Gros sous, logement, Delta festival : les dossiers chauds du conseil municipal
Marsactu a sélectionné les décisions à retenir du conseil municipal de Marseille de ce vendredi 18 octobre. Les discussions pendant cette séance devraient tourner autour des problématiques de logement, du rapport d'orientations budgétaires, de la création d'un prix prix Ibrahim Ali dans les écoles et de l'avenir du Delta festival.
Gros sous, logement, Delta festival : les dossiers chauds du conseil municipal
Ce 18 octobre 2024, les conseillers municipaux marseillais vont se pencher sur 143 rapports. Les débats promettent de tourner autour deux temps forts, à commencer par les questions budgétaires, avec l’approbation du débat sur le rapport d’orientations budgétaires (ou ROB, pour les intimes). Joël Canicave, adjoint au maire chargé des finances, souligne que la cure d’austérité imposée par le gouvernement Barnier va avoir des conséquences sur cette feuille de route budgétaire : “Le conseil municipal va être télescopé par le national”, prévient-il. Et il n’est “pas impossible” que les débats s’en ressentent. La droite, par la voix de Pierre Robin, du groupe Une volonté pour Marseille, balaye l’argument de la baisse des dotations de l’État : “Ces impacts réels sont utilisés comme alibi pour la non mise en œuvre de certaines choses qui étaient promises”, pique-t-il par avance. Comme rituellement, le ROB promet donc de générer quelques passes d’armes dans l’hémicycle.
L’autre temps fort aura trait aux questions de logement. Conventions partenariales pour la réhabilitation de l’habitat privé, accompagnement des personnes évacuées, lutte contre les marchands de sommeil… En tout, une quinzaine de délibérations se centreront sur ces points. L’approche de l’anniversaire de la catastrophe de la rue d’Aubagne n’y est pas étrangère. Et ce conseil municipal permettra, comme chaque automne depuis le 5 novembre 2018, de réaliser un point d’étape des avancées, plus ou moins sensibles, en la matière.
Entre ces deux gros morceaux, quelques délibérations devraient tirer leur épingle du jeu et voir les conseillers de la majorité municipale et ceux des oppositions croiser le fer. La création d’un prix Ibrahim Ali, venant sensibiliser les enfants des écoles publiques à la lutte contre le racisme, devrait entraîner des réactions dans les rangs de l’extrême droite — sans surprise.
Attention séquence logement
Chaque automne, les différentes collectivités du territoire mettent à leur ordre du jour des délibérations sur les questions de logement. Le Printemps marseillais, né dans les soubresauts politiques qui ont suivi les effondrements de la rue d’Aubagne, a fait de ce sujet un de ses marqueurs politiques. En début de conseil, on trouvera donc une série de rapports tous en lien avec cette thématique, et ce même si l’essentiel de cette politique est mené et financé par la métropole et l’État, via l’Agence nationale de l’habitat (Anah).
C’est le cas du rapport n°1, qui présente trois conventions partenariales d’objectifs et de financements d’opérations programmées d’amélioration de l’habitat (Opah), visant à aider les propriétaires privés à rénover leurs biens dans de larges périmètres de Noailles, la Belle de Mai et Hoche-Versailles. En dehors des îlots démonstrateurs pris en charge par la Société publique locale d’intérêt national (Spla-in), ces opérations qui mêlent l’incitation financière et les prescriptions plus coercitives seront le véritable levier de la réhabilitation de ces quartiers. En plus de cette délibération initiale, la Ville vote plusieurs autres mesures, notamment de financement des associations qui accompagnent les habitants face aux marchands de sommeil. Un autre rapport rappelle que le coût du relogement provisoire des personnes délogées, après des arrêtés de mise en sécurité, représente encore 2,3 millions en 2024.
Du nouveau à Docks libres 3
Dans les années 2000, la municipalité a fait pousser de nouveaux quartiers très denses à la place d’anciens hangars portuaires, à Saint-Mauront, face au parc Bellevue. Cette opération, baptisée Docks libres un et deux, est constitué d’immeubles de grande hauteur, mêlant logements sociaux et copropriétés privées. Un troisième périmètre de petits immeubles autour de l’usine Storione doit connaître une mutation complète.
La Ville renouvelle pour ce faire la convention qui la lie à l’établissement public foncier pour acquérir les terrains qui devront voir naître un nouveau quartier, face à la seconde partie du parc Bougainville, porté par Euroméditerranée. Ce projet financé par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) doit offrir une ville moins dense et plus apaisée que les îlots voisins des Docks libres.
Des orientations budgétaires conditionnées au contexte national
“La préparation du budget primitif 2025 est soumise, plus que jamais, à d’importantes incertitudes”, avertit le rapport d’orientations budgétaires (ROB) 2025, présenté ce 18 octobre en conseil municipal, alors que le gouvernement a annoncé une cure d’austérité. Si la Ville de Marseille indique poursuivre sa trajectoire en matière d’investissements, notamment pour les écoles, cette dynamique risque d’être contrariée par ce contexte économique national. “Ces éléments, ainsi que l’accélération des dépenses de fonctionnement restées dynamiques en 2024 (elles progresseraient encore de 7 %), font peser le risque d’une nouvelle contribution des collectivités locales au processus de redressement des comptes publics”, indique le rapport. Autre conséquence de ce constat : “En outre, l’augmentation du besoin de financement implique une hausse du recours à l’emprunt”, indique la municipalité. Onze rapports de garantie d’emprunt seront d’ailleurs votés durant le conseil.
“On ne va pas faire les catastrophistes, on continuera d’avoir un service public, traduit l’adjoint aux finances Joël Canicave, lors d’une conférence de presse mardi 15 octobre. Mais il nous appartiendra de faire des choix. Est-ce que c’est un gymnase qu’on ne rénove pas ou une piscine qu’on n’entretient pas ?” Au sein de la majorité municipale de Benoît Payan, on essaye tout de même de rassurer. “Il y a des choses sanctuarisées sur lesquelles on ne reviendra pas”, précise la maire adjointe Samia Ghali, qui cite notamment les crédits fléchés vers la rénovation urbaine et les écoles. “C’est incontestable que toutes les collectivités vont avoir des charges en plus et des recettes en moins”, reconnaît de son côté Pierre Robin, du groupe d’opposition de droite Une volonté pour Marseille. Il estime toutefois : “On va un avoir un débat sur ce sujet qui est réel, mais qui va être utilisé par la majorité. Tout ce qui ne sera pas fait dans les deux ans qui viennent ne pourra pas être imputé au projet de loi de finances (PLF) du gouvernement.”
Un nouvel Ehpad municipal social
La Ville de Marseille, par le biais de la Caisse centrale d’activités sociales (CCAS), a déposé une candidature pour la création d’un nouvel Ehpad de 88 places sur le territoire marseillais, comme l’autoriseront les élus en votant la délibération n°67. La municipalité répond à un appel à projet lancé par l’Agence régionale de santé (ARS) et le conseil départemental. La Ville souhaite construire cet Ehpad “prioritairement orienté sur l’accueil des personnes en situation de précarité” dans les locaux, aujourd’hui à l’abandon, de l’ancienne mission locale au 462, chemin de la Madrague-Ville (15e). “Aujourd’hui, beaucoup de Marseillais sont aidants de personnes vieillissantes qui ne peuvent pas aller dans des Ehpad privés, qui ne sont pas financièrement accessibles à tous”, explique la maire adjointe Samia Ghali. La municipalité espère ouvrir ce site d’ici à la fin du mandat.
Un prix Ibrahim Ali pour lutter contre le racisme
“C’est la première fois qu’on entre dans les écoles avec des sujets de vivre ensemble”, se satisfait Joël Canicave, adjoint aux finances et président du groupe Printemps marseillais, pour présenter cette initiative. Soit la création, dans les écoles publiques marseillaises, d’un prix Ibrahim Ali — du nom de ce jeune Marseillais abattu par des colleurs d’affiches du Front national en 1995. Il s’agit, explicite la délibération, de “garder la mémoire de ce terrible évènement” autant que de “sensibiliser les enfants à la lutte contre le racisme (…), les préjugés, les stéréotypes”. Ce parcours éducatif autour des discriminations, construit en partenariat avec l’Éducation nationale, “pourra prendre différentes formes : mise en scène théâtralisée, production écrite, création d’un jeu de société, production musicale ou toute autre forme hybride mêlant texte, images et sons”, recense le rapport soumis au vote.
Une subvention au Delta festival qui rouvre le débat sur son déménagement
Le Delta festival pourrait-il quitter Marseille ? C’est une question qui risque de se glisser au détour du vote d’une subvention de 20 000 euros à Delta France Associations pour l’organisation du Monde des Possibles. “Ça n’a rien à voir avec le Delta. Nous ne finançons pas un festival”, avertit toutefois la maire adjointe Samia Ghali. Selon le rapport, cette enveloppe vise une action qui concerne “15 jeunes entrepreneurs
français (dont un tiers de Marseillais) [qui] ont eu l’opportunité de se rendre en Tunisie, au Sénégal ou au
Maroc afin d’y rencontrer une trentaine de leurs homologues africains et de bénéficier d’un programme
d’échange”.
Mais, en parallèle de cette délibération, Samia Ghali a été interrogée par la presse au sujet du départ du Delta des plages du Prado, déjà évoqué pour l’édition 2023, mais finalement reportée, alors que la mairie avait promis de rendre le littoral aux Marseillais et reconnaît des problèmes de nuisances avec le festival. La maire adjointe a alors annoncé : “Nous sommes en train de travailler sur le fait de maintenir ou pas le festival sur ce site. Pourquoi pas prendre la décision que le Delta soit en dehors de Marseille ? Ce n’est pas une chose sur laquelle on est fermés”. La municipalité précise que sa décision sera prise avant la fin de l’année. Du côté d’Une volonté pour Marseille, on indique avoir été “choqués” par cette déclaration.
Coralie Bonnefoy, Benoît Gilles et Marie Lagache
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Pour le Delta Festival, je n’est pas du tout choquant de cesser d’accepter cet événement dans la commune : près d’un mois de fermeture d’une des plus grandes plages familiales de Marseille en plein été !, des kilomètres de grilles, des vacarmes et nuisances de camions incessants, des milliers de riverains impactés par le bruit, par une population interlope avinée tout autour du festival, 150000 personnes sur une plage, c’est évidemment et forcément très polluant. Dans tous les cas, ce sont le maire et des adjoints qui signent les autorisations, NE PAS SIGNER règle le problème, le reste c’est du BLABLA
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