Guérini est "malade", Montebourg se moque des pieds nickelés du vieux-port et Copé lui propose une carte d'honneur de l'Ump. Tout va bien.

« Martine Aubry, je ne lui parle plus. La loi du silence se transporte rue de Solférino, c’est la guérinisation du PS, le PS va mourir de ça ». C’est ce que déclarait mardi soir dernier Arnaud Montebourg, lors d’un meeting à Rennes pour les cantonales, et suivi par nos confrères du point.fr. Au-même moment se tenait rue de Solférino à Paris, un bureau national du PS , qui devait être en partie consacré au Guérinigate. Une réunion où beaucoup d’observateurs s’attendaient à une foire d’empoigne entre les tenants d’une ligne dure contre le président du conseil général des Bouches-du-Rhône et ceux qui le soutiennent – « il va y avoir du sang sur les murs, ça va être chaud » nous glissaient-t-on ici ou là. En réalité, elle a largement fait pshittt et  Guérini est sorti indemne – si ce n’est renforcé – de la bataille à pétards mouillés de Solférino.

De toute façon, les principaux généraux socialistes s’étaient fait porter pâles. Aubry ? A Lille. Fabius ? En Chine. Même ceux qui avaient souhaité un peu sonner la charge ces derniers jours, comme Royal où Jean-Marc Ayrault, avaient déserté. Montebourg le premier ayant choisit de se réfugier en terre bretonne. Peur de la balle annoncée par le journaliste D’Arrigo la veille sur le plateau de C dans l’air ? « J’ai des pieds nickelés sur le Vieux-Port » répondait en rigolant le Saint-Just de Saône-et-Loire, toujours lors de son meeting de Rennes, et toujours selon lepoint.fr.

Seuls les Hollandais, représentés par Stéphane Le Foll, ont un peu envoyé du bois contre JNG. Demandant même sa démission de premier secrétaire fédéral du PS, ce cumul étant interdit, selon les statuts du parti, avec celui de président de conseil général. « Quand nous étions aux commandes du PS, avec François nous n’aurions jamais accepté cela« , indiquait l’ancien dir cab de Hollande, en arrachant simplement quelques sourires goguenards aux quelques rares camarades encore présents à ce bureau national. Un coup de sabre dans l’eau du mincio. Les second-couteaux du bureau national validèrent donc comme prévu, le principe d’une commission d’enquête sur la fédé 13, indépendante et impartiale. On peut leur faire confiance . Jean-David Ciot, le secrétaire délégué de la fédé baillait, et Mennucci était déjà dans son TGV de retour vers Marseille. Guérini 1, Montebourg 0.

Le lendemain, ragaillardi par ces nouvelles parisiennes, les spin-doctors de Guérini se mettaient au travail. Petite pression pour bien commencer la journée sur quelques médias pour leur demander de retirer les liens vers le rapport Montebourg, dont l’Express, ce qui a bien amusé son rédacteur en chef Eric Mettout « quand l’abus dépasse les bornes » . Une petite plainte en préparation du SDIS13 – les sapeurs-pompiers du département – contre les propos de José D’Arrigo sur France 5, comme le signale Canal Maritima.

Puis diffusion de belles photos tout sourire dans la provence, du raïs des bouches-du-rhône, bras-dessus, bras-dessous avec la courageuse Mama Gallédou, invitée à déjeuner au Paquebot bleu, à l’occasion de la journée de la femme. Et petite interview de JNG sur Europe 1 où il revient sur sa plainte contre Montebourg qui « le rend malade » :

Ce qui rend surtout malade ses spin-doctors et ses avocats c’est le risque du grand déballage. Montebourg ne s’en cachait pas non plus mardi soir à Rennes : « J’apporterai des preuves à la justice, je ferai citer des témoins » déclarait-il toujours selon lepoint.fr. Beaucoup de socialistes marseillais serrent aujourd’hui les fesses, et n’ont pas très envie de devoir répéter face à un officier de police judiciaire, ce qu’ils racontent depuis des mois à Montebourg. Plus inquiétant encore pour les guérini’s boys, selon le toujours très bien informé Xavier Monnier, fondateur du regretté  Bakchich et aujourd’hui pigiste de luxe pour les Inrocks , il existerait des enregistrements audio de la fameuse réunion du 17 mars dernier, où JNG aurait menacé tous ces camarades marseillais   »Je sais avec qui vous parlez, je sais quels journalistes vous voyez, je lis vos sms… ».
« Cette réunion je m’en rappelle , il y a même un enregistrement sonore, on s’y croirait » aurait glissé un élu socialiste marseillais à Monnier.

Comme il fallait s’y attendre, le « circulez y-a rien à voir » solférinien est en train d’ouvrir un boulevard à l’UMP. Car même si elle subissait elle-aussi hier les avanies de la justice, suite à la perquisition de ses locaux parisiens dans l’affaire Woerth-Bettencourt, le secretaire général Jean-François Coppé, préférait tapper fort hier soir, lors d’un meeting pour les cantonales à Marseille, sur Martine Aubry et ses amis. Gaudin lui, à son habitude, fit le job, mais sans jamais attaquer frontallement son ami Guérini, du grand art. De nos envoyés spéciaux Esther Griffe et Julien Vinzent :

En lieu et place du président du CG13, le maire de Marseille a même flingué Michel Pezet et Philippe San Marco, qui « veulent quitter le bateau », en leur ressortant l’affaire Urba, qui a éclaboussé le PS marseillais au tournant des années 80-90. De là à conclure qu’il n’y a aucun intérêt à virer Guérini puisque les putschistes ne vaudraient pas mieux, il n’y avait qu’un pas, qu’il n’était pas loin de franchir explicitement.

En bonus l’ancien prof d’histoire Gaudin sur l’affaire Urba, tweeté hier soir par Marsactu (à lire de bas en haut) :