre du cabinet d’une collectivité locale de démissionner au plus tard 12 mois avant l’élection, si il souhaite y participer. Quand l’occasion fait le larron… Quant à Gilbert Gaudin, c’est en tant que militant socialiste qu’il a tenu à accompagner hier son patron à Paris. On espère en tout cas que c’est le PS qui a réglé le voyage.

Iago de l’Estaque

« Lire qu’un élu résistant aurait fait l’objet de menaces physiques et d’intimidations de la part d’un homme armé se présentant comme défenseur d’autres intérêts est une ineptie sans fondement emprunt d’un floklore marseillais ridicule« , poursuit JNG dans sa plaidoirie. Et là il joue sur du velours le malin JNG. Car Richard et ses commissaires, ils risquent d’avoir bien du mal à le trouver le fameux « élu résistant ».

Car même si tout le monde à Marseille murmure qu’il s’agirait d’Henri Jibrayel, qui vient récemment de changer de camp, comme le raconte ce matin le Nouvel Obs dans un terrible papier « la gorge profonde de Montebourg et les Guérini ». Un papier qui fait mal, très mal pour le Iago de l’Estaque, et qui explique comment après avoir chargé Guérini pendant des mois, JNG l’a retourné en lui offrant le poste de vice-président des Sports au CG, et redonné les clefs de sa voiture de fonction « aux vitres teintées« . C’est vrai qu’il avait l’air tellement heureux samedi soir au Stade de France dans la tribune présidentielle pour assister à la finale de la coupe de la Ligue. Ca valait bien le coup de balancer ses ex-camarades.

Tout ça contre   »des SMS et des enregistrements de conversation avec des opposants de JNG« , toujours selon le Nouvel Obs. François Bazin et Mathieu Croissandeau, les journalistes de l’hebdo racontent aussi la fameuse « scène à la Scorsese » , qui a vu la réconciliation publique en février à Allauch, entre Jibrayel et JNG avec l’accolade entre les 2 hommes  » Un parfum de grand pardon flotte dans le gymnase... » écrivent les journalistes, une scène que nous avions filmé à l’époque. Magnéto Martin :

On vous recommande également la truculente scène de l’avion, toujours dans le Nouvel Obs, qui elle tient plus de Pierre Richard que de Martin Scorcese.

Vauzelle ? « Distant ». Mennucci ? « Hautain »

Si sur le fond JNG a balayé sans surprise d’un revers de la main les accusations du Saint-Just bourguignon, en revanche sur la forme, il a tapé bien fort sur la tête de ses camarades socialistes Michel Vauzelle et Patrick Mennucci, afin de se défendre des accusations de ne pas avoir beaucoup aidé le premier lors de sa campagne l’an dernier pour sa réelection à la présidence du conseil régional Paca, dont le second était directeur de campagne . « L’attitude distante de la tête de liste ( Vauzelle ndlr) vis-à-vis des militants a été mal vécue, de même que le refus de recevoir des leaders nationaux ou l’absence totale du poing et de la rose sur les documents électoraux« . Pan pour l’ancien Garde des Sceaux de Mitterrand.

Quand à Mennucci, il est découpé façon puzzle : « l’attitude hautaine du directeur de campagne, homme à tout faire, composant les listes, écartant les soutiens, écrasant les camarades par sa prétention, sa suffisance et la soi-disant expérience acquise lors de la campagne présidentielle a été désastreuse ». Un Mennucci d’ailleurs désigné entre les lignes comme « co-auteur » du rapport Montebourg. Elle est pas belle la vie au PS marseillais ?

On souhaite en tout cas beaucoup de courage à Alain Richard et sa petite troupe lorsqu’ils descendront la semaine prochaine à Marseille pour entendre tout ce petit monde. Et comme disait Richard à Guérini et à Montebourg, et surtout pas un mot à la presse, Martine n’a pas envie qu’il y ait trop de vagues sur cette affaire. Et ben voilà, c’est réussi.